Jean-Claude Juncker, Petro Poroshenko et Donald Tusk. © AFP

L’UE garantit à l’Ukraine qu’elle restera intransigeante avec la Russie

L’Union européenne a assuré jeudi à l’Ukraine, lors d’un sommet à Bruxelles, qu’elle resterait intransigeante à l’égard de son voisin russe, accusé d’entretenir la guerre civile dans l’est du pays et frappé par des sanctions des Etats-Unis et de l’UE.

Les lourdes sanctions économiques qui visent la Russie depuis son annexion de la Crimée en mars 2014 « restent clairement liées à la mise en oeuvre complète des accords (de paix) de Minsk », a déclaré le président du Conseil européen Donald Tusk, à l’issue du 18e sommet UE-Ukraine avec le président ukrainien Petro Porochenko.

Ces sanctions, qui ont fait l’objet de mesures de rétorsion russes qui frappent notamment les agriculteurs européens, font l’objet de débats au sein des 28, qui devraient néanmoins décider prochainement de les prolonger.

« Elles sont toujours valides et j’espère qu’on se décidera (sur leur prolongation) avant notre prochain sommet de chefs d’Etat de décembre », a ajouté M. Tusk.

Le président ukrainien Petro Porochenko, qui s’est félicité de ce soutien, s’est aussi montré confiant sur l’attitude du futur président américain Donald Trump face à l' »agression russe » de 2014. L’Ukraine bénéficie selon lui d’un soutien « fort » des démocrates et des républicains à Washington et « ne s’attend à aucun changement significatif ».

La semaine dernière, Barack Obama et cinq dirigeants européens (Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne et Italie) avaient appelé au maintien des sanctions jusqu’au respect effectif des accords de Minsk de février 2015, censés mettre fin au conflit entre forces ukrainiennes et séparatistes dans l’est prorusse du pays, qui a fait près de 10.000 morts depuis avril 2014.

Signés par Kiev et les séparatistes au terme de négociations qui avaient réuni le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine dans la capitale bélarusse, ces accords ne sont pas entièrement appliqués par les deux parties, qui s’en rejettent la responsabilité.

Pour un haut responsable européen, il est « évident que les séparatistes en Ukraine peuvent poursuivre leurs activités grâce à un très fort soutien venu de l’extérieur du pays ».

« La Russie a une responsabilité particulière », a-t-il souligné.

La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée et a, selon Kiev et les Occidentaux, soutenu les séparatistes de régions de l’est de l’Ukraine en réaction à l’arrivée au pouvoir en mars 2014 de pro-européens à Kiev.

Sur l’exemption de visas pour les courts séjours dans l’UE, autre sujet sensible pour les 45 millions d’Ukrainiens, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a promis une mise en oeuvre effective « avant la fin de l’année », alors que les 28 en ont approuvé le principe le 17 novembre.

Il faut encore surmonter « un léger désaccord » entre le Parlement et les Etats membres relatif à la clause de suspension assortie à cette exemption, a expliqué le chef de l’exécutif européen.

Berlin et Paris ont été les principales capitales de l’UE à réclamer un « frein d’urgence » permettant de suspendre plus rapidement les exemptions de visas accordées à des pays tiers.

Et la Commission a dû présenter en mai des propositions amendées, tenant compte des inquiétudes face à une libéralisation susceptible de concerner plus de 100 millions de personnes: Ukraine, Géorgie, mais aussi Kosovo et surtout Turquie, même si un accord avec ce dernier pays reste hypothétique.

« Nous avons rempli nos obligations à 100% », a souligné pour sa part M. Porochenko.

A l’agenda du sommet figuraient aussi le sujet du gaz et de la sécurisation des approvisionnements via l’Ukraine à l’approche de l’hiver, ainsi que l’avenir de l’accord d’association UE-Ukraine.

L’accord a été ratifié par 27 Etats membres mais son application dans tous ses aspects (coopération économique, militaire, droits sociaux etc) reste menacée par le « Non » exprimé par les Néerlandais dans un référendum en avril. Une solution politique est toujours à l’étude à La Haye, censée être présenté au prochain sommet de l’UE à la mi-décembre.

C’est le refus de l’ex-président prorusse Viktor Ianoukovitch de signer cet accord qui avait entraîné il y a trois ans des manifestations qui ont finalement mené à sa chute.

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