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L’OTAN à la recherche d’un nouveau chef: après Spaak et Claes, au tour de Wilmès?

Kamiel Vermeylen Journaliste Knack.be

Ce lundi commence officiellement la recherche du successeur de Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN. Le nom de Sophie Wilmès circule, mais d’autres lorgnent aussi sans vergogne sur le poste.

Lundi, les représentants permanents des États membres de l’OTAN se réuniront à Bruxelles. Ce ne sera pas une réunion ordinaire et pour une fois il ne sera pas question des tensions géopolitiques sur la scène européenne. L’organisation est en effet à la recherche d’un nouveau secrétaire général puisque Jens Stoltenberg, l’actuel dirigeant, va rejoindre la Banque centrale de Norvège à l’automne.

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Quelle est la procédure ?

Comme le veut la tradition, l’ambassadeur le plus ancien, le Grec Spiros Lambridis, déclarera la recherche ouverte lundi en tant que primus inter pares. Les pays intéressés peuvent ensuite soumettre leur candidature. À partir de ce moment-là, le baroud diplomatique se déplacera vers le plus haut niveau et la question deviendra une priorité absolue.

La quasi-totalité de l’attention des États membres de l’OTAN se portant sur les exigences de la Russie, l’OTAN ne peut effectivement pas se permettre de n’avoir personne aux commandes. Du coup, dans les cercles diplomatiques, il se dit que la quête d’un nouveau chef doit être achevée avant la fin juin 2022, date du sommet de l’OTAN à Madrid. Les dirigeants nationaux y élaboreront également le nouveau Concept Stratégique qui définit les défis de sécurité auxquels l’Alliance devra faire face et présentera les tâches politiques et militaires que l’OTAN accomplira pour y répondre.

Le nouveau secrétaire général doit être nommé par consensus par les 30 États membres de l’OTAN et aura un mandat renouvelable de quatre ans. La personne qui occupe ce poste est de facto le plus haut fonctionnaire de l’organisation, celui qui dirige les réunions les plus importantes et est plus ou moins le porte-parole des 30 États membres participants. En contrepartie, elle reçoit un salaire mensuel de près de 25 000 euros et une résidence officielle dans le Square de Bois, la rue la plus chère de Bruxelles.

Avec Paul-Henri Spaak et Willy Claes, la Belgique a déjà remporté la timbale deux fois depuis 1949. Aujourd’hui, c’est le nom de l’ancien Premier ministre et actuel ministre des Affaires étrangères et européennes Sophie Wilmès (MR) qui circule.

Elle pourrait devenir la première femme secrétaire générale de l’OTAN. Dans son entourage – Wilmès ne souhaite pas répondre officiellement – on précise cependant qu’elle est « pleinement engagée au niveau belge et a l’intention de continuer à le faire ». Mme Wilmès, qui – grâce à sa connaissance du français et de l’anglais- maîtrise les deux langues de travail de l’OTAN, a également rencontré un Stoltenberg sur le départ il y a encore deux semaines. Dans les couloirs, on dit qu’elle a effectivement ses chances, mais que la chose est loin d’être acquise. En effet, « les noms cités aujourd’hui n’arrivent généralement pas jusqu’à la ligne d’arrivée », indique un diplomate bien placé.

Pas la seule en lice

De plus, elle n’est pas la seule en lice. Le média américain Politico a proposé, il y a moins d’un an, quelques candidats qui pourraient prendre la relève de Stoltenberg. L’Estonienne Kersti Kaljulaid, la Lituanienne Dalia Grybauskaita et la Croate Kolinda Grabar-Kitarovic – toutes d’anciennes présidentes – sont candidates.

Grabar-Kitarovic
Grabar-Kitarovic© belga

Selon David Criekemans, professeur de politique internationale (Université d’Anvers), cette dernière serait même la favorite. En tant qu’ancien chef d’État, ministre des Affaires étrangères, employé de l’OTAN et diplomate, Grabar-Kitarovic a encore de meilleures cartes en mains que Wilmès. D’autant plus que ce n’est pas le seul atout de Grabar-Kitarovic. D’autres éléments risquent aussi de faire pencher la balance en sa faveur. Jusqu’à présent, l’organisation n’a pas eu de secrétaire général originaire d’Europe orientale. Bien qu’un secrétaire général issu des États baltes , surtout dans le contexte actuel, serait interprété comme une provocation envers la Russie, la situation est différente pour la Croatie puisqu’elle n’a pas de frontière avec la Russie « , déclare M. Criekemans. Ensuite, en tant que fondatrice de l’influente Initiative des trois mers (un forum de pays d’Europe centrale et orientale – tous membres de l’Union européenne et pour la plupart des pays de l’ancien « bloc de l’Est- qui vise à créer un dialogue nord-sud sur différents enjeux régionaux), Mme Grabar-Kitarovic dispose d’un vaste réseau dans la région.

Enfin, toujours selon Criekemans, l’Europe de l’Est n’a pas encore reçu de « compensation » pour la répartition inégale des meilleures places européennes en 2019. « Le poste de secrétaire général de l’OTAN serait une parfaite occasion de rectifier le tir », dit-il. Le Premier ministre croate Andrej Plenkovic, un collègue de parti de Grabar-Kitarovic, a lui déjà indiqué l’année dernière qu’il soutiendrait une éventuelle candidature de Grabar-Kitarovic.

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