Le chef de la diplomatie finlandaise Pekka Haavisto. © Getty

Otan: la Finlande entrouvre la porte à une adhésion sans la Suède

Seules la Turquie et la Hongrie doivent encore ratifier les adhésions suédoise et finlandaise.

La Finlande a pour la première fois entrouvert la porte ce mardi à une adhésion à l’Otan sans la Suède, désormais dans l’impasse pour décrocher le feu vert de la Turquie après une série de manifestations antiturques à Stockholm où un Coran a été brûlé.

Une adhésion conjointe des deux pays nordiques reste « la première option » mais « nous devons évidemment évaluer la situation, si quelque chose s’est produit qui fait qu’à long terme la Suède ne peut plus avancer », a affirmé le chef de la diplomatie finlandaise Pekka Haavisto à la télévision publique Yle, jugeant toutefois qu’il est « trop tôt pour prendre une position ».

Autodafé d’un Coran

L’autodafé d’un Coran par l’extrémiste de droite anti-islam Rasmus Paludan lors d’une manifestation –autorisée par la police– ce samedi près de l’ambassade de Turquie à Stockholm a suscité de vives protestations d’Ankara et de plusieurs capitales du monde musulman. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé lundi que la Suède ne pouvait plus compter sur le « soutien » d’Ankara après cet incident, qui s’ajoute à un autre provoqué par une vidéo de militants prokurdes mi-janvier.

« Plan B »

Contrairement au cas de la Suède, la Turquie a dit ces derniers mois qu’elle n’avait pas d’objection majeure à l’entrée de la Finlande dans l’Otan. Comme les 30 membres de l’alliance, Ankara doit ratifier l’entrée de tout nouveau membre, disposant d’un droit de veto de fait. Seules la Turquie et la Hongrie –qui affirme, elle, ne pas vouloir les bloquer– doivent encore ratifier les adhésions suédoise et finlandaise.

Helsinki avait toutefois jusqu’ici refusé de spéculer sur l’option d’une entrée sans la Suède, soulignant les avantages d’une adhésion conjointe avec son très proche voisin.

« Il y a un changement, où désormais les plans B sont exprimés à voix haute« , souligne à l’AFP Matti Pesu, expert des questions de défense à l’Institut finlandais des Affaires internationales (FIIA). « Je pense que les chefs du gouvernement ont envisagé plusieurs scénarios, mais que jusqu’ici on estimait important de maintenir une ligne unie et qu’il n’était pas nécessairement sage de dire que la Finlande envisageait d’y aller sans la Suède », analyse-t-il.

En mai, les deux pays nordiques avaient déposé leur candidature le même jour au siège de l’Otan à Bruxelles, en conséquence directe de l’invasion russe de l’Ukraine, mettant un terme à des décennies hors des alliances militaires. La Finlande, contrainte par Moscou à une neutralité forcée durant la Guerre froide, partage une frontière de plus de 1.300 kilomètres avec la Russie, étendant d’autant la ligne de contact entre l’Otan et Moscou. 

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