© Sputnik/AFP via Getty Images

L’obsession de Poutine : « Il doit montrer qu’il est prêt à utiliser ses troupes »

Qu’est-ce qui pousse la Russie à concentrer plus de 100.000 soldats à la frontière avec l’Ukraine ? Vladimir Poutine veut-il rappeler l’Ukraine à l’ordre par la force ou est-il simplement un négociateur avisé ? Voici l’histoire de deux peuples frères qui ne veulent plus assister à la même fête de famille

Le 12 juillet 2021, Vladimir Poutine prend sa plume et publie sur le site officiel du Kremlin un essai ambitieux sur « l’unité historique des Russes et des Ukrainiens » et qui met en lumière leur histoire commune. Car, selon Poutine, Russes et Ukrainiens sont un seul et même peuple, partageant un même « espace historique et spirituel » depuis la conversion au christianisme de Vladimir le Saint ( Vladimir IerSviatoslavitch) en 988. Si les Ukrainiens ont été réduits en esclavage au cours de l’histoire, c’est principalement par ces « misérables » Polonais, Lituaniens et Autrichiens. Ces derniers ont essayé d’éloigner les Petits Russes, comme on appelait les habitants de l’actuelle Ukraine dans l’Empire russe – de leurs croyances et de leurs traditions. L’Ukraine en tant qu’État indépendant est, toujours selon Poutine, une création de l’Union soviétique. Poutine qualifie l’Holodomor, la famine organisée par Staline dans les années 1930 et qui a coûté la vie à des millions d’Ukrainiens, de « tragédie commune » dont les Russes et les Ukrainiens ont été victimes.

Poutine attribue le malaise actuel entre les deux pays à des « forces extérieures » qui manipulent le gouvernement ukrainien. L’Ukraine d’aujourd’hui n’est rien d’autre qu’un projet maléfique et anti-russe qui vise à créer un « État ukrainien ethniquement pur » par le biais d’une « assimilation forcée ». Ces plans infâmes sont, bien entendu, très éloignés de la noblesse de caractère des Ukrainiens eux-mêmes. Après tout, ce sont des « personnes talentueuses et travailleuses » qui font preuve de « persévérance et de détermination ». Mais tous ces Petits Russes qui travaillent dur sont, selon Poutine, pervertis par une élite corrompue qui siphonne les richesses du pays, une accusation qui, ironiquement, pourrait également s’appliquer à la Russie. Dommage, selon Poutine. En fait, la Russie et l’Ukraine devraient être comme l’Allemagne et l’Autriche : des voisins ayant « une composition ethnique et une culture similaires, qui partagent en fait une même langue » et qui s’accueillent chaleureusement.

Ainsi, au milieu d’une pandémie qui se propage à grande vitesse, Vladimir Poutine prend le temps de partager sa vision de l’histoire ukraino-russe. C’est pour le moins surprenant. Il n’est pas clair à qui le texte est adressé. Il ne s’agit certainement pas de propagande : des réflexions historiques avec des paragraphes sur l’histoire de la Ruthénie des Carpates au début des années 1920 ne sont pas une histoire attrayante. Et l’Ukrainien moyen, qui est dépeint dans le texte comme un idiot mollasson trop stupide pour se rendre compte de la façon dont il est agressé par l’Occident, ne risque pas non plus d’être séduit par l’argumentaire de Poutine. Enfin, rares sont les Russes qui considèrent les liens historiques avec l’Ukraine comme une priorité. La seule conclusion que l’on peut tirer de ce long pamphlet est que, pour Poutine, l’Ukraine n’est pas seulement un objectif géopolitique, mais une obsession. Or les obsessions donnent rarement lieu à des politiques équilibrées et rationnelles.

