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Tireur de Paris: les délires complotistes d’Abdelhakim Dekhar, principal suspect

Le Vif

Dans une lettre, le principal suspect des fusillades de Libération, de BFM TV et de la Société Générale a expliqué avoir tenté de mettre fin à un « complot fasciste ». Retrouvé dans un état semi-conscient après une tentative de suicide, il devrait être entendu dans l’après-midi.

« Un complot fasciste. » C’est ainsi que, dans une lettre, Abdelhakim Dekhar, le tireur parisien présumé, a justifié son acte. S’il n’a pas précisément expliqué pourquoi il avait ciblé BFM TV et Libération, il a reproché aux médias de « participer à la manipulation des masses » en faisant « avaler à la petite cuillère » leurs informations au public. Que lui cache-t-il exactement selon lui? En vrac: « le capitalisme » – ce qui pourrait expliquer son geste contre la Société Générale – « la gestion des banlieues », « le printemps arabe », a indiqué ce lundi le procureur de Paris, François Molins, lors d’une conférence de presse.

Pour l’heure, l’homme n’a pas encore été entendu par la police. Il a été retrouvé « semi-conscient » dans un parking de Bois-Colombes après avoir ingéré des médicaments vraissemblablement pour mettre fin à ses jours. Placé en garde à vue pour « tentatives d’assassinat » et « enlèvement et séquestration », il a été emmené d’urgence à l’Hôtel-Dieu. Les auditions devraient débuter dans la journée. Mais son implication ne laisse guère de place au doute: ses empreintes ADN correspondent à celles retrouvées sur les douilles de BFM TV et dans la voiture de l’homme pris en otage.

Retrouvé grâce au témoignage d’un ami

L’enquête a pris un tournant décisif mercredi soir. La piste d’Abdelhakim Dekhar n’avait jusqu’alors pas été envisagée par les enquêteurs, concède le procureur de Paris. L’homme n’est pourtant pas un inconnu des services de police: il a été condamné en 1998 à quatre ans de prison pour association de malfaiteurs dans la très médiatique affaire Florence Rey-Audry Maupin. Mais aucune correspondance entre l’ADN retrouvé sur les scènes de crime et le fichier des empreintes nationales n’est établie. Et pour cause: en 1998, lorsque Dekhar sort de prison après avoir purgé quatre ans de détention préventive, le fichier vient d’être créé et ne recense que les infractions sexuelles.

C’est le témoignage d’un homme de 32 ans qui a mis les enquêteurs sur sa piste. Mercredi soir, il s’est présenté au commissariat de Courbevoie en affirmant connaître la personne sur la photo. « Ce témoin a immédiatement communiqué aux policiers l’endroit où se trouvait le tireur présumé », a expliqué le magistrat. Abdelhakim Dekhar et lui se sont rencontrés il y a treize ans à Londres: il était venu chercher du travail dans la capitale anglaise et le suspect, « gérant d’un restaurant collectif » l’avait aidé dans ses démarches. Depuis, il a accueilli à plusieurs reprises Dekhar lorsqu’il venait en France. Il est notamment resté chez lui de juillet au 10 novembre.

Où se trouve l’arme des crimes?

Pourquoi ne l’a-t-il pas alors dénoncé plus tôt? En vacances à l’étranger toute la semaine, il n’a pris connaissance de l’affaire que lundi soir, à son retour. Le lendemain soir, il le croise dans le hall de son immeuble et lui dit qu’il ne veut plus l’héberger. Dekhar reconnaît alors les faits et lui fait part de son intention de se suicider. Il n’ira le dénoncer que quelques heures plus tard.

Mais plusieurs inconnus demeurent, à commencer par l’endroit où se trouve l’arme. Les policiers n’ont trouvé à côté de Dekhar que ses lunettes et des boîtes de médicaments. Le fusil et les vêtements que portait le tireur le jour des fusillades restent introuvables. Des expertises psychiatriques vont également être menées pour tenter de comprendre les raisons de son geste. Lors de l’affaire Rey-Maupin, des experts avaient déjà déceler « des tendances affabulatoires » chez Dekhar.

Caroline Politi

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