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Près d’un enfant sur cinq vit dans une zone de conflit

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Près d’un enfant sur cinq (18%) vit dans des zones touchées par les conflits armés et les guerres, selon un nouveau rapport de l’ONG Save The Children. En tout, pas moins de 420 millions d’enfants vivaient dans des zones touchées par des conflits en 2017. C’est 30 millions de plus que l’année précédente. Jamais ils n’avaient été aussi nombreux au cours des 20 dernières années.

Le rapport définit les enfants affectés comme étant ceux qui vivent dans un rayon de 50 km de l’endroit où un ou plusieurs conflits ont eu lieu dans l’année écoulée, au sein des frontières d’un pays.

Les nourrissons en première ligne

Plus de 100.000 bébés meurent chaque année des suites d’un conflit armé. Selon l’ONG, au moins 550.000 nourrissons ont ainsi succombé entre 2013 et 2017 dans les dix pays les plus touchés par des guerres, en raison de la faim, du manque d’hygiène et de soins de santé, ou encore par refus d’aide. Le nombre des morts passe même à 870.000, si on inclut tous les enfants de moins de cinq ans. L’organisation précise que ce drame est peut-être sous-évalué. En comparaison, environ 175.000 combattants auraient péri sur la même période dans les pays étudiés (Afghanistan, Yémen, Soudan du Sud, République centrafricaine, RDC, Syrie, Irak, Mali, Nigeria et Somalie).

Selon le rapport, l’une des raisons pour lesquelles le nombre d’enfants vivant dans les zones de guerre a augmenté est que la guerre moderne a modifié les lignes d’engagement, les combats entre populations civiles dans les zones urbaines devenant plus courants et les règles internationales étant largement ignorées. Ces enfants ne seraient probablement pas morts s’ils n’avaient pas vécu dans des zones touchées par le conflit, précise l’ONG.

Pris pour cibles

Les violations graves commises contre les enfants sont passées d’un peu moins de 10.000 en 2010 à 25.000 en 2017, chiffre le plus élevé jamais enregistré selon les Nations Unies. Ces actes comprennent le fait d’être tués, mutilés, recrutés ou enlevés par de groupes armés. Dans nombre de ces cas, les enfants sont spécifiquement pris pour cibles.

Un médecin examine un enfant à Sanaa au Yémen
Un médecin examine un enfant à Sanaa au Yémen © REUTERS

Les conclusions du rapport démontrent que « la façon dont les guerres d’aujourd’hui sont menées cause encore plus de souffrances aux enfants », explique Carolyn Miles, présidente et directrice générale de Save The Children. « Notre analyse montre clairement que la situation s’aggrave pour les enfants et que le monde permet que cette mascarade se produise. Chaque jour, des enfants sont attaqués parce des groupes armés et des forces militaires ne respectent pas les lois et les traités internationaux. De l’utilisation d’armes chimiques au viol comme arme, les crimes de guerre sont commis en toute impunité », commente-t-elle.

Rôle de la communauté internationale

L’ONG Save The Children formule plus de 20 recommandations sur la meilleure manière de protéger les enfants contre les violations du droit humanitaire et des droits de l’Homme. Elle demande notamment qu’un organe indépendant enquête sur ces violations. Parmi les recommandations à l’intention des gouvernements et des groupes armés, l’ONG appelle les belligérants à s’engager à ne pas recruter de combattants de moins de 18 ans ainsi qu’à éviter d’utiliser des armes explosives dans les zones habitées.

« Lorsque les règles de guerre ne sont pas respectées, la communauté internationale doit être claire sur le fait que cela ne sera pas toléré et demander des comptes aux auteurs de ces actes. Et pour les enfants dont la vie est détruite par le conflit, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les protéger de tout nouveau mal et les aider à reconstruire leur avenir », conclut Miles.

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