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Toulouse : véritable chasse à l’homme

Une tuerie a eu lieu devant l’école juive Ozar Hatora à Toulouse ce lundi. Un professeur et trois jeunes enfants ont été tués. Nicolas Sarkozy a annoncé l’activation du plus haut niveau du plan Vigipirate prévu pour lutter contre le terrorisme, dans la région Midi-Pyrénées et « quelques départements limitrophes ». Une véritable chasse à l’homme s’est ouverte. Le point sur l’enquête.

Après ce qu’il avait plus tôt qualifié de « tragédie nationale », M. Sarkozy a confirmé ce qui ne faisait plus guère de doute: l’homme au scooter qui a vidé ses armes automatiques sur le rabbin Jonathan Sandler (30 ans), ses deux enfants Gabriel et Arieh (4 et 5 ans) et sur Myriam Monsonego (7 ans) est le même que celui qui a exécuté avec détermination un parachutiste le 11 mars à Toulouse et deux autres jeudi à Montauban.

Pour M. Sarkozy, comme pour la plupart des personnalités politiques française et pour une communauté juive choquée qui n’avait rien connu de tel depuis la rue des Rosiers en 1982 à Paris (6 morts et 22 blessés), la motivation antisémite est « évidente ».

L’auteur de cette tuerie, qui a suscité les condamnations internationales d’Israël à la Maison Blanche en passant par le Vatican, est désormais l’homme le plus recherché de France.

C’est la première fois que le degré maximal du plan Vigipirate est activé en France. C’est le niveau précédent, le rouge, qui est en vigueur depuis les attentats à Londres en juillet 2005 dans le pays. Un expert a expliqué à l’AFP que le niveau écarlate signifie « par exemple la fermeture d’une partie des réseaux de transport publics, des écoles ». Un tel niveau « ne peut évidemment pas être appliqué pendant une longue période » car « cela paralyse le pays ».

Sur la piste du tueur au scooter Le lien entre la tuerie devant l’école juive de ce lundi et les meurtres de militaires de Montauban et Toulouse est désormais établi. Même arme, même scooter, des milliers de policiers engagés dans une chasse à l’homme… Un seul ou plusieurs tireurs? Acte terroriste ou raciste? Le point sur l’enquête.

Ce lundi matin, un homme a ouvert le feu, à Toulouse, sur des personnes qui attendaient à un point de ramassage scolaire informel pour une école juive. Quatre d’entre elles ont été tuées, dont trois enfants. Un lycéen a également été gravement blessés. Le lien avec les meurtres des militaires, dimanche 11 mars à Toulouse puis, quatre jours plus tard à Montauban, est désormais établi.

Un seul et même tireur ?

La même arme de calibre 11.43 ainsi que le même scooter, un véhicule volé, ont été utilisés lors des trois séries de meurtres à Toulouse et Montauban. D’autres « similitudes », selon le terme utilisé par le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, avaient déjà poussé le procureur à se poser « très sérieusement la question d’un lien » entre cette tuerie et les deux assassinats des parachutistes à Toulouse et à Montauban. Ainsi, à chaque fois, le tueur apparaissait casqué, habillé de noir et fuyait en scooter. Une source proche de l’enquête avait ainsi affirmé: « Cela ressemble beaucoup (…). On est inquiets ».

La piste des néonazis

Les trois soldats morts sont d’origine maghrébine, le blessé est noir et la dernière fusillade visait des enfants de confession juive, soulevant la question d’un acte antisémite.

La piste d’anciens parachutistes néonazis est également soulevée par Le Point. Trois parachutistes du 17e RGP de Montauban – le même que celui dont sont issus les deux paras tués jeudi – sont activement recherchés par les enquêteurs. Ces derniers « proches de mouvements néonazis », ont été renvoyés en 2008 après s’être fait prendre en photo faisant le salut nazi derrière un drapeau à croix gammée. Ils avaient été dénoncés auprès de leur hiérarchie par Jamel Benserhir, un ancien militaire.

Le président de la Licra, Alain Jakubowicz, a quant à lui estimé ce lundi que, si « on ne sait pas véritablement quel est le mobile de ce drame (…) on pourrait légitimement avoir tendance à penser que c’est un acte antisémite », appelant à une « cohésion sociale » des Français autour de ce drame.

Un acte terroriste ?

La ressemblance entre ces tueries a conduit le parquet de Paris à centraliser, du fait de sa compétence antiterroriste, les trois enquêtes « diligentées pour des faits qualifiés d’assassinat et tentatives d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste », a déclaré François Molins, procureur de Paris.

La qualification « terroriste » de ces actes a été retenue en raison de l’impact de ces tueries, qui créent « un climat d’intimidation et de terreur », a précisé une source judiciaire.

Un tueur froid et organisé

Les motivations du tireur, qui porterait un tatouage ou une cicatrice sur la joue gauche selon un témoin, restent pour le moment mystérieuses. Mais les premières pistes circulent. A Montauban, selon des témoins, le tueur a écarté une personne âgée pour ne pas la blesser. Selon d’autres témoignages encore, il a retourné l’une des victimes qui rampait et lui a logé trois balles supplémentaires. Il s’est ensuite enfui en se désintéressant de l’argent retiré au distributeur par ses victimes. Et la victime de Toulouse et les trois soldats du 17e RGP de Montauban ne se connaissaient apparemment pas.

Quel est donc le mobile de ce tueur déterminé, qui ne rate pas sa cible et ose tuer en plein jour dans des quartiers fréquentés, laissant très peu d’indices derrière lui? Si ce n’est pas un professionnel, il prend de nombreuses précautions, notamment celle d’effacer toute empreinte ou trace ADN du chargeur de son pistolet automatique, « nettoyé », comme l’a relevé le ministre de l’Intérieur Claude Guéant sur l’affaire de Montauban.

La traque

Le tueur au scooter est devenu l’homme le plus recherché de France. Sa traque est la « priorité des priorités » et « l’objectif numéro un » des forces de l’ordre avec « obligation de résultats très rapides », selon des sources policières. Des milliers de policiers, des services centraux au renseignement intérieur en passant par les CRS, les brigades de gendarmerie ou encore la police judiciaire ont été mobilisés dans cette « gigantesque chasse à l’homme », selon une source policière précisant que « l’essentiel doit être la coordination et la remontée de toutes les informations, la plus petite soit-elle ».

Selon le Figaro, les cyberpoliciers de la Direction centrale de la PJ à Nanterre se sont également lancés dans une chasse par Internet. A Toulouse, le maréchal abattu le dimanche 11 mars avait rendez-vous avec son meurtrier pour lui vendre sa moto. Il avait en effet posté une annonce sur Le Bon Coin, auquel le tireur avait répondu. Reste, pour les enquêteurs, à remonter la piste. Car l’adresse IP pourrait les mener à l’ordinateur utilisé par le tueur. De là, des indices, comme les mails consultés et les recherches faites sur la machine, pourraient bien les mener jusqu’à lui.

Levif.be, avec Lexpress.fr

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