Taavi Roivas, Alexis Tsipras, Matteo Renzi et Charles Michel © Reuters

Les jeunes premiers ministres sont-ils en train de conquérir l’Europe?

Annelies Van Erp

À l’instar de Matteo Renzi en Italie (40 ans) et Charles Michel (actuellement 39 ans), Alexis Tsipras (40 ans) est le plus jeune premier ministre que la Grèce ait connu. L’Europe serait-elle animée d’un souffle nouveau ?

Depuis 2014, plusieurs pays européens sont dirigés par un jeune premier ministre. Âgé de 35 ans, Taavi Roivas, le premier ministre d’Estonie (Partie de la Réforme d’Estonie) remporte la palme. Charles Michel (MR) et Matteo Renzi (Parti démocratique) avaient respectivement 38 et 39 ans lorsqu’ils se sont vu confier la direction d’un gouvernement. La progression de « jeunes gars » révèle-t-elle une tendance ou s’agit-il d’un hasard ?

« Nul doute que le hasard joue un rôle » explique Hendrik Vos, professeur en politique européenne à l’Université de Gand. « La crise joue également un rôle. Le mécontentement explique le remplacement rapide de dirigeants, de sorte que les hommes politiques sont rapidement ‘virés’. Contrairement à il y a dix ans et surtout au sud de l’Europe, ils ne restent plus au pouvoir pendant des générations ».

Selon Vos, la Grèce illustre très bien cette tendance. « La gauche était au pouvoir juste après l’éclatement de la crise. En 2012, le parti conservateur de droite, Nouvelle Démocratie, dirige le gouvernement, pour laisser la place trois ans plus tard à une nouvelle alternative de gauche ».

Changement

De plus, ces jeunes premiers ministres dirigent un gouvernement qui plaide pour le changement. Il n’y a pas que chez nous que Charles Michel dirige un gouvernement de changement, en Italie aussi, Matteo Renzi souhaite une rupture avec le passé. Pendant sa campagne, il a annoncé qu’il instaurerait une nouvelle réforme par mois et il a même promis de démissionner s’il ne tenait pas ses promesses. « On ne doit pas s’attendre immédiatement aux grands bouleversements plaidés par tous ces leaders » nuance Vos. « Bien entendu, ils peuvent se focaliser sur d’autres aspects, mais les politiques doivent continuer le travail de leurs prédécesseurs. Il existe des engagements pris précédemment auxquels les nouveaux dirigeants doivent se conformer ».

S’identifier aux leaders

En outre, ce n’est parce qu’un nouveau visage dirige un gouvernement que tous les collaborateurs sont renouvelés. Les techniciens, les conseillers et les experts restent à leur poste après un changement de gouvernement. À l’heure actuelle, l’âge moyen d’un premier ministre européen oscille autour des 55 ans.

Néanmoins, un nouveau visage peut être précieux pour l’image de la politique. « Il est effectivement important que les citoyens puissent s’identifier avec les hommes politiques » reconnaît Vos. « La perte de la foi en la politique de la part des jeunes est un des maux de l’Europe. Aussi, un personnage enthousiaste peut-il exercer une influence positive, même s’il ne faut pas être naïf : pour rendre la politique européenne populaire, il faut plus qu’un leader jeune et charismatique ».

Ces jeunes leaders sont le plus souvent critiqués pour leur manque d’expérience. « Sur ce plan, le poste de premier ministre est comparable à n’importe quel job, on ne l’apprend que par la pratique  » estime Vos.

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