Martin Selmayr. © ISOPIX

Qui est Martin Selmayr, le « Monstre du Berlaymont » ?

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Soupçonné de fuites dans la presse sur le Brexit, le chef de cabinet de Jean-Claude Juncker ne fait pas l’unanimité. Portrait de celui qui pourrait bien être l’homme le plus influent d’Europe.

Martin Selmayr est le chef de cabinet du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Il a été accusé cette semaine d’être à l’origine de fuites dans la presse sur un dîner entre Theresa May et Jean-Claude Juncker. Selon le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, la Première ministre britannique a demandé à Juncker son aide dans les négociations, insistant sur l’immense risque politique qu’elle avait pris chez elle en rejetant l’idée d’un Brexit « dur » et en demandant une période de transition de deux ans après le départ du Royaume-Uni de l’UE, prévu pour le 29 mars 2019.

Cet article ne révèle pas sa source et précise qu’elle est apparue « torturée », « craintive » et « découragée » pendant ce dîner. Selmayr a démenti via un tweet les informations publiées. Mais ce n’est pas la première fois qu’il est soupçonné d’être à l’origine de fuites dans la presse, notamment sur l’épineux sujet du Brexit.

https://twitter.com/MartinSelmayr/status/922347332531900416Martin Selmayrhttps://twitter.com/MartinSelmayr

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L’homme « de l’ombre »

Surnommé « le Monstre du Berlaymont » ou encore le « Raspoutine de Bruxelles », l’Allemand a la réputation d’un homme redoutable et est considéré comme l’une des personnes les plus influentes de la démocratie européenne. Une image dont il a parfaitement conscience et qui ne le vexe pas forcément : « Si vous regardez l’histoire de Raspoutine, cela peut être à la fois flatteur ou non (…) Si ça signifie qu’il y a un manager efficace, quelqu’un qui n’est pas une poule mouillée, ça me va. On ne peut pas diriger la Commission européenne comme une école Montessori ».

L’ancien ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble plaisantait d’ailleurs à son sujet : « Savez-vous la différence entre Selmayr et Dieu ? Dieu sait qu’il n’est pas Selmayr ». En tant que chef du cabinet du président de la Commission européenne, il est considéré comme « l’homme de l’ombre », ce qui lui confère un certain pouvoir, notamment sur des dossiers importants comme la sortie du Royaume-Uni de l’UE, la dette de la Grèce ou encore la migration.

Européen convaincu

Martin Selmayr connait par coeur les rouages de la bureaucratie européenne. Diplômé en droit, l’homme de 46 ans a travaillé durant deux ans pour la Banque centrale européenne (BCE). C’est en 2004 qu’il approche la Commission européenne, où il remplira plusieurs rôles (porte-parole, chef de cabinet, conseiller).

Jean-Claude Juncker, Michel Barnier et Martin Selmayr.
Jean-Claude Juncker, Michel Barnier et Martin Selmayr.© ISOPIX

Dix ans plus tard, il devient le directeur de campagne de Jean-Claude Juncker lorsque ce dernier se déclare candidat à la tête de la Commission européenne. Il dirigera ensuite son équipe de transition avant d’être son chef de cabinet lors de sa prise de fonction. Membre de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU), le parti d’Angela Merkel, on le dit proche de plusieurs hauts responsables du parti.

Très impliqué dans son travail, « il croit aussi dur comme fer au projet européen et a pris le Brexit de manière personnelle », confie une source au Telegraph.

Crainte et méfiance

Ses pairs n’ont pas confiance en lui, tandis que ses subordonnés le craignent. Plusieurs personnes haut placées dans la Commission auraient déjà démissionné, à cause de sa manière des gérer les affaires internes de l’institution, notamment en imposant les vues de son président.

« C’est normal qu’une fois au pouvoir, vous ayez des ennemis. Le problème avec Martin, c’est qu’il n’a pas d’amis. Cela veut dire qu’il a peut-être été trop loin », analyse un haut fonctionnaire de l’UE cité par Politico. Le principal intéressé est d’ailleurs le premier à admettre qu’il n’est pas là pour se faire des amis. Seule l’opinion de son patron compte : « Le président a beaucoup de pouvoir. Mon pouvoir est inexistant. Il ne vient que de ce que le président m’apprend », confie-t-il à Politico.

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