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La stratégie de vaccination de Biden inquiète l’Europe

Kamiel Vermeylen Journaliste Knack.be

Jeudi dernier, le sommet européen a accueilli un invité de marque. Pour la première fois depuis Barack Obama en 2014, un président américain a pris place au sommet – cette fois virtuel – des chefs d’État et de gouvernement européens. Après les quatre années agitées sous Donald Trump, le nouveau chef d’État américain Joe Biden et l’Union européenne veulent aplanir les difficultés et rétablir les liens.

Ce ne sera pas une sinécure. Sous Biden, les États-Unis se tourneront encore plus résolument vers la Chine. L’Union doit donc continuer à réfléchir à la manière dont elle peut mieux se défendre sans pour autant brusquer les relations transatlantiques. En outre, sans surprise, la nouvelle administration américaine est également opposée au gazoduc controversé Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne. « Ce projet va à l’encontre des intérêts américains et européens », a déclaré le tout nouveau secrétaire d’État des États-Unis, Anthony Blinken, à la chaîne d’information Euronews.

Vaccins

La question la plus épineuse, cependant, est celle des très convoités vaccins contre le covid-19. Comme le Royaume-Uni, les États-Unis n’exportent pas de vaccins vers l’Union européenne. Suite au « Defense Production Act » et à l’opération Warp Speed, Washington veille à ce que les vaccins produits sur le sol américain parviennent uniquement aux habitants des États-Unis. Cela explique la campagne de vaccination rapide et l’ambition de Biden d’administrer 200 millions de vaccins au cours des 100 premiers jours de son mandat.

Le protectionnisme américain, cependant, provoque une certaine nervosité dans l’Union européenne. Certains fabricants, comme Johnson & Johnson, produisent les substances de leurs vaccins sur le sol européen, mais les finalisent de l’autre côté de l’Atlantique. L’Union craint que les Etats-Unis gardent pour eux les vaccins destinés aux États membres européens.

Auparavant, Biden avait déclaré qu’aucun vaccin ne serait exporté des États-Unis tant que l’ensemble de la population américaine n’aurait pas été vacciné. Biden semble sérieux. Ainsi, le New York Times a rapporté il y a quelques semaines que 30 millions de vaccins AstraZeneca destinés à l’Union restaient sur le sol américain, alors qu’AstraZeneca n’avait pas encore reçu l’autorisation des autorités sanitaires américaines à ce moment-là.

« Pas de garanties »

Lors du sommet européen de jeudi soir, la question a été brièvement évoquée. Tant Biden que les chefs d’État et de gouvernements européens ont déclaré en termes assez généraux leur soutien au principe du libre-échange et se sont prononcés contre le protectionnisme. Cependant, « nous n’avons pas obtenu de garanties fermes », a constaté après coup le Premier ministre belge Alexander De Croo (Open VLD). Lors de la réunion entre la ministre des Affaires étrangères Sophie Wilmès (MR) et Blinken, la question n’a pas non plus été abordée sur le fond. La Commission européenne doit continuer à discuter de cette question avec ses homologues américains.

Ces prochaines semaines, le dossier pourrait conduire à des tensions entre l’UE et les États-Unis, que l’Union connaît également aujourd’hui avec AstraZeneca et le Royaume-Uni. En effet, les premières livraisons de Johnson&Johnson sont prévues pour la troisième semaine d’avril. La semaine dernière, l’Union a souligné qu’elle mettra en place des restrictions à l’exportation si les producteurs ne sont pas en mesure d’assurer leurs livraisons en raison d’actions menées par d’autres pays.

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