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Les pays européens, dont la Belgique, ont renvoyé chez eux 10.000 Afghans

L’année dernière a été la plus meurtrière jamais enregistrée en Afghanistan pour les civils, selon la mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (Manua).

Pourtant, le nombre d’Afghans renvoyés dans leur pays par des Etats européens a presque triplé entre 2015 et 2016, dénonce Amnesty International dans un rapport publié jeudi. L’an dernier, la Belgique a opéré 41 retours forcés et 160 retours volontaires.

En 2015, les pays de l’Union européenne avaient renvoyé au total 3.290 demandeurs d’asile en Afghanistan. En 2016, ce chiffre est passé à 9.460, d’après les statistiques officielles. Parallèlement, les avis favorables donnés aux demandeurs d’asile afghans sont passés de 68% à 33%.

Alors que l’Afghanistan est en proie à un conflit imprévisible qui affecte l’ensemble de son territoire, l’Europe cherche par tous les moyens à empêcher un nouvel afflux de réfugiés et multiplie les expulsions contraires aux droits fondamentaux. De retour chez eux, certains Afghans sont tués, blessés ou vivent dans la peur permanente, alerte Amnesty International.

Des chercheurs de l’organisation se sont entretenus avec 18 Afghans récemment expulsés d’Europe. Parmi eux, une femme dont le mari avait été enlevé par un groupe armé en 2015 puis libéré moyennant le paiement d’une rançon. Avec sa famille, elle était parvenue à fuir en Norvège. Mais ce pays a rejeté leur demande de protection internationale. Ils ont accepté un retour « volontaire » pour éviter l’enfermement dans un centre de détention, avant que le mari ne soit tué quelques mois après son retour.

D’autres demandeurs d’asile déboutés, parfois mineurs, ont été blessés dans des attentats ou craignent en permanence pour leur vie en raison de leur orientation sexuelle ou leur religion. Certains sont envoyés dans des secteurs du pays qu’ils ne connaissent pas, en dépit de l’insécurité et de la culture de l’impunité qui y règnent.

La Belgique n’hésite pas à renvoyer des demandeurs d’asile à Kaboul, alors que la capitale et sa province restent la zone la plus meurtrière du pays, ajoute Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Selon l’ONG, l’Union européenne agit en toute conscience. Elle a signé en 2016 avec l’Afghanistan un accord baptisé « Action conjointe pour le futur », qui vise à faciliter le retour au pays des ressortissants afghans. S’il procède officiellement d’une volonté de solidarité et de collaboration, il fait en réalité pression sur l’Afghanistan, déplore Amnesty International. L’organisation demande un moratoire immédiat sur les retours en Afghanistan, « tant que ceux-ci ne pourront pas se faire dans la sécurité et la dignité ».

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