Une sphère d’influence russe

Chauffé à blanc par tant de révisionnisme historique, le lecteur en oublierait presque que l’Ukraine et la Russie – à la différence, disons, de l’Allemagne et de l’Autriche – sont en guerre depuis près de huit ans. La pierre d’achoppement pour la Russie a été la révolution de Maidan de 2014, au cours de laquelle des Ukrainiens pro-européens ont renversé leur gouvernement. Cette révolution a été déclenchée lorsque le président ukrainien de l’époque Viktor Ianoukovitch a décidé, fin 2013, sous la pression de la Russie, de ne pas signer l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne. Au lieu de cela, il a cherché à resserrer les liens avec la Russie. Le nouveau gouvernement ukrainien, qui prendra ses fonctions après la révolution, va faire volte-face et finalement signer cet accord. « Pour la Russie, c’est un coup dur », déclare Ria Laenen, professeur d’études russes à l’Université catholique de Louvain. À l’époque, la Russie venait de fonder l’Union économique eurasienne, une sorte de contrepoids à l’Union européenne à laquelle elle espérait unir des États principalement ex-soviétiques. Personne en Russie n’avait prévu que l’Ukraine ne participerait pas.

« Au Kremlin, l’offre européenne à l’Ukraine a été perçue comme un plan infâme de l’Occident visant à humilier la Russie. Le régime russe est fermement convaincu que la Russie est une superpuissance et qu’à ce titre, elle a un droit inaliénable à une sphère d’influence. Cette conviction existait déjà avant l’arrivée de Poutine au pouvoir », affirme Laenen. La Russie attend des pays situés dans sa sphère d’influence, tels que l’Ukraine et le Belarus, qu’ils coordonnent leurs politiques intérieures et étrangères avec Moscou. « Du point de vue ukrainien, cependant, le choix du traité européen était tout à fait compréhensible. Si l’Ukraine veut un jour devenir une démocratie fonctionnelle, elle ne peut pas appartenir à l’Union eurasienne et doit se détacher de la Russie ».

Au départ, la Russie pensait pouvoir faire rapidement tourner la situation à son avantage. Après avoir, en février 2014, conquis et annexé la Crimée en un rien de temps, la Russie a décidé en mars 2014 de soutenir les rebelles dans l’est de l’Ukraine. Ces derniers vont créer les Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk en avril 2014. Mais l’espoir qu’une telle déstabilisation provoquerait l’effondrement du nouveau gouvernement ukrainien va rester lettre morte. Grâce à un soutien aérien, des livraisons d’armes américaines et l’aide de milices aux origines un peu obscures, l’armée ukrainienne va parvenir à faire face. Ces huit dernières années, les Républiques populaires ont été maintenues à flot grâce à l’argent russe et leurs résidents reçoivent sans problèmes des passeports russes.

Officiellement, il y a un cessez-le-feu entre l’Ukraine et les Républiques populaires. Le protocole dit de Minsk devrait, à terme, réintégrer Donetsk et Louhansk dans l’Ukraine, mais en leur accordant une large autonomie. Cependant, l’accord est au point mort depuis 2015. Si Petro Porochenko, le précédent président de l’Ukraine, était trop heureux de demander un cessez-le-feu, il ne semblait pas disposé à accorder aux Républiques populaires un « statut spécial ». L’actuel président Volodimir Zelensky, qui a été élu en 2019 sur la promesse qu’il parviendrait à faire la paix avec la Russie, semble également avoir mis ces ambitions de côté. « Zelensky a remarqué que chaque concession faite à la Russie se payait cher politiquement », déclare Maria Zolkina, analyste politique au sein du groupe de réflexion ukrainien Ilko Kucheriv Democratic Initiatives Foundation. « Comme il veut être réélu, il n’a aucun intérêt à un compromis puisque cela ne ferait que lui causer des problèmes électoraux. Aujourd’hui, Zelensky est complètement sur la ligne de Porochenko et contre laquelle il s’était pourtant tant battu pendant sa campagne ».

