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Nauru, l’île-prison où les enfants de migrants se suicident

Une jeune fille de 17 ans est dans un état critique jeudi dans un centre australien de détention de demandeurs d’asile établi à Nauru car elle refuse de s’alimenter et de boire depuis trois semaines, rapporte The Guardian Australia. La situation est « dangereusement chaotique » dans ce micro-Etat, où plusieurs autres enfants sont gravement malades ou blessés.

Trois docteurs différents de l’île ont recommandé que l’adolescente de 17 ans soit rapidement admise dans un hôpital à l’étranger. Ils ont diagnostiqué des signes de dépression majeur et un « syndrome de résignation », sorte d’état comateux et apathique en réaction à un traumatisme.

La jeune fille a été prise en charge dans un hébergement assisté du centre de détention sous-traité par l’Australie à Nauru depuis trois semaines. Son état s’est détériore lors des 24h dernières heures si bien que son état est désormais jugé critique.

Mercredi, une fille de 12 ans a en outre cherché à s’immoler, après de multiples tentatives de suicide. Ses proches ont pu la sauver, mais l’enfant présente plusieurs blessures et est traitée dans l’hôpital de Nauru. Un psychologue avait recommandé il y a deux semaines que la fillette soit emmenée en Australie. Par le passé, plusieurs adultes ont tenté de s’immoler – un homme fatalement – et plusieurs enfants ont aussi tenté de mettre fin à leur jour de cette manière.

Par ailleurs, mardi, un garçon de 12 ans, qui refusait de boire et manger depuis 20 jours, a été transporté dans un hôpital australien, à Brisbane, pesant à peine 36 kilos.

A Nauru, où 117 mineurs réfugiés sont encore placés en détention, plusieurs sources font part de leur inquiétude d’une « contagion » d’automutilations, de tentatives de suicide ou de grèves de la faim dans cette population juvénile.

D’autres mineurs réfugiés à Nauru présentent le « syndrome de résignation », un état qui a été observé en premier chez des jeunes réfugiés en Suède au début des années 2000. Les enfants cessent de présenter un intérêt pour la vie, refusant de manger, boire, se laver, parler, quitter leur lit, voir même ouvrir leurs yeux. Certains, plongés dans cet état léthargique, ne présentent pas de réaction aux stimuli.

La politique migratoire australienne est très stricte dans l’objectif de dissuader les migrants d’atteindre l’île-continent par bateau. Ceux qui sont interceptés sont placés dans des centres délocalisés dans le Pacifique, à Nauru ou Manus, où leur demande d’asile est traitée, sans qu’ils puissent jamais obtenir de papiers pour l’Australie. Les conditions de vie y sont jugées épouvantables et suscitent régulièrement des critiques de la communauté internationale.

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