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Les sanctions votées peuvent-elles faire plier l’Iran?

Les menaces de la communauté internationale ont été mises à exécution. L’ONU a sanctionné l’Iran pour ses activités nucléaires. Décryptage.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a infligé mercredi 9 juin des sanctions à l’Iran, pour la quatrième fois depuis 2006, pour tenter de le convaincre de suspendre ses activités nucléaires sensibles et rassurer la communauté internationale sur la nature pacifique de son programme. Le Conseil a adopté dans ce but la résolution 1929, rédigée par les Etats-Unis et co-parrainée par l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, par 12 voix contre 2 et une abstention. Le Brésil et la Turquie ont voté contre, le Liban s’est abstenu.

Que prévoient ces nouvelles sanctions pour l’Iran?

Le projet de résolution d’inspiration américaine est co-parrainé par le Royaume-Uni et la France avec le soutien de la Russie et de la Chine. Il prévoit la fin des investissements iraniens à l’étranger dans les secteurs sensibles comme les mines d’uranium. Autre interdiction, celle de vendre à l’Iran des chars et autres types d’armements lourds.

Le texte onusien autorise aussi l’inspection des navires iraniens en haute mer.

Ces mesures coercitives sont-elles les premières?

Non, l’Iran a déjà été sanctionnée à trois reprises depuis décembre 2006. A chaque fois pour le même motif: la République islamique chercherait à se doter de l’arme atomique sous couvert d’un programme civil. Une thèse démentie par le président iranien Ahmadinejad.

Comment sont-elles accueillies?

A l’ONU, on marque le coup: « C’est une résolution forte (…) qui aura un impact réel et significatif sur l’Iran », assure la représentante des Etats-Unis à l’ONU Susan Rice. Mais le principal intéressé lui-même n’est pas dupe. Mahmoud Ahmadinejad a dit haut et fort qu’il ne cèderait pas aux menaces. « J’ai déjà dit que l’administration américaine et ses alliés se trompent s’ils pensent qu’ils peuvent brandir le bâton d’une résolution et ensuite s’asseoir pour discuter avec nous. Une telle chose ne se produira pas », a-t-il affirmé.

A quoi vont servir ces sanctions?

Elles ont trois buts, selon Bruno Tertrais, spécialiste des questions stratégiques: d’abord, elles »rendent plus difficile la bonne marche du programme iranien notamment les importations iraniennes et le circuit de financement ». Ensuite, « ces sanctions encouragent le débat et la division à Téhéran sur la poursuite des activités sensibles du régime ». Enfin, une fonction plus symbolique:  » la communauté internationale envoie un message aux autres pays qui seraient tentés de suivre la voie de l’Iran ».

Mais auront-elles réellement un impact?

Pour Bruno Tertrais, les sanctions ont déjà une efficacité. « Il ne faut pas attendre que le nucléaire iranien « se règle d’un coup de baguette magique ». « Une résolution de sanction n’a pas pour effet de faire cesser subitement les activités iraniennes à vocation militaire, explique-t-il. Personne ne s’attend à ce que les Iraniens changent de direction du jour au lendemain. C’est un processus de longue durée. »

Emilie Cailleau

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