Les députés britanniques en passe d’ouvrir les vannes du Brexit

Le Vif

Après trois ans et demi de blocages à Westminster, les députés britanniques doivent donner jeudi leur feu vert au Brexit le 31 janvier, qui ouvrira une page blanche ardue à remplir dans les relations tumultueuses entre le Royaume-Uni de l’Union européenne.

La majorité écrasante dont dispose Boris Johnson depuis les élections législatives de décembre laisse peu de doute sur le vote prévu dans la journée à la Chambre des communes, après un débat expédié en quelques séances malgré la complexité du sujet et les enjeux historiques.

Le texte, qui traduit dans la loi britannique l’accord de 535 pages conclu par le Premier ministre britannique avec les 27, devrait passer comme une lettre à la poste.

Il devra alors être validé par la Chambre des Lords puis promulgué par la reine, ce qui devrait relever de la formalité. Restera alors au Parlement européen à ratifier le traité et le Royaume-Uni deviendra le 31 janvier à 23h00 (heure de Londres et GMT) le premier pays membre à quitter l’Union européenne.

Cette date tournera une page du chaos politique qui s’est emparé du Royaume-Uni depuis le référendum de juin 2016, remporté à 52% par le « Leave ». Pendant les plus de trois ans qui ont suivi, les Britanniques se sont déchirés sur le sujet et le Parlement a rejeté l’accord négocié par l’ex-Première ministre Theresa May sans proposer d’autre scénario, faisant craindre jusqu’à récemment une sortie brutale ou un renoncement.

L’arrivée au pouvoir du bouillonnant Boris Johnson, fervent partisan du Brexit et sa victoire électorale ont tranché la question, sans résoudre tous les défis qui se posent.

Appel au réalisme

L’accord de Brexit négocié avec Bruxelles règle dans les grandes lignes le divorce en garantissant notamment les droits des citoyens et en réglant le casse-tête de la frontière irlandaise. Surtout, il vise à garantir un passage en douceur vers une relation future qui reste totalement à déterminer.

S’ouvrira à partir du 31 janvier une période de transition courant jusqu’à la fin 2020, censée permettre à Londres et Bruxelles de s’y préparer. Les Britanniques continueront d’appliquer les règles européennes et d’en bénéficier – sans siéger dans les institutions européennes ni avoir leur mot à dire sur les décisions.

Après trois reports du Brexit, prévu initialement en mars dernier, ce délai s’annonce très court pour négocier des accords de libre-échange ou de sécurité, qui généralement prennent des années à mettre en place.

Pour Boris Johnson, pas question de prolonger la transition au-delà de 2020, possibilité envisagée par l’accord de Brexit.

Il l’a redit mercredi à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qu’il a reçue à Londres, appelant à commencer « dès que possible » à négocier.

Face au calendrier serré, Downing Street a cependant laissé entendre que Londres pourrait se contenter d’un accord partiel si aucun accord global n’était trouvé d’ici à la fin de l’année.

La cheffe de l’exécutif européen a, elle, prévenu que les discussions seraient « dures » et qu’il serait impossible de s’accorder sur « tous les aspects » sans extension des négociations: « Nous devons choisir des priorités ».

Elle a averti que Bruxelles resterait ferme sur ses principes : « Sans concurrence équitable en matière d’environnement, de travail, de fiscalité et d’aides d’Etat, vous ne pouvez pas avoir un accès de la plus haute qualité au plus grand marché commun du monde ».

L’UE a lancé mercredi des travaux pour définir ses lignes rouges et ses objectifs dans les négociations. Ces discussions doivent orienter la Commission, chargée de présenter aux Etats membres un mandat de négociation l’autorisant à négocier en leur nom et qui pourrait être formellement adopté fin février.

Le Premier ministre croate Andrej Plenkovic, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a estimé que les deux parties devaient se montrer « réalistes ».

« Cela veut dire ne pas mettre sur la table trop de dossiers qui ne peuvent pas être réglés », a-t-il déclaré à la presse à Zagreb, citant le commerce et la pêche comme sujets prioritaires.

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