Légende : Henri met de Bles, Le paradis terrestre, ca 1541-1550, Rijksmuseum Amsterdam © Rijksmuseum Amsterdam

L’oeuvre de la semaine: à vos loupes…

Guy Gilsoul Journaliste

Voici un tableau fascinant présenté en ce moment parmi bien d’autres merveilles dans le cadre d’une exposition organisée à l’occasion du 500e anniversaire de la parution à Louvain de l’ouvrage de l’humaniste anglais Thomas More,  » Utopia « .

Son auteur, Henri Met de Bles est né à Bouvignes près de Dinant dans les années 1500. Il doit son nom à la présence dans chacune de ses compositions d’une petite chouette (Bles) que chaque visiteur cherche bien sûr à retrouver. Si sa carrière fût internationale, c’est à Namur que l’on trouve le plus grand nombre d’oeuvres authentifiées (9). Le tondo présenté ici est conservé au Rijksmuseum d’Amsterdam. Le paysagiste méticuleux y décrit le paradis en un une vue plongeante qui cerne une forêt entourée d’eau.

Au loin, dans les brumes bleutées, la mer et des montagnes entraîne le regard vers les bords circulaires. Là, une première et large couronne nous emmène dans un ciel nuageux aux teintes délavées. Des nuées d’oiseaux noirs s’y partagent l’espace alors que certains d’entre eux traversent cette frontière et gagnent la terre et le paradis. Deux visages, l’un rouge, l’autre blanc, situés aux environs de 11h et de 5h figurent le cycle du temps entre soleil et lune. Au-delà, il n’y aurait que de l’eau, un vaste océan d’avant la naissance la création du monde qui forme une seconde et mince couronne.

Mais revenons au centre, à ces arbres dont chaque feuille est détaillée de façon presque obsessionnelle. Dans et sous ces feuillus ainsi que dans l’eau des mares et des ruisseaux, vit tout un monde animal, parfois hybride (jusqu’au fantastique), parfois légendaire comme la licorne. Trois épisodes y sont décrits. D’abord, la naissance d’Eve dont le peintre nous montre l’origine : l’os d’une côte. Ensuite, la tentation avec un serpent toutes dents dehors. Enfin, la fin de l’histoire et le début de notre destin d’êtres mortels. Si ces épisodes ont pas mal empruntés à d’autres artistes comme Dürer et surtout Aldegrever, l’essentiel demeure aux alentours dont la découverte nous mène de surprises en surprises.

Louvain, M Leuven, Leopold Vanderkelenstraat 28. Jusqu’au 17 janvier. Tous les jours sauf mercredi de 11 à 18h. www.mleuven.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire