Nanga Parbat © Getty Images/iStockphoto

Le Nanga Parbat, lieu de nombreuses tragédies

Le Vif

Surnommé « la montagne tueuse », le Nanga Parbat (8.125 m, Pakistan), où l’alpiniste française Elisabeth Revol a failli périr, est un des sommets himalayens les plus redoutables de la chaîne, lieu de nombreuses tragédies.

Autour de 70 morts

Même sa voie d’accès la plus classique affiche des pentes très raides et des couloirs d’avalanche. Depuis sa première tentative d’ascension, en 1895, par l’Anglais Albert Mummery (emporté par une avalanche), 186 alpinistes ont réussi à rallier le sommet. Dans le même temps, autour de 70 personnes (sans compter les dix alpinistes étrangers tués en 2013 au camp de base par des talibans) ont perdu la vie sur ses flancs. C’est certes moins qu’à l’Everest mais les alpinistes qui tentent l’ascension du plus haut sommet de la planète (8.848 m) sont beaucoup plus nombreux: le ratio de décès par ascension se situe ainsi à moins de 6% pour le toit du monde, contre plus de 22% pour le Nanga Parbat.

L’exploit d’Hermann Buhl

Plusieurs expéditions allemandes, soutenues par le pouvoir nazi, ont tenté l’ascension dans les années 30. Il y a eu beaucoup de victimes. Un de ces alpinistes est resté célèbre: l’Autrichien Heinrich Harrer. Il a raconté ses aventures dans le best-seller mondial, « Sept ans d’aventures au Tibet ». Jean-Jacques Annaud en a fait un film, avec Brad Pitt tentant, au début, de gravir le Nanga Parbat.

C’est l’Autrichien Hermann Buhl qui atteint finalement le sommet en 1953, réalisant un extraordinaire exploit sportif, à une vitesse folle et sans oxygène, entré dans la légende de l’himalayisme. Un Italien, un Espagnol et un Pakistanais ont réalisé en février 2016 sa première ascension hivernale, Elisabeth Revol étant la première femme à le gravir en hiver.

La tragédie des frères Messner

En 1970, Günther Messner, 23 ans, et son frère Reinhold, 25 ans, qui deviendra l’un des plus grands alpinistes de tous les temps, foulent ensemble le sommet. Mais, dans la descente, effectuée par mauvais temps, Günther périt. Reinhold Messner, qui n’a pas que des amis dans le monde de l’alpinisme, est alors soupçonné, voire accusé par certains, d’avoir abandonné son frère à la mort pour survivre. Lui-même a laissé plusieurs orteils dans l’aventure.

Ce n’est qu’en 2005 que l’alpiniste se juge enfin lavé de tout soupçon lorsque le corps de Günther est retrouvé près de là où Reinhold avait dit qu’il était mort: dans une avalanche. Il devait qualifier cette affaire de « traumatisme psychosomatique où s’est forgée son identité d’alpiniste de l’extrême ». Un film a été réalisé sur cette tragédie, « Nanga Parbat » (Allemagne, 2010).

De terribles décisions

Le drame vécu par Elisabeth Revol, qui a dû prendre la terrible décision d’abandonner à son sort son compagnon de cordée, le Polonais Tomek Mackiewicz, rappelle l’incroyable aventure des Britanniques Joe Simpson et Simon Yates, survenue au Pérou. En 1985, les deux jeunes hommes entreprennent la difficile ascension du Siula Grande. Ils atteignent le sommet mais, à la descente, c’est le drame. Dans la tempête, Joe tombe et se casse la jambe. A 6.000 m, sur cette montagne isolée, c’est une condamnation à mort. Joe continue tant bien que mal mais retombe et reste pendu au bout de la corde tenue par son compagnon, entraîné dans le vide. Sûr lui aussi de mourir s’il n’agit pas, Simon coupe la corde.

Quand Simon rejoint le camp, il est certain d’avoir sacrifié son ami pour sauver sa vie. Or, contre toute probabilité, Joe a survécu et, en rampant, s’est extrait de la crevasse où il était tombé ! Joe Simpson a raconté cette histoire dans « La mort suspendue » (« Touching the void », sorti en France en 1989), best-seller adapté au cinéma. Avec ce livre, il a voulu « disculper » Simon: à sa place, il aurait agi de même.

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