(Photo by Herve Lequeux / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP)

Moscou accuse l’Ukraine de la posséder: qu’est-ce qu’une « bombe sale »?

La Russie a affirmé ce lundi que l’Ukraine était entrée « dans la phase finale » de la fabrication de sa « bombe sale », une affirmation que Moscou brandit depuis dimanche et qui est fermement rejetée par  Kiev et ses alliés occidentaux. Mais que signifie ce terme? Explications.

La Russie a réitéré ce lundi ses accusations contre l’Ukraine en assurant qu’elle était entrée « dans la phase finale » de la fabrication d’une « bombe sale », des allégations balayées par Kiev qui a invité les experts internationaux à venir inspecter ses installations. Moscou a évoqué pour la première fois ces accusations ce dimanche lors de conversations téléphoniques entre le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou et ses homologues américain, français, britannique et turc.

La « bombe sale » que Moscou accuse l’Ukraine de vouloir faire exploser sur son propre sol n’est pas une bombe nucléaire mais une bombe conventionnelle entourée de matériaux radioactifs destinés à être disséminés sous forme de poussière au moment de l’explosion. « Si la Russie dit que l’Ukraine serait en train de préparer quelque chose, cela signifie une seule chose : la Russie a déjà préparé tout cela », a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, accusant Moscou d’ainsi chercher à justifier une escalade du conflit.

Le terme de « bombe sale », aussi appelée « dispositif de dispersion radiologique » (DDR), désigne plus généralement tout engin détonant disséminant un ou plusieurs produits chimiquement ou biologiquement toxiques (NRBC – nucléaire, radiologique, biologique ou chimique). Ce type de bombe n’est pas considéré comme une arme atomique, dont l’explosion résulte de la fission (bombe A) ou de la fusion (bombe H) nucléaires et provoque d’immenses destructions dans un vaste rayon. La fabrication d’une bombe atomique requiert de recourir à des technologies complexes d’enrichissement d’uranium.

Beaucoup moins complexe à confectionner, la « bombe sale » emploie quant à elle un explosif conventionnel et a pour but principal de contaminer une zone géographique et les personnes qui s’y trouvent à la fois par des radiations directes et par l’ingestion ou l’inhalation de matériaux radioactifs.

Arme de perturbation

« Une bombe sale n’est pas une arme de destruction massive mais une arme de perturbation massive qui vise principalement à contaminer et faire peur », résume la Commission de régulation nucléaire américaine (U.S NRC). Le principal danger d’une « bombe sale » provient de l’explosion et non de la radiation. Seules les personnes très proches du site de déflagration seraient exposées à des rayonnements suffisants pour causer une maladie grave immédiate. 

Cependant, la poussière et la fumée radioactives peuvent se propager plus loin et présenter un danger pour la santé en cas d’inhalation de la poussière ou d’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés.

Les matériaux radioactifs nécessaires à la fabrication d’un tel engin explosif sont utilisés dans les hôpitaux, les établissements de recherche, les sites industriels ou militaires. « Les substances radioactives provenant des installations de stockage de combustible nucléaire utilisées dans la centrale nucléaire (ukrainienne) de Tchernobyl peuvent être utilisées » pour fabriquer une bombe sale, a fait valoir ce lundi dans un communiqué le général russe Igor Kirillov, chargé au sein de l’armée russe des substances radioactives, des produits chimiques et biologiques.

En mars 2016, la cellule terroriste responsable des attentats à la bombe de Bruxelles avait prévu la fabrication d’une « bombe sale » radioactive après une surveillance vidéo par deux des kamikazes d’un « expert nucléaire » belge.

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