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Le Vatican met le préservatif sous conditions

Pour la première fois, un pape, Benoît XVI, admet l’utilisation du préservatif « dans certains cas », « pour réduire les risques de contamination » avec le virus VIH du sida, dans un livre d’entretiens à paraître mardi.

A la question: « l’Eglise catholique n’est pas fondamentalement contre l’utilisation de préservatifs ? « , le souverain pontife répond, selon la version originale allemande dont dispose l’AFP: « dans certains cas, quand l’intention est de réduire le risque de contamination, cela peut quand même être un premier pas pour ouvrir la voie à une sexualité plus humaine, vécue autrement ».

Jusqu’ici, le Vatican, opposé à toute forme de contraception autre que l’abstinence, réprouvait l’usage du préservatif même pour prévenir la transmission de maladies.

Le Vatican a cependant insisté dimanche sur le caractère « exceptionnel » de l’utilisation du préservatif que le pape s’est déclaré prêt à admettre « dans certains cas », répétant que son utilisation « ne représente pas la solution du problème ».

« Le pape a considéré une situation exceptionnelle dans laquelle l’exercice de la sexualité représente un vrai danger pour la vie de l’autre. Dans ce cas précis, le pape ne justifie pas moralement l’exercice désordonné de la sexualité mais considère que l’utilisation du préservatif puisse être un premier acte de responsabilité », a déclaré dans un communiqué le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi.

« Lumière du monde » Dans un livre d’entretiens « Lumière du monde », qui sort mardi en Allemagne et en Italie, le pape a admis pour la première fois l’utilisation du préservatif « dans certains cas », « pour réduire les risques de contamination » du virus du sida. Ce premier livre d’entretiens depuis que le cardinal allemand Joseph Ratzinger est devenu pape en 2005 doit être traduit en 18 langues.

L’ouvrage est le fruit de 20 heures d’interviews réalisées entre le 26 et le 31 juillet dans la résidence de vacances pontificale de Castel Gandolfo avec le journaliste allemand Peter Seewald. Ce dernier est un ancien communiste reconverti au catholicisme après une rencontre avec le cardinal Ratzinger. « Lumière du monde » sera lancé à 50.000 exemplaires dans la version italienne et 70.000 dans la version allemande.

Concernant les affaires de pédophilie mettant en cause des prêtres, Benoît XVI, 83 ans, reconnaît que « l’ampleur » du scandale était pour lui un « choc inouï ». Cependant, une démission de sa part n’est pas à l’ordre du jour.

L’Onusida salue ce « pas significatif »


Le directeur du programme Onusida, lancé par les Nations unies pour lutter contre la propagation du virus du sida, a qualifié samedi de « pas en avant significatif et positif » le fait que le pape Benoît XVI ait admis l’utilisation du préservatif dans certains cas.

« C’est un pas en avant significatif et positif aujourd’hui du Vatican », a déclaré dans un communiqué le directeur exécutif d’Onusida, Michel Sidibé. « Cette avancée reconnaît qu’un comportement sexuel responsable et l’usage du préservatif ont un rôle important dans la prévention du VIH-sida », a-t-il commenté.

De son côté l’association française Act Up-Paris a jugé que « le pape est encore loin du compte ». « Si le pape veut vraiment lutter contre l’épidémie, il faut qu’il aille beaucoup plus loin », selon l’association qui accuse le pape et l’Eglise catholique de rester « homophobe, anti-avortement et complices de 25 ans de propagation du sida à travers le monde ».

L’OMS salue les propos du pape

La directrice générale de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Margaret Chan, a salué lundi comme « une bonne nouvelle et un bon début » l’évolution du Vatican sur l’usage du préservatif, admis désormais dans certains cas pour réduire les risques de transmission du virus VIH du sida.

« Je salue cette position. Pour la première fois, l’utilisation de préservatifs dans certaines circonstances est admis par le Vatican. C’est une bonne nouvelle et un bon début pour nous », a dit Mme Chan, lors de la présentation du rapport annuel de l’OMS à Berlin.

Le Vif.be, avec Belga

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