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Lorenzo Fontana, l’ultra-catholique du gouvernement italien

Le Vif

Le controversé congrès mondial des défenseurs de la famille traditionnelle se tient chez lui, à Vérone: Lorenzo Fontana, ministre italien de la Famille et des Handicaps, est un catholique pur et dur, en croisade contre l' »extinction » démographique de l’Italie.

A 38 ans, ce fidèle lieutenant de Matteo Salvini, le patron de la Ligue, est l’un des plus jeunes au sein du gouvernement d’union entre ce parti d’extrême droite et le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) entré en fonction en juin 2018. Il est aussi l’un des plus radicaux.

Le « ministre du Moyen-Age », comme le surnomment ses détracteurs, est né le 10 avril 1980 dans un quartier populaire de Vérone. Son crâne chauve, ses larges épaules et son accent du nord ne dépareillent pas dans sa chère tribune sud du Hellas Vérone, club de football de Serie A plusieurs fois condamné pour les débordements racistes de ses redoutés supporters.

Mais ses lunettes sages et sa barbe taillée très court témoignent de son ascension sociale: diplômé en sciences politiques et en histoire, inscrit à l’ordre des journalistes, il a été élu conseiller municipal de sa ville à 27 ans, puis eurodéputé à 29 ans.

Là, il a été l’un des principaux artisans de l’alliance entre la Ligue (alors Ligue du Nord) et le Rassemblement national (alors Front national) de Marine Le Pen, scellant la mue de son parti sécessionniste en une formation souverainiste triomphante.

Il incarne pourtant l’une des différences majeures entre le RN laïc et la Ligue très catholique.

« C’est son père qui lui a transmis l’amour pour la politique. De sa mère, il tient sa profonde religiosité », racontait l’ancien curé de sa paroisse, Renzo Zocca, l’an dernier au magazine Famiglia Cristiana.

Et si M. Salvini a connu une vie sentimentale et familiale mouvementée, M. Fontana s’est marié selon le rite tridentin, en latin, et répète que son pape préféré au XXe siècle a été Pie X (1903-1914), « celui qui a condamné les modernistes ».

– « Le berceau vide de la civilisation » –

En février 2018, ce père d’une fille a écrit avec un économiste un livre sur la crise démographique italienne, son obsession, intitulé : « Le berceau vide de la civilisation ».

Avec 1,32 enfant par femme, l’Italie a l’un des taux de fécondité les plus bas du monde. En 2018, elle a vu naître 449.000 bébés, moitié moins que dans les années 1960 et 28% de moins qu’il y a 10 ans.

« Chaque année en Italie, c’est comme si une ville comme Padoue était rayée de la carte », se désespère Lorenzo Fontana. « Mais nous ne nous résolvons pas à l’extinction ».

Mais pour M. Fontana, il s’agit aussi d' »une bataille culturelle » dans une société où « les enfants sont vus comme un poids, une limite à la liberté personnelle ».

Fervent opposant à l’avortement ou à la gestation pour autrui, il répète aussi que les enfants doivent avoir « un papa et une maman » et s’est attiré les foudres en déclarant à son arrivée au ministère que les familles homoparentales « n’existaient pas ».

Et pour lui, cette bataille des berceaux est aussi identitaire: « Nous voulons défendre notre pays contre l’invasion islamique », répète-t-il en campagne, en appelant à créer un « front identitaire pour lutter contre la franc-maçonnerie de Bruxelles et du monde qui veut nous détruire ».

Des positions radicales qui font souvent réagir les alliés du M5S et parfois aussi l’Eglise, comme par exemple lorsqu’il a assuré en février que le slogan de la Ligue « Les Italiens d’abord » était conforme à l’appel de Jésus à aimer son prochain, « celui qui est près de toi ».

Les responsables politiques qui « défigurent la parole du Christ pour faire entrer de force l’évangile dans un slogan propagandiste (…) n’humilient pas le texte sacré mais eux-mêmes », a asséné Marco Tarquino, directeur de l’Avvenire, le quotidien des évêques italiens.

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