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Mort mystérieuse du directeur de Sciences Po Paris à New York

Richard Descoings, le directeur de Sciences Po depuis 16 ans, a été retrouvé mort mardi, nu « sur son lit » dans une chambre d’hôtel de Manhattan.

La police de New York a ouvert une enquête mardi soir, après le décès encore inexpliqué du directeur de Sciences Po Paris, Richard Descoings, retrouvé mort à 53 ans dans une chambre d’hôtel de Manhattan.

Richard Descoings, qui avait profondément transformé en 16 ans la grande école française, a été retrouvé mort, nu « sur son lit » vers 13H00 locales, par un membre du personnel de l’hôtel Michelangelo, dans le centre de Manhattan.

La chambre était « en désordre », mais le corps de Richard Descoings ne portait pas de « signe évident de traumatisme », a précisé Paul Browne, chef adjoint de la police de New York.

Plus tard dans la soirée, il a expliqué que les enquêteurs n’avaient pas de « preuve d’acte criminel », et que le désordre de la chambre avait été causé par le personnel médical qui avait cherché à ranimer Richard Descoings. Il a également semblé écarter l’hypothèse d’un cambriolage, affirmant que certains objets initialement manquants avaient été retrouvés.

Il devait représenter l’Europe à une conférence d’universitaires

Selon NBC, l’ordinateur portable et le téléphone de Richard Descoings ont été jetés par la fenêtre de sa chambre qui se trouvait au 7e étage, et retrouvés sur un palier du 3e étage. La police a précisé qu’elle attendait de connaître les conclusions du médecin légiste, pour se prononcer sur les raisons de la mort de Richard Descoings, qui se trouvait à New York pour participer à une conférence à l’université Columbia. Après avoir évoqué « la possibilité que d’autres personnes se soient trouvées dans la chambre à un moment donné », Paul Browne s’est ensuite refusé à tout commentaire sur le sujet.

Selon Paul Browne, Richard Descoings a été vu vivant pour la dernière fois à 10H30. Alors que Richard Descoings aurait dû quitter l’hôtel à 9H00 avec des collègues pour sa conférence, à 10H30, « il dormait » selon Paul Browne. Son corps a quitté l’hôtel peu avant 23H00 mardi soir. Richard Descoings devait représenter l’Europe dans une réunion de grands leaders d’universités, sous l’égide du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui s’est dit dans la soirée « profondément attristé » par cette mort.

« un grand serviteur de l’Etat »

Le président Nicolas Sarkozy a rendu hommage à « un grand serviteur de l’Etat » et le chef de la diplomatie Alain Juppé a fait part de sa « très vive émotion » en saluant « un infatigable acteur du rayonnement universitaire de notre pays dans le monde ».
En quatre mandats, Richard Descoings a fait passer cette école qui forme une partie des élites françaises de 4500 à 10 000 étudiants et multiplié les réformes: ouverture à des élèves de familles pauvres, aux étudiants étrangers (40% du total actuel), création de six campus en province, hausse des droits d’inscription tempérée par des bourses.

« On a fait mon outing forcé »

Encore récemment, il faisait voter une réforme d’ampleur du concours d’entrée, avec notamment la suppression de l’emblématique épreuve de culture générale.
Richard Descoings n’avait pas peur de créer la polémique et il aimait les défis, comme celui relevé en 2009 à la demande de Nicolas Sarkozy en relançant la réforme des lycées. Mais il avait aussi dû se justifier, après une polémique sur son salaire (24 000 euros nets par mois) et sa prime variable.
Dans un entretien à Libération le 31 janvier, il avait appelé notamment à ce que les présidents d’universités françaises soient mieux payés. Dans cet entretien, il déclarait aussi « on a fait mon outing forcé (…) Je ne vois pas ce que ma prétendue homosexualité a à voir. C’est en plus survenu à l’occasion de mon mariage. Que répondre? Que je ne suis pas homosexuel? Non, rien ».

LeVif.be avec L’Express

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