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Procès Carlton de Lille: « Jade a tout réinventé »

Me Frédérique Baulieu, l’un des trois avocats de Dominique Strauss-Kahn, aussi connu sous les initiales DSK, a pris la parole en premier, mercredi matin, premier jour consacré aux plaidoiries de la défense dans le cadre du procès dit du Carlton de Lille.

Bien que le procureur de la République ait requis la relaxe de DSK mardi, les avocats de l’ancien patron du FMI prendront la parole durant toute la matinée. Me Baulieu fut la première, elle a rendu hommage aux prostituées impliquées dans cette affaire.

Me Frédérique Baulieu a rappelé que le nom de DSK « cité dans une affaire de proxénétisme à Lille » était apparu le 16 octobre 2011 dans la presse dominicale, alors que DSK était en France depuis un mois et demi et qu’il tentait de se remettre de l’affaire du Sofitel qui avait éclaté en mai. Interpellé le 21 février 2012, DSK avait été inculpé un mois plus tard.

« Il a fallu trois ans d’instruction avec des investigations invraisemblables pour aboutir à un non-lieu et un réquisitoire de relaxe », raconte l’avocate pénaliste. Me Baulieu retient les qualificatifs durs utilisés pour décrire son client durant trois semaines de procès.

« Un avocat de la partie civile a dit qu’il bénéficierait d’une relaxe mais beaucoup ne seront pas dupes. Cela suffit ces anathèmes! », s’est insurgée l’avocate qui a aussi noté les mensonges de Jade, une prostituée qui accuse DSK de l’avoir forcée à une relation sexuelle. « J’ai beaucoup d’estime pour cette femme qui a décidé de vaincre tout cela mais aussi beaucoup d’incompréhension devant cette volonté de dire des choses qui ne sont pas vraies. J’ai aussi beaucoup de colère pour ce qu’on a fait à Jade lors de cette instruction ».

Selon Me Baulieu, celle qui a eu une seule relation avec DSK sur quatre rencontres a tout réinventé, « car elle a été victime des multiples interrogatoires où elle était LA prostituée et de la médiatisation qui a entouré cette affaire ».

L’avocate a cité d’autre prostituées impliquées dans ce dossier: Mounia, « cette autre vie fracassée qui souffre d’un traumatisme à la suite de la médiatisation de cette affaire », Béatrice Legrain, « que de mépris pour cette femme durant l’instruction » a-t-elle commenté, Hélène la « petite amie libertine de Florence qui n’a été recrutée par personne mais qui a été qualifiée de prostituée », Estelle « qui pensait être la seule à être payée », Marianne « qui avait de la classe selon un policier qui l’a accompagnée à Washington ».

L’avocat note enfin que la justice française a mis beaucoup de moyens, notamment dans les mises sur écoute, dans cette affaire alors qu’elle doit se serrer la ceinture. « La manière dont les SMS ont été instrumentalisés est déloyale. On n’est pas loin d’une manipulation d’un dossier qui ne devait pas être », poursuit l’avocate qui estime que le droit a été dénié notamment sur l’enquête autour de la garçonnière qu’avait DSK à la rue d’Iena à Paris.

« Seules deux jeunes femmes sont allées dans cet appartement. C’est bien de faire des développements sauf que cet appartement n’a jamais été utilisé dans la période de la prévention et que DSK ne le détenait pas pour organiser des parties fines. »

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