Mouammar Kadhafi et Vladimir Poutine en 2008 © Getty

« Poutine est terrifié à l’idée de finir comme Kadhafi »

Erik Raspoet Journaliste Knack

Pendant qu’il travaille à ne pas être oublié par les livres d’histoire, Vladimir Poutine réfléchit à sa retraite politique. Sa peur de se retrouver contre le mur – ou pire – est profonde.

La santé mentale de Vladimir Poutine fait l’objet de nombreuses spéculations. On dit que le président russe est obsédé par sa propre fin de règne. Sinon pour quelle raison adopterait-il ce comportement destructeur ? L’étrange mise en scène des réunions avec ses plus hauts conseillers en matière de sécurité semble indiquer une paranoïa. Voilà un leader qui se méfie et qui terrorise même son entourage immédiat.

Cela rappelle involontairement la manière dont le plus illustre prédécesseur de Poutine a rendu son dernier souffle. Victime d’une attaque cérébrale, Joseph Staline est resté allongé sur le sol dans une mare d’urine pendant une journée avant qu’on appelle un médecin. Personne n’osait entrer dans la pièce de peur d’être tenu responsable de la mort de Staline. Mais il existe, selon l’historien américano-russe Yuri Felshtisnky, un scénario plus récent qui hante Poutine : la mort atroce de Mouammar Kadhafi pendant le printemps arabe. Le dirigeant libyen a été intercepté par des rebelles enragés en octobre 2011 lors d’une tentative désespérée de fuite près de Syrte. Les images étaient choquantes. L’orgueilleux, autrefois chef suprême de la perpétuelle révolution libyenne, a été sodomisé à la baïonnette par la foule, puis battu à mort. Pour Felshtisnky, le cauchemar ultime de Poutine est d’être renversé par un soulèvement populaire.

Un peloton d’exécution

Si c’est vrai, alors Nicolae et Elena Ceausescu hantent sans doute régulièrement ses cauchemars. Alors que dans d’autres pays d’Europe de l’Est, la chute du communisme s’est faite sans violence, en Roumanie, elle a été sanglante. Le soulèvement populaire qui a coûté la vie à plus d’un millier de personnes s’est terminé après une semaine d’enfer par l’arrestation du dictateur en fuite et de son épouse. Les images de leur procès spectacle humiliant et de leur exécution conjointe en décembre 1989 ont fait le tour du monde comme un sinistre avertissement du caractère éphémère du pouvoir absolu.

En décembre 2006, le dictateur irakien Saddam Hussein n’a pas fini devant un peloton d’exécution, mais au gibet. Les candidats bourreaux se tenaient prêts et, finalement, trois proches de victimes de la terreur de Saddam ont été choisis pour exécuter la sentence de mort. La défenestration avait déjà eu lieu lors de son arrestation devant la presse mondiale dans un bunker primitif près de Tikrit. Le dictateur, surnommé le Boucher de Bagdad suite à son extraordinaire cruauté, s’était déguisé en mendiant en haillons.

D’autres potentats s’en sont mieux sortis. Des cas africains célèbres tels que le président ougandais Idi Amin, l’empereur centrafricain Jean-Bédel Bokassa et le président élu du Zaïre Mobutu Sese Seko ont passé leur retraite politique dans un exil luxueux. Le dictateur chilien Augusto Pinochet a pu rester dans son pays après le retour pacifique à la démocratie en 1990. Il avait été assez intelligent pour s’accorder à l’avance l’immunité pour les milliers de morts causés par son règne de terreur. Une mesure similaire a été prise lors de la révision de la constitution russe en 2020, permettant à Vladimir Poutine de rester au pouvoir jusqu’en 2036. Il faut reconnaître qu’il est prévoyant.

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