© Capture d'écran du site Zooproject

Le street artist français Zoo Project assassiné à Détroit

Muriel Lefevre

Bilal Berreni, alias le street artist français Zoo Project , a été tué d’une balle dans la tête à Détroit dans des conditions qui restent troubles. Portrait d’un artiste poète et militant de 23 ans qui voulait dénoncer l’absurdité de la société moderne et dont le corps resta 8 mois à la morgue avant d’être identifié.

Annoncée vendredi dernier par Le Detroit Free Press, la mort de l’artiste français remontait à déjà plus de 8 mois. Tué d’une balle dans la tête, le corps du jeune artiste fut emmené à la morgue. Le fait qu’il n’avait pas ses papiers sur lui et des vêtements provenant de l’armée du salut rendait toute identification difficile. Ce sont ces boots de style européen qui mirent la puce à l’oreille d’une enquêtrice. Avec une demande de comparaison d’empreintes au niveau européen, elle a permis d’identifier l’artiste 8 mois après sa mort.

Son père interviewé par le quotidien explique que son fils s’intéressait à ce qui pouvait sortir du chaos. « Pour lui Détroit représentait l’échec du capitalisme et croyait que de ce chaos il pouvait en ressortir quelque chose ».

Bilal Berreni commence à dessiner en rue dès l’âge 15 ans dans le XXe arrondissement de Paris. Mais c’est son travail lors de la révolution tunisienne de 2011 qui lui vaut l’attention des médias français comme Le Monde ou Libération. Alors âgé de 20 ans, il veut sentir souffler le vent de la révolution. « Un jour, un homme lui demande : « Tu ne voudrais pas faire le portrait de mon frère ? » Il lui tend une photo. « Il a pris une balle perdue » raconte le journal Le Monde dans une interview qui lui est consacrée.

Suite à cette demande, il va peindre sur un mur le portrait en pied et grandeur nature de Mohammed Hanchi, 19 ans, tué le 25 février. Il n’en reste pas là et ses oeuvres représentant d’autres victimes de la révolution fleurissent sur les murs de Tunis. Peindre n’est plus alors un acte nombriliste, mais bel et bien un acte citoyen, en prise avec le monde. De peur d’être récupéré, il va quitter la Tunisie, sans prévenir, pour rejoindre la Lybie.

Il arrive dans un camp de réfugiés à la frontière libyenne où vivent entre 10.000 et 20.000 personnes, parquées dans des tentes en plein désert. Alors qu’aucun étranger n’est autorisé à dormir dans ce camp à cause des dangers inhérents à ce genre d’endroit, Bilal s’y installe. Il y dessinera des portraits qu’il plantera à des mats. Ballotées par le vent, ces oeuvres n’en sont que plus riches en mélancolie. Lorsqu’un mois plus tard il quitte le camp de Choucha, cinq réfugiés prendront la relève et continueront son oeuvre.

Peindre en toute liberté est loin d’être évident comme il le confie au journal Le Monde « C’est une dure leçon : quand tu fais vraiment ce que tu veux, tu restes seul ». Avant de préciser quelques lignes plus loin qu’ « Aujourd’hui, on a peur d’être artiste, alors on trouve un « métier artistique » : graphiste, architecte… Mais ce ne sont pas des artistes. In fine, c’est une question de passion. Ne peut faire de l’art que celui qui est passionné. »

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Un autre projet, un documentaire qui mêle cinéma et dessin intitulé « C’est assez bien d’être fou », l’avait fait partir à la recherche des fantômes de l’Ex-URSS .

En mars 2013, il se rend aux États-Unis. Le dernier contact avec sa famille remonte au 23 juillet. Son corps a été retrouvé le 29 juillet. Si on a désormais identifié sa dépouille, les causes de sa mort restent un mystère.

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