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Les monarchies du Golfe, véritable porte-avions américain dans une région sous tension

Le Vif

Les États-Unis disposent en permanence dans le Golfe persique, une région agitée par de fréquentes crises, dont la dernière en date est l’offensive des jihadistes de l’Etat islamique (EI) dans le nord de l’Irak, d’un puissant arsenal militaire grâce à la bienveillance de trois monarchies qui comptent parmi leurs meilleurs alliés régionaux, Bahreïn, le Qatar et les Emirats arabes unis (EAU).

Le petit royaume de Bahreïn (765,3 km2) abrite à Manama le siège de la 5ème flotte américaine, actuellement articulée autour du porte-avions USS George Bush, dont les avions, des chasseurs-bombardiers F-18, ont mené les premiers raids sur des positions de l’EI. L’émirat voisin du Qatar (un tiers de la superficie de la Belgique) accueille pour sa part sur sa base d’al-Udeid, près de Doha, le centre d’opérations aériennes (« Combined Air Operations Centre », CAOC) qui permet aux États-Unis et à l’Otan de contrôler les cieux depuis le nord de l’Irak jusqu’à l’est de l’Afghanistan. Et la même base abrite une impressionnante flotte de gros appareils militaires, allant du ravitailleur KC-135 au bombardier stratégique B-1B en passant par les avions de reconnaissance RC-135 et E-8, capables de détecter les mouvements de troupes au sol. Sans oublier les discrets EA-6B des Marines, chargés notamment de brouiller les fréquences utilisées par les insurgés talibans pour activer les bombes qu’ils posent le long des routes afghanes, a constaté sur place l’agence BELGA.

De tous ces appareils, affectés au 379ème Air Expeditionary Wing (AEW), les plus agressifs sont sans conteste les B-1B « Lancer » dont une demi-douzaine opèrent au départ d’al-Udeid. Ces bombardiers, conçus au départ pour porter le feu nucléaire au cours de l’ex-Union soviétique avec des missiles de croisière, ont été modifiés en « camions à bombes » plus classiques, mais dotées d’un système de guidage de précision laser et/ou GPS. Leur rayon d’action leur confère l’endurance pour effectuer des missions d’une dizaine d’heures au-dessus de l’Afghanistan, dans l’attente d’une éventuelle demande d’appui aérien de la part de troupes terrestres de l’Otan « au contact » avec les talibans, a expliqué un colonel de l’US Air Force au « patron » de l’armée belge, le général Gerard Van Caelenberge, en visite sur place.

Un B-1 peut ainsi emporter jusqu’à 84 bombes de 250 kilos ou une combinaison d’engins plus gros mais en plus petit nombre – alors qu’un chasseur F-16, comme les appareils belges déployés en Afghanistan, ne sont armés que de… deux bombes. Les six B-1 déployés assurent à eux seuls 20% des capacités de soutien aérien rapproché (« Close Air Support », CAS) disponibles sur ce théâtre d’opération, a précisé cet officier à l’agence BELGA sous le couvert de l’anonymat. A 40 minutes de vol d’al-Udeid, la base d’al-Dhafra, dans les Emirats arabes unis (EAU), face à l’Iran, accueille pour sa part un nombre indéterminé de drones de différents types, d’avions de combat – dont à l’occasion des chasseurs furtifs F-22 « Raptor », les plus récents de l’arsenal militaire américain. Ils sont rassemblés sous la tutelle du 380 AEW sur la principale base aérienne émiratie, qui accueille aussi depuis 2008 un détachement permanent français sous le nom de BA 104.

Par goût du secret, les militaires américains répugnent à faire état de leur présence à al-Dhafra, située à proximité d’Abou Dhabi, préférant parler, notamment sur le site web du Pentagone, d' »undisclosed location in Southwest Asia » (un lieu non révélé en Asie du sud-ouest). Mais ils admettent que l’unité est commandée par le général de brigade John Quintas. La base d’al-Dhafra abrite la majorité des avions de combat des Emirats, des Mirage 2000 français et des F-16 américains de dernière génération, qui ont notamment participé en 2011 à l’opération de l’Otan en Libye aux côtés des aviateurs de l’Alliance.

La force aérienne émiratie y organise aussi un cours baptisé « Advanced Tactical Leadership Course » (ATLC), assez similaire, selon les experts, au « Tactical Leardship Program » (TLP), jadis établi en Belgique, mais qui s’est s’installé dans le sud de l’Espagne.

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