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Malgré les efforts, toujours plus d’exploitation infantile dans le secteur du cacao

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Malgré les efforts du secteur du cacao de lutter contre l’exploitation des enfants, le problème prend, au contraire, de l’ampleur, selon le Baromètre du cacao 2018. Les magasins du monde Oxfam appellent la Belgique, en tant que pays du chocolat, à montrer l’exemple.

Cette problématique est une conséquence d’une chute rapide des prix du cacao. Cette baisse drastique entraîne dans les communautés d’Afrique de l’Ouest qui produisent du cacao de la pauvreté et de l’exploitation infantile. Le secteur avait promis de remédier à ces problèmes et d’améliorer la vie des paysans ainsi que de penser à l’environnement, mais de toutes ces promesses, rien de concret n’est à l’heure actuelle ressorti.

Le baromètre du cacao initié par le réseau européen Voice et une coalition d’ONG et de syndicats parait tous les deux ans.

Des petits paysans en Côte d’Ivoire, pays le plus grand producteur mondial de cacao, ont vu leurs revenus chuter de 36% en une année. Cela est dû à la dégringolade importante du prix mondial du cacao entre septembre 2016 et février 2017. Il n’existe aucun mécanisme dans l’industrie ou au niveau des états pour contrer les pertes de revenus des paysans.

« La chute de prix est la conséquence de la surproduction des dernières années« , avancent les auteurs du baromètre. Ils déplorent aussi le fait que les autorités sont aux abonnés absents quand il s’agit de protéger les domaines naturels.

Un paysan de Côte d’Ivoire qui travaille dans le secteur du cacao gagne environ un tiers de ce dont il a besoin pour vivre, constate VOICE. Plus de 90% des bois d’origine d’Afrique de l’Ouestont disparu et l’exploitation infantile est encore très présente dans ce secteur d’activité. En moyenne, on évalue en Côte d’Ivoire et au Ghana, que 2,1 millions d’enfants travaillent dans les plantations de cacao.

« Les paysans n’ont aucune influence sur le marché et les programmes actuels sont surtout établis pour trouver des solutions techniques pour l’amélioration des pratiques de culture », ajoute VOICE.

Efforts coordonnés

« On ne s’attaque donc pas à la problématique sous-jacente qui est liée au pouvoir politique, au manque de pouvoir de négociation des paysans, à la concentration sur le marché de multinationales et au manque de transparence. »

Les magasins du monde Oxfam appellent la Belgique, en tant que pays du chocolat à montrer l’exemple et à proposer un engagement sérieux. « Sans efforts coordonnés au niveau international et sans focus sur des revenus décents pour les paysans, le problème de l’exploitation des enfants ne disparaitra jamais et la déforestation continuera. »

« Le marché du chocolat est un marché extrêmement concentré sur lequel seulement quelques traders comme Barry Callebaut, Olam et Cargill achètent la plus grosse part du cacao aux paysans. Dans une phase suivante du processus, celui-ci est revendu aux grandes marques de chocolats que sont Mars, Mondelez, Nestlé et Ferrero. Ensemble avec les supermarchés, ce sont ces acteurs qui retirent le plus de plus-value dans la chaîne du chocolat. « 

Pour éviter cela, une approche intégrée est nécessaire, explique Oxfam. Tous les acteurs impliqués doivent prendre leurs responsabilités de façon claire.

La Belgique importe 10% de la production mondiale de cacao, explique Oxfam, mais est quasiment absente des discussions internationales. « Au niveau législatif, aucune initiative n’a encore été prise et on attend toujours le lancement d’une plate-forme multitasks des acteurs du chocolat. »

La conférence mondiale du cacao se tiendra à Berlin du 22 au 24 avril, elle est tenue par des défenseurs du secteur du cacao et du chocolat.

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