© AFP/Miguel Riopa

Portugal: finalement aucun Canadair ne s’est écrasé, selon la protection civile

Le Vif

Aucun avion « au service de la lutte contre les incendies » ne s’est écrasé mardi au Portugal, a déclaré dans la soirée le commandant régional de la protection civile Vitor Vaz Pinto, revenant ainsi sur une information donnée par son agence quelques heures auparavant.

Un porte-parole de la protection civile avait annoncé vers 17h00 (16h00 GMT) la chute d’un Canadair dans la région de Pedrogao Grande, près du village d’Ouzenda, où les pompiers luttent depuis samedi contre un gigantesque incendie qui a fait 64 morts.

« Je suis en mesure d’affirmer qu’aucun avion affrété par l’autorité de la protection civile (…) ou en opération sur le territoire national n’est tombé », a déclaré le responsable lors d’une conférence de presse au poste de commandement d’Avelar (centre).

Interrogé, il n’a pas écarté la possibilité de la chute d’un autre avion de type civil ou privé ne faisant pas partie des moyens de lutte anti-incendie. « Je ne confirme ni infirme qu’un avion civil soit tombé », a-t-il souligné.

Evoquant la possibilité de l’existence d’un autre événement qui aurait pu induire en erreur les autorités, il a évoqué la présence de bouteilles de gaz dans la zone concernée. « Il y avait sur place une roulotte abandonnée avec des bouteilles de gaz. Une bouteille de gaz aurait explosé, et c’est cette explosion qui aurait pu prêter à confusion », a-t-il expliqué.

Onze avions de lutte anti-incendie, dont des Canadair, ont été dépêchés depuis dimanche par l’Espagne (six), la France (trois) et l’Italie (deux). Le Portugal a affrété de son côté deux Canadair, selon le porte-parole.

Polémique

En parallèle, la controverse a pris de l’ampleur autour du drame de la nationale 236, sur laquelle 47 personnes sont mortes samedi, dont 30 piégées dans leurs voitures rattrapées par le feu. Parmi elles, beaucoup de familles de retour de baignade dans une rivière.

Le Premier ministre Antonio Costa a réclamé des « éclaircissements rapides » à la gendarmerie, mise en cause par des rescapés.

Une survivante a raconté à la télévision que les gendarmes avaient eux-mêmes dirigé une partie des personnes en fuite vers cet axe en proie aux flammes, alors qu’elles essayaient de rejoindre une voie express toute proche, la route IC8.

« Quand nous sommes arrivés au niveau de l’IC8, les militaires ne nous ont pas laissé passer. Comme ils nous ont demandé de poursuivre notre chemin (vers la route 236), nous pensions que la route était sans danger, mais elle ne l’était pas », a déclaré Maria de Fatima.

Les gendarmes devront expliquer « pourquoi la route nationale 236 n’a pas été fermée à la circulation », mais aussi si cette voie « a été indiquée par les autorités compétentes comme alternative à la route IC8 » qui était fermée, selon une circulaire signée par le chef du gouvernement.

Environ 1.200 pompiers et 400 véhicules restaient mobilisés dans la région de Pedrogao Grande pour lutter contre l’incendie dont le bilan s’élevait mardi à 64 morts et 157 blessés, dont sept graves.

Funérailles de victimes

Les funérailles de six des victimes étaient prévues mardi soir près de la zone touchée par la catastrophe.

Dans l’ensemble du Portugal, plus de 2.000 pompiers sont engagés sur une centaine de foyers d’incendie.

Les critiques se multipliaient aussi dans les bourgades, où des habitants se plaignent de ne pas avoir reçu assez de secours.

« Samedi après-midi, personne n’a vu un pompier pendant que le feu brûlait. Les gens sont en colère contre ça », explique Isidro Silva, 59 ans, propriétaire d’un moulin à Graca, reconnaissant que la situation était rendue difficile par la rapidité de propagation du feu, attisé par un vent violent.

A Carreira, Jose Antonio Jesus Marques, 66 ans, estime que les autorités locales devraient « mettre un véhicule de pompiers » en permanence dans les petites localités. Comme beaucoup, il n’a pas vu les pompiers jusqu’au dimanche, alors que tous les eucalyptus entourant sa maison s’étaient consummés.

L’omniprésence au Portugal de ces arbres, hautement inflammables, alimentait d’ailleurs la controverse. Pour Joao Camargo, expert du changement climatique cité par le journal Publico, les plantations industrielles incontrôlées d’eucalyptus jouent un rôle crucial dans l’augmentation de la fréquence des incendies au Portugal.

En brûlant, ils peuvent « projeter des écorces incandescentes à une distance de deux kilomètres », explique l’expert. Selon lui, le Portugal est le pays où la superficie d’eucalyptus est proportionnellement la plus élevée au monde (9% du territoire).

Près de 26.000 hectares de forêt ont déjà été consumés par les flammes, selon le Système européen d’information sur les incendies de forêt.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire