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Les dirigeants européens se penchent sur le sort des migrants, mais déçoivent déjà

Les chefs d’Etat et de gouvernement des 28 Etats membres de l’Union européenne se retrouvent jeudi après-midi pour un sommet européen convoqué en urgence après plusieurs naufrages d’embarcations précaires sur lesquelles avaient pris place des centaines de migrants. On évalue à plus de 1.750 le nombre de migrants ayant péri depuis le début de l’année en tentant de rejoindre l’Europe.

C’est le dernier naufrage en date, dimanche, qui a poussé le président du Conseil européen, Donald Tusk, à convoquer une réunion d’urgence des dirigeants européens. Les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur ont déjà adopté lundi un plan en dix points proposés par la Commission européenne, mais les vraies décisions appartiennent aux chefs d’Etat et de gouvernement.

A leur arrivée, ceux-ci ont tous insisté sur le fait qu’il fallait sauver des vies, « sauver ces pauvres gens », selon les mots du Premier ministre britannique David Cameron. « Le budget de la Coopération au développement sera utilisé pour stabiliser les pays d’origine », a poursuivi David Cameron, tout en précisant que les migrants « devaient être amenés dans le pays sûr le plus proche, l’Italie, sans que cela ouvre automatiquement un droit à l’asile en Grande-Bretagne ».

Le Premier ministre belge Charles Michel a indiqué que la Belgique était « prête à prendre sa part de responsabilités ». « On ne peut plus rester les bras ballants », a-t-il commenté. « Aujourd’hui, nous allons déterminer si nous pouvons encore tolérer que cela se reproduise systématiquement ou si nous nous retroussons les manches. »

L’objectif de réinstallation de 5.000 réfugiés fixé lundi par la Commission européenne est un minimum qui peut être augmenté, a encore indiqué le Premier ministre, qui a dit espérer que la réunion de jeudi déboucherait sur « des engagements à court et moyen termes (qui) peuvent changer les choses ».

Jeudi matin, plus d’un millier de personnes ont participé, à l’appel d’associations telles qu’Amnesty International ou la Ligue des droits de l’homme, à une marche funèbre en mémoire des migrants. Les associations appellent à une politique plus respectueuse des migrants, et les réponses que prévoient d’apporter les dirigeants européens jeudi risquent de les décevoir.

Dans un projet de déclaration finale, les 28 s’engagent à tout faire « pour identifier, capturer et détruire les bateaux avant qu’ils ne soient utilisés par les trafiquants ». On s’oriente en effet vers une augmentation des budgets alloués à Frontex, l’agence chargée de la surveillance des frontières extérieures de l’UE, notamment via l’opération Triton.

L’appel à plus de solidarité interne au sein de l’Union européenne, porté notamment par la Belgique, se heurte à la réticence de la Grande-Bretagne et des pays d’Europe orientale, peu désireux d’accueillir plus de migrants. La pression s’accentue aussi sur les pays du sud de l’Europe – Espagne, Italie, Grèce -, points d’entrée des migrants en Europe, pour qu’ils appliquent plus strictement les mesures prévues par le droit européen, et notamment l’enregistrement systématique des empreintes digitales des nouveaux arrivants afin de mieux gérer leurs demandes d’asile.

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