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Syrie: Alep sans eau, les Européens silencieux

Privés d’eau depuis dix jours, les habitants de la grande ville syrienne appellent à l’aide. Et s’indignent.

Condamner une ville entière en la privant d’eau ? C’est, semble-t-il, la stratégie utilisée par les rebelles du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, qui ont stoppé depuis une dizaine de jours la principale station de pompage d’Alep, une ville qui compterait encore 2 millions d’habitants. Les coupures d’eau affecteraient principalement les quartiers aux mains du régime.

Aussi les frères maristes (catholiques) d’Alep ont-ils demandé au pape François d’intervenir auprès de toutes les instances internationales afin que l’eau revienne à Alep. « Il n’est pas possible qu’une population soit punie parce qu’elle n’a fait de choix ni pour l’un pour l’autre (camp, ndlr) », a déclaré le frère George Sabe, rapporte l’AFP. La population en est réduite à tirer l’eau de puits creusés à la hâte, mais loin d’être suffisants.

Excédés, les habitants crient leur indignation : « Nous, citoyens d’Alep qui n’avons jamais voulu choisir entre le gouvernement et la soi-disant opposition, nous demandons instamment aux ‘rebelles’ de quitter la ville et de nous laisser en paix », peut-on lire dans une lettre ouverte signée par Issa Touma, un artiste arménien qui réside dans la mégapole. « Vous n’avez aucune stratégie et c’est nous qui en payons le prix, ajoute-t-il. Ce n’est pas la liberté que vous apportez, mais la désolation. »

Jusqu’à présent, les Européens n’ont pas encore réagi à cette lente asphyxie de la ville, peut-être par crainte de donner du crédit au régime qui continue à bombarder les zones rebelles. Cette apathie fait bondir Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France, dans une tribune publiée par Mediapart: « L’opposition prétendument pacifique que soutiennent nos dirigeants et leurs amis islamistes de Turquie, d’Arabie et du Qatar a longtemps réussi à faire illusion et à escamoter son écrasante responsabilité dans le bilan de la guerre en Syrie », dénonce-t-il. D’après des chiffres officieux, le conflit aurait déjà provoqué la mort de 150.000 Syriens.

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