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Reynders : « Ce que Kabila m’a dit »

« Si Tshisekedi ne veut voir personne, c’est son problème », estime Didier Reynders, le chef de la diplomatie belge, au terme de sa mission à Kinshasa.

En quelques instants, la route défoncée qui relie Kinshasa à l’aéroport de Ndjili s’est transformée en fleuve de boue, en calvaire marécageux. C’est, en effet, sous les éclairs et les trombes d’eau que s’est achevée, mercredi soir, la visite controversée de Didier Reynders dans la capitale congolaise. Mais la rencontre entre le chef de la diplomatie belge et le président réélu Joseph Kabila, qui s’est tenue au terme du séjour, aura été nettement plus sereine que le ciel kinois.

La crise post-électorale au Congo, qui s’éternise ? « Le président Kabila m’a fait comprendre qu’il voulait aller vite, rassure Reynders. A l’entame de son second mandat, il a tout en mains pour ouvrir le débat démocratique. Kabila a l’intention de dialoguer avec l’ensemble des élus qui vont siéger à l’Assemblée nationale. Lui et moi sommes sur la même longueur d’onde : les élections provinciales et locales prévues ces prochains mois doivent se préparer majorité présidentielle et opposition ensemble. Le président m’a dit lui-même que ces élections devaient se dérouler dans de meilleures conditions que celles qui viennent d’avoir lieu. La Belgique a prévu un budget de 3 millions d’euros pour ces scrutins, mais les sommes ne seront libérées que si les progrès sont constatés, en particulier une réforme de la commission électorale indépendante et un réel contrôle des élections étendu à la période de compilation des résultats. »

L’attitude de l’UDPS, le parti d’Etienne Tshisekedi, qui pratique la politique de la chaise vide ? « Je ne comprends pas le boycott de l’UDPS. Si Tshisekedi ne veut voir personne, c’est son problème. Je n’ai pas à me prononcer sur les dissensions internes d’un parti. Mais deux élus de l’UDPS ont, malgré l’interdit de ce parti, accepté de me rencontrer à Kinshasa. Et, surtout, 37 ou 38 élus de l’UDPS sur 41, soit la quasi-totalité, ont bien l’intention de siéger au Parlement dès la prochaine séance plénière. Ce n’est donc pas une petite dissidence ! Le fils et la soeur de Tshisekedi n’en font bien sûr pas partie. » L’avenir politique de la RDC ? « On sort d’une période de transition, estime Reynders. Les politiciens qui occupaient déjà la scène dans les années 1980 s’en vont peu à peu. Les prochaines élections verront émerger une nouvelle génération politique, qui a mon âge ou est même plus jeune que moi, et qui réfléchit à moyen et long terme. »

Le formateur Charles Mwando Simba termine à peine ses rencontres avec les nombreux partis politiques de la majorité et de l’opposition, un Premier ministre n’a pas encore été nommé, l’Assemblée nationale n’a pas commencé ses travaux… Fallait-il venir à Kinshasa face à tant d’incertitudes ? Reynders assure que ce voyage tombait « à un très bon moment », qu’il « a pu constater la volonté de très nombreux élus, opposition comprise, de participer à un projet de gouvernement. »

Olivier Rogeau, à Kinshasa

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