Johnny Hallyday en 1968. © Belga

La France sonnée après la mort du monument national Johnny Hallyday

Le Vif

La France était sous le choc mercredi après la mort à 74 ans du chanteur Johnny Hallyday, véritable monument national qui a accompagné des générations de Français.

Annoncée dans la nuit à l’AFP par l’épouse du chanteur, la mort de cet « Elvis français » a cueilli à froid le pays, entre douleur, incrédulité et émotion.

« Ce qui est dur c’est qu’on avait l’impression qu’il était invincible », a réagi Emmanuel Macron depuis Alger, saluant un « héros français ». Le palais présidentiel a dit « consulter » la famille sur un possible hommage national au chanteur emporté par le cancer.

Radios et télés tournent en émission spéciale depuis l’aube et plus de 70.000 messages par minute sont diffusés en hommage à celui qu’on appelle « Johnny » sur l’ensemble des réseaux sociaux.

« Je suis très ému… Je n’arrive pas à travailler », explique à l’AFP Toni Meunier, 58 ans, cordonnier à Sedan (est) et fan de Johnny.

« Lien affectif »

« On est sonnés. Johnny a eu le temps de faire l’unanimité (…). Il a réussi à créer un lien affectif au-delà de l’appréciation de son art. Tout le monde perd un proche », a réagi le comédien Pierre Palmade pour l’AFP, traduisant un sentiment largement partagé en France: fan ou pas, tous les Français ou presque connaissent Johnny, ses chansons, son timbre de voix, son accent. Il faisait partie de la psyché française.

La France sonnée après la mort du monument national Johnny Hallyday
© Isopix

« Il aura été la bande-son de plusieurs générations », écrit Le Monde dans un supplément spécial, où le sociologue Jean-Louis Fabiani explique: « Johnny, c’était la France (…) Il reste incompréhensible en dehors de la culture française, qu’il a fini par incarner ».

« Tout le monde aimait Johnny au moins un peu(…) Il n’y a pas d’autre icône comme Johnny en France », déclare à l’AFP Georges Fratello, un barman de 37 ans, rencontré dans les rues de Paris.

« Il était un géant du show-business… une véritable légende! », a tweeté la superstar québécoise Céline Dion.

« Frappé douleureusement », un autre titan de chanson francophone, Charles Aznavour est sorti de sa réserve habituelle pour rendre hommage à celui qu’il avait aidé à décoller au début des années 60, en écrivant pour lui l’une de ses plus belles chansons, « Retiens la nuit ».

« Allumer le feu », « Les portes du pénitencier », « Gabrielle », « Marie »… Ces chansons ont résonné aux oreilles de tous.

La « rockstar » à également eu une carrière d’acteur, dont Jean-Luc Godard a donné toute l’épaisseur dans « Détective » (1985).

« Patrimoine français »

« Il fait partie du patrimoine français », estime Patrice Durand, 50 ans, interrogé dans les rues de Paris. « Je n’ai jamais acheté d’album mais j’ai grandi avec lui », ajoute Silvie Rahmouni, 64 ans. « C’est un symbole de la France ».

Les Français ont souvent l’impression d’avoir perdu un membre de leur « famille », comme le souligne Grégory Lebas, un fan de 33 ans venu dès 06h30 (05h30 GMT) rejoindre la cohorte d’admirateurs en deuil devant le domicile du chanteur à Marnes-la-Coquette, une banlieue huppée de Paris.

T-shirt de Johnny Hallyday sur le dos, José Albine ose la comparaison, la voix brisée par l’émotion: « Je le mets au niveau de la tour Eiffel ».

« La dernière idole de la France s’en va », écrit le quotidien Le Figaro. « Mort d’un monstre sacré », titrent Les Echos.

« Même s’il était peu connu en dehors de la France, M. Hallyday a vendu plus de 100 millions d’albums », explique le New York Times dans un long article sur le « Elvis Presley de la France ». « El Elvis francés », titre de son côté le quotidien espagnol El Pais.

Dans le métro bruxellois

L’émotion est également vive en Belgique: le « plus belge des Français », comme il a été surnommé, était en effet au civil Jean-Philippe Smet, du nom de son père belge, qui l’avait abandonné après sa naissance en France. Johnny avait tenté en vain d’acquérir la nationalité belge avant de finalement renoncer.

Ses chansons sont ainsi diffusées dans le métro bruxellois ce mercredi.

« Ce matin, nous avons tous une chanson de Johnny qui nous vient directement en tête », a tweeté le Premier ministre belge Charles Michel.

« J’ai vécu Johnny pendant 57 ans, mes enfants s’appellent Johnny et Sylvie, je suis effondrée », témoigne en larmes Nadine Kerwyn, fan belge inconditionnelle.

Au fil d’une vie menée à fond de train, avec ses excès, ses amours tempétueuses, ses maisons en Suisse et aux Etats-Unis sur fond d’accusation d’exil fiscal, « Johnny » était devenu plus qu’un artiste.

La France sonnée après la mort du monument national Johnny Hallyday
© Isopix

Il avait annoncé début mars être atteint d’un cancer des poumons qui l’aura terrassé en un an. Le rocker avait pourtant déjà tutoyé la mort, lors de sa tentative de suicide en 1966 puis quand plongea plusieurs jours dans le coma en 2009 en raison de complications post-opératoires.

Johnny Hallyday s’est battu jusqu’au bout, comme quand il est monté sur scène – parfois difficilement – , en juin et juillet, avec ses copains Jacques Dutronc et Eddy Mitchell. Pour « rester vivant », comme s’intitulait sa dernière tournée (2015-2016), cette « bête de scène » travaillait aussi à un nouvel album.

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