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Palestine : Yasser Arafat va être exhumé

Un documentaire de la chaîne Al Jazeera révèle la présence de traces de polonium dans les effets personnels du dirigeant palestinien. Il conclut que Yasser Arafat a été empoisonné. Sa dépouille devrait être exhumée pour vérifier cette hypothèse.

C’est un dossier sensible, qui exige de la prudence. Un documentaire diffusé par Al-Jazeera le 3 juillet relance le débat sur les causes de la mort de Yasser Arafat, décédé en 2004. Après avoir effectué des tests sur des résidus de fluides corporels relevés sur ses vêtements, dont son emblématique keffieh, et sa brosse à dents, un laboratoire suisse est parvenu à la conclusion que des doses anormalement élevées de polonium se trouvaient dans le corps du premier président de l’Autorité palestinienne au moment de sa mort.

Officiellement, de quoi est mort Yasser Arafat ?

On ne sait pas. Si la mort du « raïs » est due à une hémorragie, les médecins n’ont pas su expliquer quelles en étaient les causes.
Le 12 octobre 2004, Yasser Arafat se plaint de maux de ventre après avoir dîné dans la maison fortifiée de Ramallah où il vit reclus depuis trois ans. Pendant deux semaines, il vomit et souffre de diarrhée aiguë. Il perd trois kilos. Après deux semaines de traitements antibiotiques qui se révèlent inefficaces, Yasser Arafat est transporté en France.

C’est très affaibli que, le 29 octobre 2004, le président de l’autorité palestinienne est admis à l’hôpital Percy de Clamart en région parisienne. Les médecins se relaient à son chevet, sans parvenir à trouver l’origine du mal dont il souffre. Yasser Arafat décède le 11 novembre 2004 « d’un accident vasculaire cérébral hémorragique massif », selon le rapport médical.

Des rumeurs anciennes

Les déclarations contradictoires qui suivent l’hospitalisation et la mort de Yasser Arafat ont nourri toutes sortes de fantasmes. Infection, cancer, cirrhose, sida ou empoisonnement? De hauts responsables de l’Autorité palestinienne ont immédiatement dénoncé un assassinat orchestré par Israël.

D’autres personnes ont avancé que le président de l’Autorité palestinienne était atteint du sida. Un test V.I.H effectué en 2004 s’est révélé négatif. Les défenseurs du « raïs » dénoncent alors une tentative des ennemis de leur leader visant à salir sa mémoire.

D’autres cas d’empoisonnement au polonium

Si l’empoisonnement de Yasser Arafat au polonium était confirmé, il viendrait s’ajouter à d’autres cas célèbres, comme celui d’Alexandre Litvinenko, mort empoisonné par du polonium à Londres, en 2006.

L’ancien espion russe du KGB est tombé gravement malade après avoir dîné avec une personne prétendant détenir des preuves de l’assassinat d’une journaliste russe sur ordre de Vladimir Poutine. Son état de santé s’était dégradé rapidement, provoquant sa mort en quelques semaines.

Quelles suites ?

Les analyses effectuées par l’Institut de Radiophysique de Lausanne à partir des effets personnels de Yasser Arafat ne suffisent pas à établir de manière certaine que le leader palestinien a été empoisonné.

Après la demande de la veuve de Yasser Arafat, Souha, d’exhumer la dépouille de l’ancien dirigeant du Fatah, enterré à Ramallah, en Cisjordanie, le président palestinien Mahmoud Abbas a décidé d’autoriser l’analyse du corps, a indiqué ce mercredi Taoufiq Tiraoui, chef de la commission d’enquête palestinienne sur la mort d’Arafat.

Mais un problème se pose: le temps. En effet, « le polonium se décompose et si nous attendons trop longtemps, toute preuve exploitable aura disparu, met en garde François Bochud, directeur du laboratoire suisse, dans le documentaire.

En plus de l’exhumation du corps, « une commission internationale sera créée pour enquêter sur les raisons de la mort d’Arafat », a déclaré Saeb Erekat, un officiel palestinien, cité par l’agence de presse palestinienne Maan News.

A qui profite le crime ?

Dans l’attente d’une éventuelle enquête et d’une exhumation qui permettrait de confirmer ou d’infirmer la thèse de l’empoisonnement par du polonium, la question du mobile se pose.

Pour les uns, Yasser Arafat était un symbole à supprimer. « Nous nous efforçons d’éliminer tous les hauts responsables du terrorisme », avait déclaré en 2003 Ehud Olmert, alors Vice-Premier ministre israélien, avant d’ajouter: « Arafat est l’un d’entre eux ». Ce dernier est alors considéré par Israël comme le « principal obstacle à la paix ».

Cependant, le gouvernement israélien était rapidement revenu sur cette déclaration. De nombreux observateurs estimaient que l’assassinat du vieux leader palestinien ne profiterait pas à Tel-Aviv. Alors âgé de 75 ans, Yasser Arafat vivait reclus dans son fortin à Ramallah depuis trois ans.

Gokan Gunes, L’Express.fr

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