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La violence s’intensifie entre Israël et les groupes armés de Gaza

Le Vif

Les hostilités se sont intensifiées dimanche au deuxième jour d’une escalade entre Israël et les groupes armés de la bande de Gaza, les tirs de roquettes palestiniens et la riposte de l’Etat hébreu ayant tué quatre personnes côté israélien et 23 Palestiniens depuis samedi.

Dix-neuf Palestiniens ont été tués au cours de la seule journée de dimanche, a indiqué le ministère de la Santé dans l’enclave sous blocus, contrôlée par le mouvement islamiste Hamas.

Au deuxième jour d’un accès de fièvre qui fait craindre un nouveau conflit, les deux camps n’ont donné aucun signe de désescalade.

« Nous soutenons Israël à 100% dans la défense de ses citoyens », a tweeté dimanche soir le président américain Donald Trump. « Au peuple de Gaza – ces actes terroristes contre Israël ne vont vous apporter rien d’autre que davantage de souffrance. CESSEZ la violence et travaillez pour la paix – cela peut arriver! », a-t-il ajouté.

Peu après, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, annonçait le déploiement au Moyen-Orient du « porte-avions et groupe aéronaval USS Abraham Lincoln et d’une force de bombardiers » tout en précisant qu’il s’agissait d’un « message clair et indubitable » à l’Iran.

« Toute attaque contre les intérêts des Etats-Unis ou contre ceux de nos alliés rencontrera une force implacable », a-t-il dit dans un communiqué à l’adresse du régime iranien, sans toutefois donner davantage de détails.

A Gaza, un journaliste de l’AFP a fait état de dizaines de nouveaux tirs de roquettes dans la soirée sur le territoire israélien en provenance de l’enclave palestinienne, coincée entre Israël, Egypte et Méditerranée.

L’armée israélienne a de son côté poursuivi sans relâche ses vagues de frappes sur la bande de Gaza, visant le Hamas et le Jihad islamique, les deux principaux groupes armés de l’enclave.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné la poursuite de « frappes massives » et l’envoi de renforts militaires autour de la bande de Gaza.

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyé, a indiqué dans une déclaration dimanche soir qu’un « retour à une accalmie est possible » si Israël s’engage à observer un « cessez-le-feu total ». Sans cela, on risque « plusieurs cycles de confrontation », a-t-il ajouté.

Cette langue de terre éprouvée par les conflits, la pauvreté et l’enfermement est le théâtre d’une énième escalade des tensions depuis la guerre meurtrière de 2014 entre Israël et les groupes armés palestiniens.

Elimination ciblée

Quelque 600 roquettes ont été tirées depuis samedi de Gaza, dont 510 ont atteint le territoire israélien, et 35 sont tombées dans des zones urbaines, selon un décompte de l’armée israélienne.

L’armée israélienne a dit en retour avoir frappé plus de 320 objectifs du Hamas et du Jihad islamique à travers la bande de Gaza, et visé notamment des ateliers de fabrication de roquettes, des entrepôts d’armes, des positions et des bases militaires ainsi qu’un tunnel du Jihad islamique débouchant en Israël.

Plusieurs immeubles ont été détruits dans la ville de Gaza. Ils abritaient notamment des bureaux du Hamas et du Jihad islamique et des locaux du renseignement militaire et de la sécurité du Hamas. La Turquie a dénoncé les frappes, affirmant qu’un de ces bâtiments abritait les locaux de son agence de presse nationale Anadolu.

Sur les 19 Palestiniens tués dimanche, au moins neuf ont été identifiés comme des combattants du Hamas et du Jihad islamique.

Parmi eux figure Hamad al-Khodori, 34 ans, présenté par la branche armée du Hamas comme un de ses commandants et par l’armée israélienne comme un responsable des transferts d’argent iranien à destination du Hamas et du Jihad islamique. L’armée israélienne a ouvertement revendiqué son élimination ciblée.

Une femme enceinte et un bébé de quatre mois figurent parmi les 19 Palestiniens tués par les frappes israéliennes dimanche, a indiqué le ministère de la Santé à Gaza, l’armée israélienne se refusant à tout commentaire.

En revanche, l’armée a démenti que la mort samedi d’une fillette de 14 mois et d’une de ses tantes, d’abord présentée comme sa mère, ait été le fait d’une de ses frappes, comme l’avait annoncé le ministère gazaoui de la Santé relevant du Hamas. Une soeur de la fillette a été grièvement blessée.

Elles sont mortes par la faute d’une « roquette tirée par le Hamas et qui a explosé là où elle n’aurait pas dû », a dit un porte-parole de l’armée, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.

La branche armée du Jihad islamique a publié dimanche une vidéo montrant des activistes manipulant des roquettes et menaçant des sites clés israéliens dont l’aéroport de Tel-Aviv.

Le Hamas et le Jihad islamique ont indiqué dimanche que leurs branches armées avaient pris pour cible un véhicule de l’armée israélienne à l’aide d’un missile antichar Kornet.

M. Conricus a affirmé qu’un missile Kornet avait touché un véhicule et tué un civil israélien.

Israël a fermé les points de passage avec Gaza ainsi que la zone de pêche au large de l’enclave palestinienne soumise à un strict blocus israélien depuis plus de dix ans.

« Restaurer le calme »

Ces violences remettent en cause une trêve fragile observée depuis fin mars entre Israël et le Hamas et ses alliés, qui se sont livré trois guerres dans l’enclave depuis 2008.

Le voisin égyptien, intercesseur historique entre Israël et Palestiniens, ainsi que l’ONU s’emploient à une médiation pour faire retomber la tension, alors que le ramadan commence dans les jours à venir.

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a appelé dimanche à « une retenue maximale » et à une « désescalade immédiate ».

L’envoyé des Nations unies pour le Proche-Orient, Nickolay Mladenov, « travaille étroitement avec l’Egypte et tous ceux concernés pour restaurer le calme », selon un communiqué de l’ONU.

Soutenant « la médiation de l’ONU et de l’Egypte », le président français Emmanuel Macron a fermement condamné les « tirs de Gaza » et souligné que le cycle de la violence devait « cesser ».

De son côté, le mouvement libanais du Hezbollah a condamné « avec force l’agression sioniste barbare et continue », dénonçant dans un communiqué « le silence international et arabe ».

L’escalade intervient à Gaza alors que le gendre et conseiller de Donald Trump, Jared Kushner, a récemment promis de dévoiler son plan de paix après la fin du ramadan, qui s’achève début juin. Ses propositions ne devraient pas faire référence aux « deux Etats » pourtant au coeur de la diplomatie mondiale depuis des années.

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