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L’horreur des camps nord-coréens

Le journaliste américain Blaine Harden décrit dans son livre les horreurs perpétrées dans les camps nord-coréens. Son récit est issu du témoignage d’un fugitif.

Un nouveau rapport des Nations unies met en lumière l’enfer des camps nord-coréen et les compare même au régime nazi lors de la Deuxième Guerre mondiale. Dans ces camps de concentration, les avortements contraints, les exécutions publiques et la torture sont monnaie courante.

Le journaliste américain Blaine Harden, qui travaille notamment pour le Washington Post et le New York Times, est spécialiste de la Corée du Nord et a écrit la biographie de Shin Dong-hyuk. Ce dernier est, à l’heure actuelle, le seul fugitif a être né dans un camp de concentration nord-coréen. À l’âge de 22 ans, il a réussi à fuire le camp où il était né pour rejoindre dans un premier temps la Corée du Sud et la Chine avant de s’envoler vers les États-Unis.

Durant deux ans le journaliste l’a suivi et interrogé sur ce qui se passait derrière les barbelés du camp 14, réputé comme étant le plus sévère d’entre tous. Si la vérification des faits est impossible, puisqu’aucun étranger n’a pu pénétrer dans ces camps, son témoignage n’en rejoint pas moins celui d’autres anciens prisonniers et surveillants des camps.

Dans ces camps, sont détenus, selon les estimations, entre 150.000 et 200.000 « prisonniers politiques ». La plupart ont été envoyés là sans la moindre forme de procès. Il est vrai que le régime est connu pour employer l’inculpation par association. Une inculpation qui ne se contente pas seulement d’arrêter la personne accusée du délit, mais aussi ses enfants et ses parents. Et ce, afin « d’éradiquer la semence des ennemis sur trois générations. »

Le manque de nourriture est une généralité en Corée du Nord, mais il est encore plus aigu dans les camps. Les prisonniers du camp 14 survivent sur un régime de maïs, de chou et de sel. Pour lutter contre la famine les prisonniers mangent du rat et des insectes. Mais ils se font aussi vomir pour remanger leur repas et s’empêchent d’aller aux toilettes pour garder leur nourriture plus longtemps. Une à deux fois par an, les détenus reçoivent de nouveaux vêtements. Ils n’ont pas de savon, de chaussettes, de sous-vêtements, de papier toilette, d’eau courante ou de lit.

Ils travaillent 12 à 14 heures par jour, les enfants aussi. La plupart des prisonniers marchent courbés après leur quarante ans et n’atteignent pas leur cinquante ans. Ceux qui ne remplissent pas leurs quotas sont passibles de la peine de mort. Des centaines de milliers de personnes auraient déjà péri dans ces camps selon des organisations des droits de l’homme.

Les camps sont entourés de barricades électrifiées et de miradors gardés par des hommes armés. Celui qui tente de s’échapper est tué sur le coup. Ceux qui sont témoins d’une évasion doivent immédiatement le signaler sous peine d’être exécutés à leur tour.

Tout cela fait que l’amour, la confiance et le sens de la famille ne sont plus que des termes abstraits, surtout pour ceux qui n’ont connu que les camps, tant la lutte pour la survie est rude. Même des membres d’une même famille peuvent se dénoncer pour avoir des récompenses ou plus de nourriture.

Il ne peut y avoir plus de deux prisonniers groupés dans un même endroit sous peine de lourdes sanctions. Le seul moment où cette règle n’est plus de vigueur c’est lors d’exécution publique. C’est comme cela que Shin a pu assister depuis le premier rang à l’exécution de son frère et de sa mère après une tentative ratée d’évasion. Après cette tentative, Shin fut lui-même torturé par des gardiens qui espéraient obtenir des informations. Il garde encore des traces des lourdes tortures subies. Il avait 13 ans à l’époque.

Les gardiens ont tout pouvoir lorsqu’il s’agit de maltraiter ou violer les détenus. Avoirs de relations sexuelles avec leurs gardiens permet aux femmes d’obtenir un peu de nourriture ou un travail moins pénible. Si jamais elles tombent enceintes, elles disparaissent. Les femmes et les hommes sont séparés les uns des autres sauf sur leur lieu de travail. Si des enfants naissent de relations sexuelles non approuvées, la mère et l’enfant sont tués.

Kevin Van der Auwera

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