Au sein du régime russe, il existe une profonde incompréhension de l’attitude du gouvernement ukrainien. « Ils ne semblent pas comprendre que l’Ukraine est fondamentalement différente de la Russie ou du Belarus », déclare Mme Zolkina. L’Ukraine possède une société civile très active, qui n’hésite pas à descendre dans la rue pour faire pression sur ses dirigeants. L’Europe et l’Amérique sont également régulièrement accusées par la Russie de ne pas exercer une pression suffisante sur l’Ukraine pour l’obliger à se conformer. Après tout, si Poutine croit à son propre essai – et il n’y a aucune raison de croire le contraire – l’Ukraine est dominée par des « forces extérieures », que Zelensky peut ramener à la raison en claquant des doigts. « De nombreux experts du Kremlin surestiment l’influence des pays occidentaux en Ukraine », déclare Sergej Oetkin, analyste politique au Conseil russe des affaires internationales. Ils sont convaincus que Joe Biden n’a qu’à appeler Kiev pour arriver à ses fins. Sauf que ça ne marche vraiment pas comme ça. L’Occident a une influence, bien sûr, mais il ne détermine pas le comportement de l’Ukraine ».

Stratégie de négociation

Une vieille blague soviétique raconte que deux soldats observent un regroupement de troupes à la frontière. « Pourquoi y a-t-il tant de soldats à la frontière ? » demande le premier. « Au cas où il y aurait des provocations », répond l’autre. « Mais que se passe-t-il s’il n’y a pas de provocations ? » demande le premier. L’autre répond : « Comment est-ce possible, avec tant de soldats à la frontière ? »

Mais même une bonne dose d’humour noir ne masque que mal que le renforcement substantiel des troupes à la frontière ukrainienne est une source de préoccupation. En réalité, cet attroupement dure depuis presque un an. En mars et avril 2021, la Russie a stationné près de 100.000 soldats avec des chars et des systèmes de missiles à la frontière ukrainienne. Ce renforcement s’inscrivait dans le cadre des préparatifs de Zapad-21, les exercices militaires à grande échelle en Russie et en Biélorussie par lesquels la Russie se prépare à une éventuelle confrontation avec l’OTAN. Mais après les manoeuvres, une grande partie de l’équipement – initialement stationné dans les bases de l’armée sibérienne – est restée sur place. Depuis décembre, des troupes et des équipements ont de nouveau été envoyés à la frontière russo-ukrainienne. La semaine dernière, la Russie a annoncé qu’elle organiserait de nouvelles vastes manoeuvres. Début février, des exercices terrestres de grande envergure auront en effet lieu à la frontière polono-lituanienne avec le Belarus. Parallèlement, le mois prochain, des exercices navals auront lieu en plusieurs endroits. Des exercices auxquels participera la quasi-totalité de la flotte russe.

Soldats russes dans la zone frontalière avec l’Ukraine

Lors de cette démonstration de force, la Russie ne se cache pas le moins du monde. En outre, elle insiste sur le fait qu’elle cherche avant tout à négocier, tout en présentant un ensemble de demandes très fortes. Par exemple, la Russie exige une déclaration écrite selon laquelle l’Ukraine et la Géorgie ne devraient jamais devenir membres de l’OTAN. L’alliance doit également retirer tous les missiles à courte et moyenne portée des pays qui ont adhéré après 2004 et elle doit réduire complètement sa coopération militaire en Europe de l’Est. Ces demandes pointues sont surprenantes d’un point de vue occidental. Au sein de l’alliance de l’OTAN, l’enthousiasme pour l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie est plutôt limité, et même en Ukraine, personne n’envisage que le pays puisse adhérer dans un avenir proche. Et même si l’OTAN, dans un peu probable accès d’hystérie, devait garantir par écrit que l’Ukraine et la Géorgie ne rejoindront jamais l’OTAN, la Russie ne fera de toute façon jamais confiance à « l’Occident indigne de confiance ».

