Donald Trump menace le gouvernement d’une opération militaire. L’ONG Portes ouvertes prône l’action humanitaire et la justice.
Le Nigeria figure en septième place dans l’Index mondial de persécution 2025 de l’ONG humanitaire chrétienne évangélique interconfessionnelle Portes ouvertes. Le sort des chrétiens dans le plus peuplé des pays africains pose donc légitimement question. Une diatribe de Donald Trump et deux attaques ciblant des chrétiens en une semaine ont remis cet enjeu au-devant de l’actualité. Mais sans doute pas dans les termes les plus adéquats.
Dans la nuit du 20 au 21 novembre, 303 élèves de l’école catholique mixte de St. Mary à Papiri, dans l’Etat du Niger au nord-ouest du Nigeria, ont été enlevés par des individus non identifiés. Le 19 novembre, 29 fidèles d’une église pentecôtiste de la ville d’Ekuru, dans l’Etat de Kwara, étaient eux aussi victimes d’un rapt en plein office. Deux jours plus tôt, une autre école était prise pour cible: 25 étudiantes étaient enlevées au sein de la Government Girls Comprehensive School de la localité de Maga, dans l’Etat de Kebbi. Ces dernières victimes sont musulmanes. De quoi situer la complexité de ces actes, tous situés dans le nord-ouest du pays.
Le sort des chrétiens dans le plus peuplé des pays africains pose légitimement question.
Alors que les attaques de civils dans le nord-est du Nigeria relèvent principalement de la guerre que les groupes djihadistes de Boko Haram et de son rival de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest ont déclarée contre le gouvernement d’Abuja, l’origine de celles opérées dans le nord-ouest du pays est plus incertaine. Elles peuvent émaner de Boko Haram, qui cherche à étendre son influence, comme de gangs criminels motivés par une finalité pécuniaire et non par des considérations religieuses. La prudence est donc requise avant de caractériser avec certitude ces attaques. En toute hypothèse, elles fragilisent le président Bola Tinubu, un musulman, en fonction depuis fin mai 2023.
Elles surviennent en effet après que Donald Trump a décidé, le 31 octobre, d’inscrire le Nigeria sur la liste américaine des pays «particulièrement préoccupants» en matière de liberté religieuse. Le lendemain, il menaçait le pays d’une intervention militaire parce que, selon lui, «le christianisme y est confronté à une menace existentielle». A l’appui de son avertissement, le président américain rappelait que sur les 4.476 chrétiens morts dans le monde entre le 1er octobre 2023 et le 30 septembre 2024, 3.100 l’avaient été au Nigeria. Cette statistique a été établie par l’organisation Portes Ouvertes qui a peu apprécié l’utilisation qui en avait été faite par Donald Trump. «Plutôt que des débats sur un « génocide » (NDLR: thèse des milieux chrétiens conservateurs proches de l’Amérique Maga) ou des menaces d’interventions militaires, les victimes ont avant tout besoin d’une aide humanitaire à la hauteur de leur détresse» et que la communauté internationale enquête sur les crimes commis, a insisté l’ONG dans un communiqué le 3 novembre. De même, plutôt que d’incriminer le gouvernement accusé de «continuer à tolérer les meurtres de chrétiens», Donald Trump serait plus avisé de le soutenir dans sa lutte contre les djihadistes.