Rapa Iti, l’île qui rêvait d’un autre monde (En images)
Rapa Iti, petit bout de terre situé en Polynésie française, ne compte que quelques centaines d’habitants. Leur isolement géographique induit un mode de vie loin de la mondialisation, qui invite à réfléchir au fonctionnement des sociétés occidentales et à ses limites. Par Paul Béjannin.
Il existe, à l’autre bout de la planète, une île d’une quarantaine de kilomètres carrés où la terre appartient à tous. Un lieu où l’on se nourrit de ce qu’offre la nature, de la chasse et de la pêche, dont le produit est partagé équitablement. Ici, l’argent a peu d’importance mais personne n’a faim ni ne couche dehors.
Ce lieu, c’est Rapa Iti, une des îles habitées les plus méridionales du globe, située à 1 200 kilomètres de Tahiti et à 16 300 kilomètres de Paris. Appartenant à l’archipel des Australes, en Polynésie française, ce confetti perdu en plein Pacifique est encore largement préservé des influences extérieures et de la mondialisation, en grande partie grâce à son éloignement géographique. En outre, le relief tourmenté de cet ancien cratère volcanique empêche qu’on y construise un aérodrome ; les rares liaisons se font donc par mer. Toutes les six semaines, au mieux, un cargo mixte ravitaille Rapa.
C’est également là l’unique moyen de s’y rendre ou d’en repartir. L’île ne possédant pas d’écoles secondaires, ce bateau devient même le principal » transport scolaire » pour les enfants de 10 ans et plus. A cet âge, ils quittent Rapa Iti, souvent pour la première fois de leur vie, afin de poursuivre leurs études en internat, à 700 kilomètres de leur famille. Ils y resteront jusqu’en troisième année, avant de devoir ensuite s’inscrire au lycée à Papeete, à 1 200 kilomètres de leur île. Ils rentrent alors chez eux trois à quatre fois par an, pour les vacances, après une traversée maritime de plusieurs jours.
A mille lieues du nôtre, le mode de vie des 512 habitants de Rapa Iti, leur solidarité et leur respect de l’environnement sont autant d’invitations à réfléchir au fonctionnement et au rythme toujours plus fous des sociétés occidentales.
Une fois par mois, les habitants de Rapa Iti organisent un banquet. Les hommes partent alors à la chasse aux boeufs. L’île en compte environ huit cents, en liberté.
Martin et Hélène ont toujours vécu à Rapa Iti. Chaque jour, ils se rendent ensemble aux champs de taro, un tubercule à la base de la plupart des plats locaux.
Située dans l’archipel des Australes, Rapa Iti a été découverte en 1791 par George Vancouver. Elle n’est accessible que par la mer et l’île habitée la plus proche est à 500 kilomètres, soit deux jours de bateau.
Lorsque la pêche a été bonne et après la prière traditionnelle, Teana et son grand frère Tehapai font le tour de la baie et distribuent du poisson à leur famille, à leurs amis et à la cantine scolaire.
A Rapa Iti, on marie régulièrement plusieurs couples en même temps.
Un terrain de sport sert d’aire de jeux principale aux plus jeunes enfants de l’île qui, la majeure partie de l’année, sont seuls avec les adultes. Dès 10 ans, ils quittent Rapa pour étudier sur l’île de Tubuai à 700 kilomètres de là.
Il n’y a pas de médecin sur l’île. Xavier et Tiphanie, un couple d’infirmiers arrivés ici il y a trois ans, se chargent de soigner blessures et maladies.
Lorsque le bateau arrive, toute l’île est en effervescence. C’est un véritable événement : le retour des proches après des mois d’absence, la livraison de carburant, de nourriture… ou encore d’alcool et de cigarettes.
La religion est un des piliers de la vie des Rapas et on trouve un temple dans chacun des deux villages. Les offices ont lieu parfois d’un côté, parfois de l’autre, et un bateau de la mairie permet aux fidèles de se déplacer entre les deux endroits.
Le maire s’est longtemps battu pour cette station essence qui tient dans un container. Le stockage en bidons chez les habitants était trop dangereux.
Dès la fin des primaires, les enfants sont scolarisés à des centaines de kilomètres de leur île. Ils rentrent chez eux trois à quatre fois par an, pour les vacances.
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