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Syrie : où est Bachar el-Assad ?

On disait Bachar el-Assad à Lattaquié, peut-être blessé. Mais les spéculations alimentées par le silence du président syrien vont bon train après l’attentat de mercredi contre son cercle rapproché.

La question est sur toutes les lèvres. Alors que la Syrie est en proie à une aggravation de la situation militaire et politique ce vendredi, personne n’est en mesure de savoir où se trouve Bachar el-Assad.
Le président syrien a gardé le silence depuis l’attentat de mercredi. Sa seule intervention a été la nomination d’un nouveau ministre de la Défense après la mort du titulaire du poste, dans l’attaque qui a décapité l’appareil sécuritaire du régime. Reuters le dit à Lattaquié, d’où il commanderait la riposte.

« Selon nos informations, il est dans son palais de Lattaquié et il pourrait y rester plusieurs jours », assure un haut responsable de l’opposition préférant garder l’anonymat. Mais ces sources sont invérifiables et l’envoyé spécial de Libérationdans la région affirme, lui, n’avoir aucune information sur cette éventuelle fuite. Le Figaro assure de son côté qu’il serait encore dans son bureau de la capitale…

Le palais de Lattaquié se situe sur les hauteurs dominant la ville, principal port de Syrie. La province est un fief de la minorité alaouite, la branche du chiisme à laquelle appartient Bachar al-Assad et son clan.

Le plan B d’el-Assad

Si la présence d’Assad dans la province se confirme, ceci accréditerait la thèse du « plan B » du président qui voudrait que tout le clan Assad puisse se replier, en cas de danger, sur la côté ouest du pays. Avec pour unique objectif: créer « un Etat alaouite dans l’Etat ». L’idée serait donc de faire fuir les Sunnites de l’Ouest du pays, en intensifiant la répression, et ainsi pouvoir installer un pouvoir alaouite. Une hypothèse déjà envisagée par des sources proches du pouvoir, des diplomates mais aussi des experts de la région ces dernières semaines.

Qu’il soit toujours à Damas ou au palais de Lattaquié, le coup porté par l »opposition semble avoir frappé de plein fouet le régime. A tel point que l’ambassadeur de Russie en France, Alexandre Orlov a reconnu ce vendredi qu’il serait « difficile pour lui de rester après tout ce qui s’est passé ». « Le droit de décider du sort du président de la République syrienne n’appartient qu’à lui-même et au peuple syrien », a ensuite assuré l’ambassade de Russie.

Le président est devenu discret depuis le début de la révolte, en mars 2011. Il n’a prononcé que six discours et n’a accordé que quelques interviews à la télévision syrienne et à des chaînes et journaux étrangers. Le dernier remonte au 2 juin, durant lequel il a assuré vouloir en finir avec la révolte qu’il assimile à du « terrorisme ». Une discrétion entretenue par les médias syriens, qui ne diffusent toujours pas d’images de l’attentat de Damas de mercredi, d’ordinaires plus prompts à diffuser celles d’autres attaques.

Sophie Malherbe, L’Express.fr

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