Les femmes du collectif Tesoros Perdidos se rendent sur un site qui recèle une fosse clandestine. Exceptionnellement, du fait de la dangerosité extrême de la région, elles sont accompagnées d'une vingtaine de militaires, chargés de leur protection. © Jeoffrey GUILLEMARD/HAYTHAM

Mexique: les mères courage du Sinaloa (en images)

On les appelle les rastreadoras. Avec un dévouement inouï, ces femmes fouillent la terre du Sinaloa, l’un des Etats les plus dangereux du Mexique, gangrené par la drogue et la corruption, pour retrouver la dépouille d’un proche « disparu ».

Les rastreadoras (« les pisteuses ») sont d’opiniâtres mères de famille. Armées simplement de piques, de pelles et de tamis, elles sillonnent, inlassablement, les zones désertiques autour de la ville de Mazatlán, dans l’Etat du Sinaloa, au Mexique, à la recherche des restes d’êtres chers enterrés par les narcotrafiquants dans des fosses communes clandestines.

Tout commence en 2017, quand Irma Arellanes Hernandez se rend dans un commissariat de Mazatlán pour y déclarer la disparition de son fils, Alain Cortez Arellanes. Elle y rencontre d’autres femmes dont des proches avaient aussi été enlevés par des criminels liés aux cartels de la drogue. Confrontées à l’inefficacité du gouvernement mexicain et aux enquêtes bâclées, ces mamans décident alors de mener elles-mêmes les recherches. Depuis, avec leur collectif Tesoros Perdidos (« Les Trésors perdus »), elles ont retrouvé environ 140 corps dans des charniers de la périphérie de Mazatlán.

Pour les autorités, il s’agit de « disparus », un terme utilisé pour dégonfler artificiellement les chiffres de la criminalité. Au Mexique, ils seraient plus de 85 000 « ni morts ni vivants » dont les familles, jetées dans le désarroi, perdent chaque jour un peu plus l’espoir de retrouver leurs corps.

Ce portfolio signé Jeoffrey Guillemard fait partie d’un travail documentaire au long cours s’attachant au sort des victimes collatérales du narcotrafic au Mexique. Il a été réalisé avec le soutien à la photographie documentaire du CNAP (Centre national des arts plastiques), en France.

Chaque semaine, des mères, comme Isidra Lopez, partent à la recherche de fosses communes et financent seules les fouilles: aucune aide du gouvernement ou d'ONG.
Chaque semaine, des mères, comme Isidra Lopez, partent à la recherche de fosses communes et financent seules les fouilles: aucune aide du gouvernement ou d’ONG.© Jeoffrey GUILLEMARD/HAYTHAM
Un abri de fortune fabriqué par les narcotrafiquants au moment d'enterrer leurs victimes: afin de se protéger du soleil pendant qu'ils creusent les tombes ou de surveiller la zone.
Un abri de fortune fabriqué par les narcotrafiquants au moment d’enterrer leurs victimes: afin de se protéger du soleil pendant qu’ils creusent les tombes ou de surveiller la zone.© Jeoffrey GUILLEMARD/HAYTHAM-REA
Laura Ivonne Valdez Ramirez recherche son oncle Ricardo Ramirez, disparu depuis le 11 juin 2010.
Laura Ivonne Valdez Ramirez recherche son oncle Ricardo Ramirez, disparu depuis le 11 juin 2010. « Je pense qu’il est dans les marais proches de là où il habitait… Nous y avons trouvé des corps, malheureusement pas encore le sien. »© Jeoffrey GUILLEMARD/HAYTHAM-REA
Les narcotrafiquants, eux, utilisent de nouvelles techniques: ils enterrent désormais les restes humains à plus de deux mètres de profondeur ou les recouvrent de carcasses d'animaux, de chaux ou de cendres.
Les narcotrafiquants, eux, utilisent de nouvelles techniques: ils enterrent désormais les restes humains à plus de deux mètres de profondeur ou les recouvrent de carcasses d’animaux, de chaux ou de cendres.© Jeoffrey GUILLEMARD/HAYTHAM-REA
Sous la télévision installée dans son salon, Laura a installé un petit autel à la mémoire de son oncle disparu ainsi qu'à celle de sa petite fille décédée à l'âge de 2 ans.
Sous la télévision installée dans son salon, Laura a installé un petit autel à la mémoire de son oncle disparu ainsi qu’à celle de sa petite fille décédée à l’âge de 2 ans.© Jeoffrey GUILLEMARD/HAYTHAM-REA
Une rastreadora examine un bout de tissu retrouvé dans la terre. Les taches et les odeurs sont des indices. Dans la zone de Palmillas, Tesoros Perdidos a retrouvé 17 fosses clandestines.
Une rastreadora examine un bout de tissu retrouvé dans la terre. Les taches et les odeurs sont des indices. Dans la zone de Palmillas, Tesoros Perdidos a retrouvé 17 fosses clandestines.© Jeoffrey GUILLEMARD/HAYTHAM-REA
Consuelo Velarde plante une croix à l'endroit même où elle vient de retrouver le corps de son fils Juan Carlos, 28 ans, disparu cinq mois auparavant.
Consuelo Velarde plante une croix à l’endroit même où elle vient de retrouver le corps de son fils Juan Carlos, 28 ans, disparu cinq mois auparavant.© Jeoffrey GUILLEMARD/HAYTHAM
Malgré la violence qui sévit, Mazatlán accueille chaque année un demi-million de touristes séduits par ses plages.
Malgré la violence qui sévit, Mazatlán accueille chaque année un demi-million de touristes séduits par ses plages.© Jeoffrey GUILLEMARD/HAYTHAM-REA

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