Maria Zolkina reconnaît dans cette approche une stratégie de négociation russe classique. Avec le renforcement des troupes à la fin du mois d’août, la Russie espérait surtout organiser une rencontre entre Biden et Poutine. Les lourdes exigences sont également une habitude récurrente de la diplomatie russe. « Il n’y a personne au Kremlin qui s’attend sincèrement à recevoir un jour une garantie écrite », dit Zolkina. « La Russie formule délibérément des demandes qu’il est impossible de satisfaire. Si les Russes reviennent sur certaines de leurs exigences au cours des négociations, ils ont l’impression d’avoir fait d’énormes concessions alors qu’ils n’ont obtenu que ce qu’ils voulaient auparavant. » Oetkin ne pense pas non plus que le Kremlin croit réellement pouvoir chasser l’OTAN d’Europe centrale et orientale. La Russie espère surtout faire douter les pays de l’OTAN. Si suffisamment de pays ont l’idée que l’adhésion de l’Ukraine menace leur propre sécurité, il n’y aura jamais de consensus politique au sein de l’OTAN pour une adhésion de l’Ukraine ».

Mais le fait que la Russie n’ait pas nécessairement l’intention de raser Kiev ne signifie pas qu’il n’y a pas un énorme risque d’escalade. « Tant du côté russe qu’ukrainien, une mauvaise estimation des risques est réelle. Les semaines et les mois à venir seront particulièrement dangereux », prévient Zolkina. La Russie renforce ses troupes depuis près d’un an maintenant et n’a pas vraiment obtenu de résultats. L’effet de l’accumulation risque donc de disparaître progressivement. « On s’habitue à tout, même 100.000 soldats russes à la frontière ukrainienne. Si la Russie ne montre pas qu’elle est prête à utiliser ses troupes, cela ne fonctionnera plus comme « moyen de pression ». Si la Russie décide de recourir à l’agression armée, celle-ci sera probablement limitée et visera les Républiques populaires. Tant que la Russie ne déclenche pas une troisième guerre mondiale, il n’y aura pas de sanctions sévères« , déclare Zolkina. « Si l’attaque est limitée, cela signifie effectivement encore plus d’effusions de sang et de souffrances pour l’Ukraine, mais l’Occident sera avant tout soulagé. Cela se passe assez loin de chez eux pour qu’ils puissent l’ignorer.

Forteresse assiégée

Dans le même temps, il serait trop facile de considérer le conflit actuel comme le jeu habituel des superpuissances. Le régime russe a subi des changements radicaux ces dernières années. Cela est dû en grande partie à l’influence croissante des services de sécurité au sein de l’administration présidentielle. Aujourd’hui, les principaux conseillers et collaborateurs de Poutine ont presque tous un passé dans l’armée ou les services de renseignement. Depuis la pandémie, cet isolement est même devenu une réalité factuelle. Alors que Poutine ne prenait déjà guère la peine de faire la navette entre sa résidence officielle et le Kremlin avant la pandémie, sa maison est devenue depuis 2020 une forteresse impénétrable.

Lorsque Poutine a brillamment remporté l’élection présidentielle de 2018, les spéculations sur son successeur étaient encore nombreuses. Le régime russe était alors déjà autoritaire et répressif, mais pas plus que ce qui était strictement nécessaire. Des opposants comme Alexeï Navalny étaient surveillés et contrecarrés, mais étaient encore tolérés comme une sorte de soupape sociale. Les manifestations dans les grandes villes étaient elles aussi tolérées et vues comme un thermomètre du mécontentement. Tant que les Russes ne s’organisaient pas en partis ou en mouvements, ils étaient autorisés à fulminer en ligne contre la bande de voyous corrompus qui dirigeait leur pays. Mais l’époque où le régime affichait une façade de décence est révolue. La principale raison de ce changement de cap est la prise de conscience que Poutine ne peut plus accroître sa popularité. En 2014, il a encore pu renflouer sa popularité déclinante en annexant (en Russie, on parle invariablement de  » réunification « ) la Crimée. L’effet était temporaire. Des années de stagnation économique – en partie dues aux sanctions occidentales – et une réforme radicale et extrêmement impopulaire des retraites en 2018 ont fait voler en éclats le contrat social entre le régime et le peuple.

