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Nouvelles sanctions contre Moscou: le point sur la guerre en Ukraine

Le Vif

Nouvelle aide militaire à l’Ukraine, renforcement des sanctions contre la Russie: les Occidentaux durcissent mercredi leurs positions après la récente découverte de nombreux cadavres à Boutcha, près de la capitale de l’Ukraine où les bombardements russes se poursuivent dans plusieurs régions cruciales stratégiquement. Le point détaillé sur la situation en Ukraine.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky réclamait ces derniers jours des sanctions alourdies et la mise de la Russie au ban de la communauté internationale. Il a exhorté mardi l’ONU à agir « immédiatement » contre la Russie au regard de ses « crimes de guerre » commis selon lui en Ukraine, réclamant notamment son exclusion du Conseil de sécurité dont elle est un des cinq membres permanents avec droit de veto. Il a plaidé, en solution alternative, pour une réforme du système onusien afin que « le droit de veto ne signifie pas le droit de tuer ». Moscou rejette toute accusation d’exactions, accusant les autorités ukrainiennes de préparer des « mises en scène » de civils tués dans plusieurs villes pour faire condamner le Kremlin.

Après l’onde de choc provoquée par les découvertes faites à Boutcha, l’Union européenne et Washington ont intensifié leur pression économique et diplomatique sur Moscou, déjà visé par un épais mille-feuilles de sanctions décidées à travers le monde. Et les Etats-Unis prévoient d’en adopter de nouvelles mercredi, en coordination avec l’Union européenne et le G7, visant notamment à interdire « tout nouvel investissement » en Russie, selon une source proche du dossier.

Adieu le charbon russe?

L’Union européenne a de son côté promis de nouvelles sanctions « cette semaine » contre la Russie. La Commission européenne a proposé que les Vingt-Sept cessent leurs achats de charbon russe, qui représentent 45% des importations de l’UE, et qu’ils ferment leurs ports aux bateaux opérés par des Russes. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen compte se rendre « cette semaine » à Kiev, accompagnée du chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell, a annoncé mardi son porte-parole. Le Trésor américain a annoncé mardi qu’il n’autorisait plus Moscou à rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines.

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Quelques heures plus tard, le porte-parole du Pentagone John Kirby a annoncé le déblocage d’une aide sécuritaire supplémentaire à l’Ukraine pouvant aller jusqu’à 100 millions de dollars. Ce qui porte à 1,7 milliard de dollars l’aide américaine allouée depuis l’invasion le 24 février. Il s’agit de « répondre à un besoin ukrainien urgent de systèmes antichars Javelin supplémentaires, que les Etats-Unis ont fournis à l’Ukraine et qu’ils ont si efficacement utilisés pour défendre leur pays », a-t-il expliqué dans un communiqué.

« Les Etats-Unis, aux côtés de nos alliés et partenaires, soutiennent fermement la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine », a relevé le secrétaire d’Etat Antony Blinken dans un communiqué distinct. Le Royaume-Uni a gelé 350 milliards de dollars de devises étrangères du régime russe, le « trésor de guerre » du président Vladimir Poutine, a déclaré mardi à Varsovie la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss. Et les expulsions en masse de diplomates russes s’enchainent depuis lundi. De France, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne et de Slovénie, en tout près de 200 diplomates russes ont été chassés d’Europe en 48 heures. La situation en Ukraine sera également au programme de la réunion mercredi et jeudi à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan, a indiqué mardi le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg, précisant qu’ils allaient aussi discuter avec leur homologue ukrainien Dmytro Kouleba des besoins des forces ukrainiennes.

« Je ne veux pas donner de détails, mais la fourniture d’armes anti-chars et de systèmes de défense anti-aériens est examinée », a-t-il indiqué. L’Otan n’intervient militairement que pour défendre ses membres lorsque l’un d’eux est attaqué ou sous mandat de l’ONU. L’Ukraine n’en est pas membre mais rien n’empêche les trente pays membres de l’Otan de lui fournir une aide militaire. Le président russe Vladimir Poutine a justifié en partie l’invasion de l’Ukraine par la crainte de voir cette ancienne république soviétique rejoindre l’alliance militaire occidentale, qu’il considère comme une menace existentielle pour la Russie. Cette nouvelle vague de sanctions découle de la découverte de scènes dramatiques à Boutcha, où s’est rendu le président Zelensky lundi.

Civils « écrasés »

Les gens « ont été tués dans leur appartement, leur maison… des civils ont été écrasés par des chars tandis qu’ils étaient assis dans leur voiture au milieu de la route », a décrit M. Zelensky. « Ils ont coupé des membres, tranché la gorge, violé et tué des femmes devant leurs enfants ». L’AFP a vu samedi dans des rues de Boutcha les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils. Selon le maire de la ville Anatoly Fedorouk, 280 personnes ont dû y être enterrées par les Ukrainiens ces derniers jours dans des « fosses communes ». Des images satellite de la ville publiées lundi par la société américaine Maxar Technologies semblent réfuter les affirmations russes selon lesquelles les cadavres de personnes en vêtements civils trouvés à Boutcha y ont été placés après que les troupes russes avaient évacué les lieux.

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a estimé mardi soir que la découverte de cadavres à Boutcha était une « provocation » visant à faire échouer les négociations en cours entre Kiev et Moscou. De nouveaux signalements ont émergé d’Ukraine selon lesquels plusieurs localités ont connu pire. « Boutcha n’est pas le pire », a confié Oleksiy Arestovitch, un conseiller de la présidence ukrainienne, sur YouTube. « Quiconque s’est rendu à Borodianka dit que c’est encore pire ». Pendant ce temps-là, en Ukraine, les bombardements russes se poursuivent et font de nouvelles victimes. Des explosions ont été entendues mardi soir dans la petite ville de Radekhiv, à 70 kilomètres de Lviv, la grande cité de l’ouest, a annoncé un responsable local, sans donner davantage de précisions.

Près de Kiev, des frappes d’artillerie russes ont fait douze morts dans les villages de Velyka Dymerka et de Bogdanivka, a indiqué le bureau du procureur général d’Ukraine sur Telegram.

Objectif Donbass

A la suite du récent retrait des troupes russes qui assiégeaient Kiev et sa région, M. Stoltenberg a estimé mardi que la Russie se renforçait pour « prendre le contrôle de l’ensemble du Donbass », dans l’est de l’Ukraine, et réaliser « un pont terrestre avec la Crimée », annexée par Moscou en 2014. « Nous sommes dans une phase cruciale de la guerre », a-t-il averti, disant redouter la découverte « d’autres atrocités » attribuées aux forces russes en Ukraine. L’armée russe a affirmé mardi soir avoir abattu deux hélicoptères ukrainiens cherchant à évacuer des chefs d’un bataillon nationaliste défendant Marioupol (sud-est), tout en appelant une nouvelle fois ces défenseurs à déposer les armes. Marioupol a « dépassé le stade de la catastrophe humanitaire », avait affirmé à l’AFP dans la journée Vadim Boïtchenko, maire de ce grand port assiégé par l’armée russe, qualifiant d' »invivable » la situation des quelque 120.000 habitants restés sur place. La ville, qui comptait près d’un demi-million d’habitants avant la guerre, est détruite « à 90% », avait-il indiqué lundi.

Selon le dernier décompte du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU, plus de 4,24 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis le 24 février, du jamais vu en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

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