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Qui est Virginia Raggi, première femme à s’emparer de la mairie de Rome?

Le Vif

Virginia Raggi, première femme élue maire de Rome, est une avocate de 37 ans, nouvelle figure montante du Mouvement 5 étoiles (M5S), ambitieuse formation populiste et anti-partis.

Totalement inconnue du grand public il y a encore quelques mois, y compris à Rome, cette élégante femme brune s’est pourtant imposée triomphalement dimanche.

Née à Rome, elle est entrée en politique il y a seulement cinq ans, séduite par le discours radical du M5S, qui s’est juré d’en finir, comme tant d’autres en Europe, avec la classe politique traditionnelle.

Et celle-ci est particulièrement discréditée à Rome, où l’ancien maire de centre-gauche a été poussé avec fracas à la démission fin 2015 après une affaire de fausses notes de frais.

C’est la naissance de son fils Matteo qui l’a convaincue qu’elle ne pouvait rester sans rien faire face à l’état de dégradation de la capitale, qui exaspère les près de trois millions de Romains, a-t-elle raconté dans un entretien avec l’AFP.

Eloquente et opiniâtre –

Elue au conseil municipal en 2013, cette spécialiste de la propriété intellectuelle se fait vite remarquer pour son éloquence et son opiniâtreté.

De sa jeunesse dans le quartier de Saint-Jean de Latran, Virginia Raggi raconte qu’elle était surtout studieuse.

« J’étais une jeune fille curieuse, intéressée par beaucoup de choses, mais toujours très concentrée sur ses objectifs, comme je le suis du reste aujourd’hui. En fait, la détermination ne m’a jamais manqué », expliquet-elle sur son site internet.

Elle dit aussi aimer la montagne, skier, nager et faire de la plongée sous-marine. Un accident l’a poussée à laisser sa moto au garage et c’est à vélo qu’elle se déplace maintenant, dans une ville où elle veut voir beaucoup plus de pistes cyclables.

En vue des élections municipales, elle remporte en début d’année les primaires, organisées sur internet conformément à la philosophie du M5S, et peu à peu les Romains découvrent le visage de cette brune aux yeux noirs, sur les affiches dans les couloirs du métro ou sur les bus. D’autant plus qu’ils ont le temps pour cela, face à des transports publics qu’ils jugent obsolètes et surtout rarement à l’heure.

C’est sur cette exaspération, après 20 ans d’immobilisme, de corruption et d’incurie administrative, que Virginia Raggi a construit son succès.

Elle devra désormais faire la preuve de sa compétence dans une ville en plein désarroi, criblée de dettes et réputée ingérable.

Ce défi s’annonce de taille, y compris pour le M5S, un mouvement créé en 2009 qui joue aussi à Rome sa crédibilité alors qu’il ambitionne de gouverner un jour tout le pays.

Maire de Rome, elle devient de fait la nouvelle figure montante de ce mouvement avec lequel son créateur, l’humoriste Beppe Grillo, a décidé de prendre quelque distance.

La froideur souvent affichée par cette juriste, diplômée de l’université de Rome, lors de la campagne électorale ne l’a pas desservie auprès des Romains.

Lors d’un débat télévisé entre les cinq principaux candidats à Rome, Virginia Raggi, le regard noir et le visage dur, avait subi sans sourciller les attaques de ses adversaires, avant de se radoucir et de lancer: « Si vous voulez que rien ne change, votez pour eux ».

Elle devra aussi convaincre de sa réelle autonomie face à un mouvement souvent accusé d’opacité et où le staff de Beppe Grillo a des pouvoirs étendus.

Comme tous les candidats du M5S, elle a signé un code de bonne conduite qui l’oblige à demander l’autorisation à ce staff à chaque nomination de ses collaborateurs et à le consulter pour chaque acte administratif important.

« Mieux vaut avoir quatre ou six yeux que deux pour mieux contrôler (…) mais je serai pleinement autonome », a-t-elle néanmoins assuré pendant la campagne.

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