Dans ces circonstances, un changement de pouvoir ne serait pas opportun, voire même dangereux. En outre, Poutine a remarqué que les spéculations sur son successeur affaiblissaient sa propre position. En juillet 2020, au milieu d’une pandémie qui a provoqué un carnage sans précédent en Russie, la nouvelle constitution a été adoptée par référendum. Cette nouvelle constitution préserve la limite de deux mandats présidentiels consécutifs, mais remet le compteur à zéro pour Poutine. Concrètement, s’il le veut, il peut rester au pouvoir jusqu’en 2036.

Pendant longtemps, la vieille sagesse russe voulait que l’absurdité des lois russes soit invariablement compensée par leur non-application. Cette époque semble également révolue. En mars 2019, Poutine a signé une loi qui criminalise le fait de  » manquer de respect à l’État russe « . En décembre 2020, la loi sur les agents étrangers a été renforcée, permettant à peu près à toute organisation ou personne traitant avec des non-Russes d’être marquée au fer rouge. Sur la base de ces nouvelles lois, plusieurs Russes ont depuis été condamnés pour un tweet ou un like qui a déplu aux autorités.

Dans un régime de plus en plus autoritaire, cela crée une logique dans laquelle les services de renseignement, les gouverneurs, les bourgmestres et, en fait, tous les dirigeants ont un intérêt politique à adopter la ligne dure. Dans ce contexte, les adversaires politiques ne sont plus des adversaires, mais des ennemis qui doivent être détruits. La manifestation la plus visible de cette évolution a été la tentative de meurtre d’Alexeï Navalny en août 2020.

Guerre des cultures

Cette focalisation sur la sécurité et l’application de la loi est également de plus en plus évidente dans la politique étrangère russe. En juillet, la Russie a mis à jour sa stratégie nationale, un document dans lequel elle définit ses objectifs stratégiques au sens large. Outre ses efforts louables pour améliorer les soins de santé et les services sociaux et pour lutter contre le changement climatique, le document donne l’image d’une Russie et de l’Occident plongés dans une guerre culturelle à mort. Le document affirme que l’Occident veut détruire « les valeurs traditionnelles spirituelles, morales et historico-culturelles de la Russie ». Avec son « égoïsme, sa permissivité et son manque de responsabilité », l’Occident corrompt la jeunesse russe. Ces tentatives perfides proviennent non seulement de « l’Amérique et de ses alliés », mais aussi de « multinationales », d' »ONG étrangères », de « groupes religieux » et d' »organisations terroristes ». Le texte donne l’impression que la Russie n’est qu’un bastion de vieux hommes empêtrés dans une vision du monde qui n’existe plus.

La tragédie pour la Russie est que, dans un sens, il est déjà trop tard. Alors qu’il y a dix ans, le peuple ukrainien était encore divisé sur la question de savoir quelle direction devait prendre son pays, le choix semble désormais fait. Alors qu’auparavant, les Ukrainiens s’identifiaient principalement à la région ou à la ville dont ils étaient originaires, aujourd’hui, plus de 70 % s’identifient à l’Ukraine. Près de trois quarts des Ukrainiens considèrent désormais la Russie comme un « État hostile ». Alors qu’il y a dix ans, plus de 20 % des Ukrainiens étaient favorables à une union avec la Russie, ils sont aujourd’hui à peine 7 %. Quelque 60 % des Ukrainiens souhaitent rejoindre l’OTAN et l’Union européenne. Trente-neuf pour cent souhaitent même fermer définitivement la frontière avec la Russie. Si les Russes et les Ukrainiens sont bel et bien des peuples frères, ils auront des explications à donner lors de la prochaine fête de famille.

« La Russie n’arrive tout simplement pas à comprendre la société ukrainienne », déclare Zolkina. « Au plus la Russie s’époumone à dire que l’Ukraine appartient au monde russe, au plus les Ukrainiens se détournent de la Russie. Le fait que les Ukrainiens aient aujourd’hui une forte conscience nationale est largement dû à la façon dont la Russie s’est comportée au cours des huit dernières années ». Pour l’historien Vladimir Poutine, cette idée peut être une source de réconfort. S’il ne devient pas le destructeur de l’État ukrainien dans les semaines et les mois à venir, il a encore une chance d’entrer dans l’histoire en tant que fondateur de cet État.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire