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Réélu président, Giorgio Napolitano peut-il sorti l’Italie de la crise politique ?

Le Vif

Le président sortant, Giorgio Napolitano, a été élu pour un second mandat, alors que l’élection tournait au psychodrame. L’Italie traverse une violente crise politique depuis les élections législatives de fin février.

Le président italien sortant Giorgio Napolitano, 87 ans, appelé à la rescousse par un parlement dans l’impasse, a été réélu samedi, à la fureur du contestataire Beppe Grillo qui a crié au « coup d’Etat » et appelé à une « mobilisation populaire ».

L’élection à une très large majorité de cet ancien communiste qui fêtera ses 88 ans en juin a été accueillie par une longue ovation debout de la majorité des « grands électeurs ».

Selon le résultat définitif communiqué par la présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, M. Napolitano a obtenu 738 voix tandis que M. Rodotà en a recueilli 217.

Mme Boldrini et le président du Sénat doivent se rendre dans la soirée au Quirinal, siège de la présidence, pour communiquer officiellement à M. Napolitano sa réélection.

Ce dernier prêtera serment devant le Parlement lundi à 15h GMT et ce moment sera marqué par une salve de 21 coups de canon, selon la tradition.

Beppe Grillo parle de « coup d’Etat »

« Aujourd’hui est une journée importante pour notre République. Je remercie le président Giorgio Napolitano pour son sens du devoir et sa générosité personnelle et politique qui lui a fait accepter de poursuivre son engagement dans un contexte aussi difficile et incertain », a aussitôt réagi le chef de la droite Silvio Berlusconi.

A l’opposé, l’ex-humoriste Beppe Grillo, chef du Mouvement cinq étoiles (M5S), a estimé que les dirigeants des partis politiques traditionnels étaient « disposés à tout pour empêcher le changement ». « Ils sont désespérés. Un coup d’Etat est en cours », a-t-il écrit sur son blog pendant que ses partisans, rassemblés devant la Chambre des députés à Rome, hurlaient « Bouffons, bouffons! », « Honte! », tout en scandant le nom de leur candidat, le constitutionnaliste Stefano Rodotà.

Ce dernier s’est toutefois dissocié de ces manifestations, soulignant « être contraire à une quelconque marche sur Rome ».

Napolitano ne voulait pas se présenter

M. Napolitano, qui n’avait cessé de répéter son souhait de ne pas se présenter en raison de son âge avancé et aussi de la volonté de changement exprimée par les électeurs, a finalement cédé à la pression des responsables politiques, incapables de lui trouver un successeur après cinq tours de scrutin.

« Je considère qu’il est de mon devoir d’offrir la disponibilité qui m’a été demandée », avait expliqué Giorgio Napolitano, figure respectée du paysage politique italien.

Dans la matinée, de Pier Luigi Bersani (gauche) à Silvio Berlusconi (droite) en passant par le chef du gouvernement sortant Mario Monti, tous étaient venus le presser de se représenter.

Car l’Italie, troisième économie de la zone euro, n’a cessé de s’enfoncer dans la crise politique depuis les élections législatives de fin février qui n’ont dégagé aucune majorité claire. « La République est suspendue au-dessus du vide », titrait samedi le Corriere della Sera, premier quotidien de la péninsule.

Cette fois-ci, « les rencontres ont permis de faire émerger une large convergence » des forces politiques en faveur de M. Napolitano, a souligné M. Bersani, chef du Parti démocrate (PD).

Ce dernier avait échoué lors des précédents scrutins à faire élire ses propres candidats, dont l’ex-président de la Commission européenne, Romano Prodi, à qui il a manqué une centaine de voix de son propre camp.

Cet échec cinglant a entraîné un véritable séisme au sein de la gauche.

« Eviter à tout prix de nouvelles élections »

M. Bersani a annoncé sa démission, de même que la présidente du PD, Rosy Bindi, tandis que M. Prodi retirait sa candidature face à la trahison des membres de son propre parti.

« Le seul conseil que nous pouvons donner au PD (…) est d’éviter à tout prix de nouvelles élections (…) car ce serait un jeu d’enfant » pour ses adversaires « de se partager les restes d’un parti orienté avec ténacité vers un suicide politique collectif », écrivait samedi le directeur du journal Il Fatto Quotidiano Antonio Padellaro.

La tâche du président est lourde. Les élections législatives de fin février ont débouché sur une équation insoluble avec la gauche qui a la majorité absolue à la Chambre des députés mais pas au Sénat, divisé en trois blocs de forces qui se neutralisent mutuellement: la gauche, la droite berlusconienne et le M5S.

Cette situation contraint le pays à aller de l’avant avec un gouvernement démissionnaire depuis quatre mois et sans perspective claire dans un proche avenir.

La Commission européenne a félicité M. Napolitano. « Votre réélection intervient à un moment décisif pour le processus d’intégration, qui requiert une grande sérénité, du courage et de la prévoyance de la part des gouvernements nationaux et des institutions européennes », a déclaré dans un communiqué le président de la Commission, José Manuel Barroso.

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