
Syrie: L’émissaire de l’ONU admet son échec à bâtir un Comité constitutionnel avant fin 2018
L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a reconnu jeudi devant le Conseil de sécurité, son échec à former avant la fin de l’année un Comité constitutionnel chargé d’élaborer une nouvelle Constitution pour la Syrie.
« Nous avons presque achevé le travail pour mettre en place » ce Comité « mais il y a encore du chemin à parcourir », a-t-il dit, en évoquant des problèmes avec des changements proposés par la Syrie sur une liste de noms. Selon le plan de l’ONU, le Comité constitutionnel doit comprendre 150 membres: 50 choisis par le pouvoir, 50 par l’opposition et 50 par l’émissaire de l’ONU afin d’insérer dans la réflexion des experts et des représentants de la société civile. Damas a bloqué cette dernière liste et récemment proposé, avec le soutien de la Russie, l’Iran et la Turquie, « 17 changements de nom », selon un diplomate s’exprimant sous couvert d’anonymat. L’ONU a rejeté cette liste qui déséquilibre, selon elle, l’ensemble du Comité. L’ONU n’accepte que « six changements », a précisé la même source.
« Je regrette profondément ce qui n’a pas pu être atteint », a ajouté Staffan de Mistura, un diplomate italo-suédois qui doit laisser sa place dans les prochains jours, après plus de quatre ans de mission pour l’ONU, à un diplomate norvégien, Geir Pedersen. « Nous avons identifié et mis en place un socle sur lequel peut être bâti la suite. Mon successeur possède toutes les compétences et la capacité pour travailler » à ce sujet, a estimé l’émissaire de l’ONU.
« Après avoir examiné les noms, les Nations unies ont estimé que nous ne serions pas à l’aise » pour leur donner l’imprimatur de l’ONU alors qu’ils ne correspondent pas « aux critères de crédibilité et d’équilibre nécessaires – d’où la nécessité de faire un effort supplémentaire ». La liste proposée « nécessite une révision », a précisé Staffan de Mistura, qui travaille depuis près d’un an sur ce Comité constitutionnel. « Il y a un progrès réel, nous avons presque la liste, les règles de procédure sont un peu plus claires mais nous avons encore du chemin à faire ». Pour sa dernière apparition devant le Conseil de sécurité, l’émissaire a tenu à la fin de son discours à aller saluer un par un tous les ambassadeurs présents, y compris ceux représentant la Syrie et l’Iran, qui l’ont ensuite applaudi. Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a déjà fait plus de 360.000 morts, tandis que plus de la moitié de la population a été déplacée ou a dû quitter le pays.