Deir Ezzor. © Reuters

Sous pression en Irak et en Syrie, l’EI perd sa dernière grande ville

Le Vif

Le groupe Etat islamique (EI) a perdu toutes les grandes villes sous son contrôle en Irak et en Syrie après la reprise par l’armée syrienne de Deir Ezzor, et les jihadistes cédaient encore du terrain vendredi dans leur dernier réduit irakien.

Retranchés dans une zone à cheval entre l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak, les combattants de l’EI font face à des offensives des deux côtés de la frontière.

Vendredi, les forces irakiennes ont annoncé les avoir chassés d’un important poste-frontière, Husseiba, reliant l’Irak à la Syrie dans cette région.

Un nouveau coup dur pour l’organisation ultraradicale, qui vient tout juste de perdre jeudi la ville de Deir Ezzor, dans l’est de la Syrie, face à l’armée du régime syrien, soutenue par ses alliés russe et iranien.

La ville « était le siège principal des dirigeants de l’organisation. En perdant son contrôle, ils perdent leur capacité à diriger des opérations terroristes menées par leurs hommes », s’est félicité le haut-commandement de l’armée syrienne dans un communiqué.

‘Phase finale’

« Deir Ezzor représente la phase finale dans l’élimination totale de » l’EI, a-t-il ajouté.

L’EI s’était emparé de la quasi-totalité de Deir Ezzor et de sa province riche en pétrole en 2014, profitant du chaos engendré par la guerre en Syrie, déclenchée en 2011 avec la répression de manifestations prodémocratie par le régime.

Un journaliste collaborant avec l’AFP a constaté jeudi l’ampleur des dégâts dans les quartiers de Deir Ezzor récemment repris aux jihadistes: des immeubles se sont écroulés, des façades ont explosé.

Les tranchées creusées par les jihadistes sont encore visibles. Vendredi, des unités d’ingénierie au sein de l’armée s’employaient à désamorcer les mines et autres engins explosifs laissés par les combattants de l’EI, selon la télévision d’Etat syrienne.

Ces derniers mois, l’EI a subi revers après revers en Syrie et en Irak voisin.

Au fil des batailles, les jihadistes ont été chassés de toutes les grandes villes qu’ils avaient conquises: notamment par les forces irakiennes à Mossoul (nord de l’Irak) en juillet, et par une coalition kurdo-arabe soutenue par Washington à Raqa en Syrie, au mois d’octobre.

Le groupe qui avait proclamé en 2014 un « califat » sur une zone vaste comme l’Italie, entre Irak et Syrie, a vu son territoire se réduire comme peau de chagrin.

Les jihadistes sont maintenant principalement retranchés dans une zone largement désertique à la frontière entre l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak, le long de la vallée de l’Euphrate, qui chevauche ces deux pays.

Pris en étau

Ils y sont pris en étau entre d’une part le régime et l’alliance arabo-kurde dans l’est de la Syrie et d’autre part les forces irakiennes dans l’ouest de l’Irak.

En Syrie, le groupe ultraradical ne tient plus aujourd’hui qu’un peu plus de 35% de la province de Deir Ezzor et s’est retranché dans une ville de moindre importance, Boukamal, à la frontière irakienne. Les forces du régime syrien sont désormais à 40 km de cette cité.

L’EI contrôle aussi quelques villages et localités et au moins un champ pétrolier dans la Syrie en guerre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

En Irak, les forces irakiennes ont annoncé être entrées vendredi dans al-Qaïm, gros bourg du désert au coeur du dernier bastion de l’EI dans ce pays et avoir délogé l’organisation d’un poste-frontière clé.

Tôt le matin, l’artillerie et l’aviation irakiennes, ainsi que les avions de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, ont pilonné des positions jihadistes à al-Qaïm, à une dizaine de kilomètres de la Syrie.

Ensuite, des unités de l’armée et du contre-terrorisme « ont entamé l’assaut sur le centre d’al-Qaïm », a affirmé à l’AFP le général Nomane al-Zobaï, commandant de la 7e division de l’armée irakienne, présent sur place.

Les forces irakiennes ont pris le contrôle de plusieurs secteurs d’Al-Qaïm et « poursuivent leur avancée », a annoncé plus tard dans un communiqué le général Abdelamir Yarallah, chef du commandement conjoint des opérations (JOC), qui coordonne la lutte anti-EI en Irak.

Les unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi ont affirmé que les jihadistes avaient « incendié des maisons de civils » dans un des quartiers « pour brouiller la visibilité des avions ».

En outre, a ajouté le Hachd, « de nombreux jihadistes fuient vers Boukamal en Syrie avec leurs familles ».

Selon la coalition internationale antijihadistes, environ 1.500 combattants de l’EI sont encore présents dans cette zone désertique entre l’Irak et la Syrie, qui devrait être le théâtre de la « dernière grande bataille » contre le groupe responsable d’attentats meurtriers dans ces pays et le reste du monde.

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