Le premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, le président du Conseil européen Charles Michel, le Premier ministre slovaque Eduard Heger et le chancelier autrichien Alexander Schallenberg © Getty

Le G20 réuni à Rome: pourra-t-il convaincre sur le climat?

Le Vif

Les dirigeants du G20 des plus grandes économies mondiales ont entamé samedi à Rome une réunion de deux jours dont l’un des enjeux sera de tenter d’arriver à des engagements clairs pour le climat, juste avant la COP26 à Glasgow, en Ecosse.

« Nous devons être plus ambitieux » sur le climat, a ainsi affirmé le président du Conseil européen Charles Michel, évoquant « deux débats en parallèle: devrions-nous améliorer notre ambition commune au niveau du G20, renforcer les objectifs sur la neutralité climatique (…). Et aussi, quels sont les objectifs concrets? »

« Les prochaines heures seront importantes pour résoudre les questions restant ouvertes », a-t-il estimé avant l’ouverture des débats à Rome, reconnaissant que la question était difficile notamment « pour certains pays dépendant du charbon ». « C’est difficile à accepter. Nous allons avoir du mal et nous ferons de notre mieux pour convaincre les pays qui sont encore réticents ».

La veille déjà, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait à nouveau tiré la sonnette d’alarme sur le risque de « catastrophe climatique » et pointé la « responsabilité particulière » des pays du G20 – ce groupe qui comprend entre autre les Etats-Unis, l’Union européenne, mais aussi la Chine, la Russie et l’Inde, représente la plus grosse partie des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Les chefs d’Etat et de gouvernement partiront en effet pour Glasgow (Ecosse, Royaume-Uni) à peine la réunion du G20 achevée dimanche à Rome. Mais leur capacité à s’entendre ce week-end sur des engagements forts pour le climat n’est pas garantie.

Les discussions sont compliquées par l’absence à Rome de deux acteurs de poids: les présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine, qui ne participent au G20 que par visioconférence.

Une question importante est la volonté des grandes économies mondiales à s’engager pour abandonner le charbon.

La Chine, et avec elle beaucoup de pays émergents, dépend encore énormément de cette énergie fossile très émettrice de CO2, notamment pour faire tourner ses centrales électriques dans le contexte actuel de crise énergétique.

Nucléaire iranien, Afrique et pêche

Plusieurs milliers de personnes sont parallèlement attendues samedi à Rome pour plusieurs manifestations (syndicats, extrême gauche, Fridays for Future). Plus de 5.000 policiers, carabiniers et soldats ont été mobilisés, la capitale italienne sera en permanence survolée par des hélicoptères et des drones, et le quartier où se tient le sommet a été « bunkerisé ».

Les dirigeants profitent aussi de leur retour en présentiel dans une grande réunion internationale pour la première fois depuis le début de la pandémie pour multiplier les rencontres en petit comité.

Samedi après-midi, les présidents américain Joe Biden et français Emmanuel Macron, ainsi que la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson doivent notamment discuter d’une reprise des négociations sur le nucléaire avec l’Iran.

Un responsable de la Maison Blanche a dit attendre de ce rendez-vous une déclaration qui enverra un signal « d’unité » de ces quatre pays sur la question, « mais aussi posera le cadre de ce que nous pensons être la voie à suivre ».

Emmanuel Macron réunira ensuite une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernements de l’UE et de l’Union africaine pour discuter des partenariats entre les deux continents.

Et à l’heure où le torchon brûle entre Paris et Londres sur les droits de pêche en Manche, le président français rencontrera aussi dimanche matin Boris Johnson en tête-à-tête. Ce dernier a affirmé samedi qu’il « n’exclut pas » d’activer pour la première fois un outil de règlement des conflits prévu dans les accords post-Brexit avec l’UE.

Le président argentin Alberto Fernández doit pour sa part discuter de sa dette samedi avec plusieurs dirigeants européens, puis la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.

Plus largement, la dette des pays les plus pauvres ou les efforts pour vacciner la planète contre le Covid-19 sont au programme des discussions du G20 à Rome.

Les pénuries et les problèmes qui se multiplient dans la chaîne logistique mondiale, et menacent de faire dérailler le rythme de la reprise économique, se sont aussi invités au menu de dimanche.

La seule certitude d’avancée concrète pour ce sommet aux ambitions modérées concerne la fiscalité: le G20 devrait en effet entériner au plus haut niveau politique la taxation minimale mondiale à 15% sur les multinationales.

Le défi est désormais de mettre en oeuvre dans chaque pays ce dispositif, qui réduira les possibilités d’optimisation fiscale des multinationales et devrait rapporter 150 milliards d’euros de recettes supplémentaires. L’objectif affiché est 2023.

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