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RDC : le M23, une rébellion qui a déstabilisé toute la région du Kivu

La rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), un petit groupe de militaires mutins agissant au nord de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a déstabilisé toute la région du Kivu, permettant à plusieurs groupes armés d’agir.

Ce mouvement, constitué officiellement par des mutins proches du général radié des Forces armées de la RDC (FARDC) Bosco Ntaganda, que la CPI voulait juger pour des crimes de guerre commis auparavant, a conquis une bonne partie du Nord-Kivu aidé, selon les Nations unies, par le Rwanda. Kigali a démenti soutenir la rébellion.

Depuis près d’un mois, le M23 n’a pas avancé ni reculé, d’après des témoins militaires ou civils. Ses hommes sont à une vingtaine de kilomètres au nord de Goma, la capitale provinciale. Dans la zone qu’ils contrôlent, ils perçoivent des taxes et tentent d’implanter une administration, ce que dénonce vigoureusement le gouvernement de Kinshasa.

La force des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) a implanté deux postes d’observation aux portes de Goma, à Kibati et Mugunga, dans la zone du M23, afin de surveiller un éventuel mouvement vers la ville.

Le porte-parole de la Monusco, Madnodje Mounoubaï, a évoqué il y a deux semaines une « ligne rouge » à propos des positions actuelles, laissant entendre que les Nations unies pourraient intervenir si elles estimaient que les populations réfugiées à Goma sont en danger.

Sur ce secteur, proche des frontières rwandaise et ougandaise, les forces en présence sont, selon une source occidentale, composée d’un millier d’hommes côté M23 et de plusieurs milliers côté forces armées régulières. Celles-ci continuent de se renforcer et sont représentées par les régiments les plus aguerris, formés notamment par des instructeurs belges et sud-africains, précise-t-on de même source.

Dans le reste de la région, malgré la présence « dissuasive » d’une dizaine de milliers d’hommes de la Monusco, de nombreux petits affrontements se sont produits au cours des dernières semaines entre miliciens locaux maï maï et bandes armées, des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), notamment.

Les FDLR sont un mouvement hutu rwandais qui compte d’anciens militaires rwandais et des extrémistes ayant pris part au génocide de 1994 au Rwanda, réfugiés depuis dans les collines de l’est de la RDC.

Les uns veulent profiter du vide militaire créé par la percée du M23 et le recul des FARDC, et les autres, instrumentalisés par le M23 selon leurs ennemis, cherchent à occuper du terrain.

Les bandes locales Maï Maï, qui frappent l’imagination car elles font appel à des croyances animistes telles que l’eau sacrée qui protègerait des balles ou une coupe de cheveux qui rendrait invincible, ont ainsi été libres d’agir en fonction de leurs possibilités et de leurs alliances.

A Walikale, ville minière située au nord-ouest de Goma, occupée par les Maï Maï Raïa Mutomboki (« citoyens en colère » en langue lingala) fin juillet, les forces régulières ont repris l’initiative et regagné la plus grande partie du terrain, a affirmé mercredi à l’AFP le porte-parole de l’ONU dans le Nord-Kivu.

En fin de semaine dernière, 11 personnes ont été tuées dans des combats entre un groupe Maï Maï appelé Force de défense congolaise (FDC) et une milice hutu baptisée Nyatura, lors de l’attaque du village de Ngululu, dans la même région, avait constaté l’AFP.

Dans le Sud-Kivu, où l’environnement sécuritaire est qualifié par l’ONU de « volatile et imprévisible », un autre groupe de Maï Maï, les Yakutumba, a été accroché le 13 août par les FARDC, qui ont fait treize tués dans leurs rangs et ont perdu eux-mêmes 5 soldats, selon l’ONU.

Le « redéploiement tactique » des FARDC vers le Nord-Kivu « a créé un vide sécuritaire qui a favorisé la recrudescence des activités des FDLR et des Maï Maï », a reconnu l’ONU mercredi lors de sa conférence de presse hebdomadaire.

L’enjeu est d’éviter la chute du Goma, prélude en 1996 et 1998 à deux guerres régionales, essentiellement motivés par la richesse du sous-sol de la région. Les responsables militaires ou les chefs de bande contrôlant à chaque occasion des zones minières d’où sont extraits de l’or, de la cassitérite ou du coltan.

Le Vif.be, avec Belga

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