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Le pari perdu d’Emmanuel Macron

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Le Rassemblement national de Marine Le Pen gagne les élections européennes en France. Un camouflet pour le leader autoproclamé du camp des progressistes en Europe. La montée en puissance des populistes se confirme de la Pologne à la Hongrie. Autre progression notable, celle des Verts.

Commentant la forte progression du Vlaams Belang à l’échelon fédéral et régional en Belgique, l’historien et ancien ministre MR Hervé Hasquin l’a inscrite dans la tendance générale européenne de la peur de l’ouverture et de l’égoïsme du nanti. Celle-ci s’est effectivement traduite au niveau des Vingt-Huit par une progression sensible des droites populistes et extrêmes. Un des marqueurs de cette évolution a été enregistré en France où le Rassemblement national de Marine Le Pen est arrivé en tête du scrutin, avec quelque 24 % de suffrages et de 22 à 26 élus, devant la liste Renaissance de La République en marche, distancée d’un à deux pour cent. Cette victoire de l’extrême droite, qui n’est pourtant qu’une réédition en France du score de 2014, impressionne symboliquement parce que le Président français s’est personnellement engagé dans la campagne et qu’il a développé son argumentaire essentiellement sur cette opposition entre les progressistes et les nationalistes. Prise de risques au plan national parce qu’il est déjà affaibli par le mouvement des gilets jaunes et au niveau européen où ses détracteurs ne manqueront pas de le renvoyer à cette défaite s’il persiste à revendiquer une « renaissance » de l’Union européenne.

Le scrutin européen en France qui voit la liste Europe Ecologie les Verts pointer en troisième position à quelque 12 % soit une douzaine d’eurodéputés devant Les Républicains très bas à 8 % et la liste affiliée au Parti socialiste qui surnage autour des 6 %, reflète aussi une autre tendance générale : la bonne tenue des écologistes accréditée par les deuxièmes places conquises par les Verts allemands avec environ 20 % (23 élus) derrière la CDU-CSU (28 % et 28 eurodéputés) et par la Ligue verte, forte de 15 %, en Finlande.

Les résultats des partis écologistes n’ont cependant pas la même ampleur que ceux des forces populistes et d’extrême droite prises dans leur ensemble. Vainqueurs en Hongrie (quelque 56 % pour le Fidesz), en Pologne (42,2 % pour le Parti Droit et Justice, 24 sièges), en Italie (la Ligue), les eurosceptiques seront en force au Parlement européen. Mais une force dispersée en plusieurs groupes politiques. Le groupe qui représentera spécifiquement les droites extrêmes et populistes, l’alliance constituée autour de Matteo Salvini et de Marine Le Pen, constituera avec 57 élus, selon une projection établie en milieu de soirée, le cinquième en nombre de sièges au parlement derrière les conservateurs du Parti populaire européen (173) qui conservera son leadership, l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (147), celle des libéraux (102) et le groupe des Verts (71). Conservateurs et sociaux-démocrates ont donc perdu leur majorité, ce qui augure de possibles nouvelles alliances.

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