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La Suède veut octroyer plus de congé parental aux pères, un modèle pour la Belgique ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

La Suède est réputée pour sa politique en faveur d’un congé parental souple et étendu. Le temps alloué aux parents, pour s’occuper de leurs enfants, atteint des records : il est de maximum 16 mois et devrait bientôt être prolongé pour les pères. Un modèle à suivre pour la Belgique ?

La Suède est le premier pays d’Europe à avoir instauré le congé parental, c’était en 1974, une ambition du gouvernement de l’époque de responsabiliser les parents et de veiller à la solidité des piliers familiaux. Le congé spécialement réservé aux pères remonte, lui, à 1995. Le pays scandinave fait aussi très attention à l’égalité homme-femme dans le monde du travail.

La durée du congé parental est actuellement de 16 mois maximum. Jusqu’à présent, les parents pouvaient chacun obtenir deux mois de congé avant de se répartir les douze derniers selon leurs souhaits. La Suède désire désormais aller plus loin. Dès 2016, elle désire instaurer un troisième mois de congé réservé uniquement aux pères et non transférable à la mère. « Nous savons que ce troisième mois est un élément clef pour atteindre une plus grande égalité », assure Annika Strandhäll, ministre de la sécurité sociale.

Et ce mois supplémentaire sera à prendre ou à laisser. La réforme obligera ainsi les parents à prendre chacun trois mois de congés. Les dix mois restants étant, comme par le passé, répartis entre les deux conjoints. Pour motiver les pères à en profiter, ces trois mois de congés seraient perdus s’il ne sont pas pris, la mère ne pouvant pas les récupérer. Le projet de loi devrait être présenté au parlement suédois à l’automne. Il devrait être validé grâce au soutien des partis libéraux et de gauche.

Niveau financier, car c’est bien là le nerf de la guerre, les parents en arrêt de travail complet touchent 80% de leur salaire durant 13 mois avec un plafond de 4000 euros, détaille Le Figaro. Les trois mois restants sont rémunérés à un taux fixe de 180 couronnes suédoises, soit environ 21 euros par jour. Le congé peut être utilisé à n’importe quelle période, avant le huitième anniversaire de l’enfant.

« Une génération de petits cons ? »

Des conditions plus souples et étendues que celles actuellement en vigueur en Belgique où les deux parents ont droit chacun à 4 mois selon différentes modalités: une interruption totale de l’activité durant quatre mois, un mi-temps durant huit mois ou une reprise à 80% pendant vingt mois.

Le modèle suédois est encensé de par le monde, et selon les données d’Eurostat, les Suédois sont considérés comme « les plus heureux d’Europe », avec leurs voisins nordiques. Son succès démontre, selon Bart Eeckhout, éditorialiste du Morgen. qu' »un état providence avec une sécurité sociale forte et performante favorise bel et bien le bien-être de ses citoyens« . Il y voit un exemple à suivre pour la coalition suédoise, la belge cette fois, en plaidant pour une sécurité sociale plus transparente.

Mais d’un autre côté, le modèle éducatif suédois est aussi pointé du doigt. Cette politique centrée sur les enfants et le manque de sévérité de leurs parents a, selon le psychiatre David Eberhard, fait d’eux des enfants-rois instables, prétentieux, aux tendances dépressives. Dans son essai « Comment les enfants ont pris le pouvoir » publié en 2012, il explique comment les petits suédois ont pris le contrôle sur la vie de leur famille : heure du coucher, menu des repas, lieu de vacances… C’est également le point de vue de Judith Woods, journaliste au Telegraph, qui pense que la Suède est en train de former « une génération de petits cons ».

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