joe Biden
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Quel accueil les Saoudiens réserveront-ils à Joe Biden ?

Le Vif

Le ton de la visite du président américain Joe Biden cette semaine en Arabie saoudite devrait être donné dès son arrivée sur le tarmac de l’aéroport, où ses prédécesseurs ont reçu des accueils sensiblement différents.

L’accueil réservé aux dirigeants américains dans le royaume a changé ces dernières années au gré des relations, parfois houleuses, entre les deux pays.

Embrassades pour George W. Bush

George W. Bush a attendu la dernière année de son mandat pour se rendre dans le royaume, mais il y a été à deux reprises en l’espace de quatre mois, plaidant en faveur d’une hausse de la production de pétrole.  En mai 2008, le dirigeant républicain avait été chaleureusement accueilli sur le tarmac par le roi Abdallah, oubliant les tensions qui avaient émaillé leur rencontre en 2002.

Celui qui était encore alors prince héritier avait menacé en 2022 de quitter le ranch texan des Bush en raison de désaccords sur le conflit israélo-palestinien.  Mais à l’aéroport en 2008, les deux hommes se sont embrassés, selon la tradition arabe, tandis qu’une fanfare militaire jouait l’hymne national américain.   Les dirigeants saoudiens ont néanmoins refusé de céder sur le pétrole considérant, comme aujourd’hui, que la flambée des prix n’était pas liée aux fondamentaux du marché.  

Déclassement d’Obama

Un an plus tard, le président Barack Obama, tout juste entré en fonction, a fait une escale à Ryad avant un discours très médiatisé au Caire, visant à réhabiliter l’image de Washington dans le monde musulman après les années Bush.  Lui aussi a eu droit à embrassades et hymne national. 

Son objectif était de sonder les dirigeants du royaume, qui abrite les principaux lieux saints de l’islam, avant de réorienter l’engagement américain dans la région. L’élu démocrate cherchait aussi à établir une stratégie pour contrer le programme nucléaire iranien et pousser vers une normalisation des relations entre les pays arabes et Israël, affirme Dan Shapiro, du cercle de réflexion Atlantic Council, membre à l’époque du Conseil national de sécurité.  Sur les relations avec Israël, le roi « Abdallah n’était pas réceptif », ajoute-t-il.   L’accord de 2015 sur le nucléaire iranien a nettement refroidi les relations entre la monarchie pétrolière du Golfe et les Etats-Unis. 

En 2016, lors de la dernière visite d’Obama, le roi Salmane, qui a succédé à son frère décédé un an un plus tôt, ne s’est pas déplacé à l’aéroport. Le président américain a été accueilli par le gouverneur de Ryad, loin des médias.

Nouvel ère avec Trump

Son successeur, en revanche, a été reçu en grande pompe l’année suivante.  Pour son premier voyage officiel à l’étranger, la famille de Donald Trump a eu droit à des cadeaux, une danse de l’épée et même un défilé de l’armée de l’air.  « L’accueil réservé à Donald Trump est probablement le plus chaleureux de tous », estime Bruce Riedel, auteur du livre « Rois et présidents » sur les liens américano-saoudiens.   

Les relations se sont néanmoins dégradées par la suite, les Saoudiens reprochant notamment à Washington sa réaction timide aux attaques des rebelles yéménites, soutenus par l’Iran, contre des installations pétrolières saoudiennes en 2019.   Les dirigeants du royaume sont toutefois restés « proches » de l’entourage de l’ancien président, notamment son gendre Jared Kushner, ajoute Bruce Riedel. 

Accueil chaleureux pour Biden ? 

Pour Joe Biden, le roi Salmane pourrait faire le déplacement à l’aéroport. Agé de 86 ans, le monarque saoudien a passé une grande partie de la pandémie du Covid-19 dans un isolement relatif et a déjà été hospitalisé deux fois cette année. La Maison Blanche a affirmé que le président américain, âgé de 79 ans, rencontrerait le prince héritier, Mohammed ben Salmane dans le cadre d’une discussion plus large avec les dirigeants du royaume. 

Pour Bruce Riedel, « MBS » pourrait toutefois faire partie du « comité d’accueil », les Saoudiens cherchant à présenter cette visite comme une « validation du prince héritier ».  Après l’assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi, Joe Biden avait promis de réduire la monarchie au rang de « paria » , et déclassifié un rapport concluant que le prince héritier avait « validé » ce meurtre.

Mais cela ne devrait pas l’empêcher d’être chaleureusement accueilli dans le royaume, estime Mohammed Alyahya, de l’Institut Hudson, à Washington. « Les Saoudiens savent que l’Amérique traverse une période très confuse. Parfois, on entend des choses irrationnelles qui n’ont pas de sens. Mais il y a des intérêts plus grands et plus importants en jeu », dit-il.

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