
Les étudiants noirs d’Harvard se révoltent contre le racisme qu’ils subissent
Avec un président noir depuis plusieurs années, on imaginait que le racisme était en voie de disparition aux Etats-Unis. Il n’en est rien. Sur le célèbre campus d’Harvard, les étudiants noirs ressentent constamment un racisme latent.
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La prestigieuse université d’Harvard ne compte que 11 % d’étudiants noirs. Ils représentent donc une minorité et se sentent souvent réduits à leur condition de personne noire. Il ne s’agit pas d’un racisme assumé et frontal, mais bien d’un racisme latent, de réflexions blessantes qui renvoient toujours ces étudiants à leur couleur de peau et à leurs origines.
« Au début de l’année quand je me suis présentée, certaines personnes ont fait un pas en arrière et m’ont demandé : mais qu’es-tu ? », raconte une étudiante, « et j’ai dit : que veux-tu dire par là ? Et il a dit : quelle est ta race ? Je suis à moitié blanche et à moitié noire, ai-je répondu. Quoi tu es noire ? a-t-il réagi. Non. Je suis à moitié blanche et à moitié noire. Je suis tout le package. Je ne suis pas l’un ou l’autre. Je suis les deux. »
Une autre étudiante témoigne : « Il y a toujours ce moment en cours, où tu es le seul noir et survient le sujet du racisme ou de l’esclavage. Tout le monde te regarde comme si tu étais là pour parler au nom de ta race. Et c’est frustrant, car tu espérais que les gens avaient compris qu’il y a beaucoup de personnes noires différentes et qu’ils n’ont pas tous la même opinion sur les mêmes sujets ».
Ces clichés auxquels les étudiants font face ont inspiré Kimiko Matsuda-Lawrence pour son projet d’étude. Elle a donc décidé de lancer une campagne de sensibilisation sous le nom « I, too, am Harvard » (Je suis aussi Harvard) en référence au poète noir Langston Hughes qui a écrit « I, too, am American ».
Pour promouvoir cette campagne, l’étudiante a créé un Tumblr sur le web début mars. « Nos voix ne sont pas assez entendues sur le campus, notre expérience est dévaluée, notre présence est remise en question: ce projet est notre façon de répondre et de clamer au campus: nous sommes là ! Cet endroit est aussi le nôtre. Nous, aussi, nous sommes Harvard », explique-t-elle d’emblée sur le site internet où sont publiés des dizaines de portraits d’étudiants portant une pancarte avec une réflexion marquante qu’ils ont entendue : « S’il te plaît, ne touche pas mes cheveux… je ne suis pas un animal », « Est-ce que vous courrez tous si vite parce que vous avez passé votre temps à fuir les flics? », « n’as-tu jamais souhaité d’être blanc comme nous tous ? » ou encore « Non, je n’écoute pas que du rap ».
L’administration de l’université a positivement accueilli ce projet et salué son succès sur le web : « Tous nos étudiants ont leur place à Harvard ».
En Angleterre, cette initiative a déjà inspiré les étudiants noirs d’Oxford qui ont lancé leur propre Tumblr sur le web, sur le même principe des portraits avec pancarte.
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