Leonard She Okitundu, ministre congolais des Affaires étrangères. © AFP

Kinshasa confirme préparer des « mesures de réciprocité » après les sanctions de l’UE

Le ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, a confirmé lundi que Kinshasa riposterait aux sanctions prises par l’Union européenne contre des responsables congolais, au nom de la « réciprocité », mais en utilisant un ton modéré, sans désigner aucun pays en particulier – comme la Belgique.

Le chef de la diplomatie congolaise a averti, devant l’Assemblée nationale (chambre basse du parlement congolais), que si l’UE ne retire pas ses sanctions après la demande qui sera formulée par le gouvernement congolais, Kinshasa sera obligée de prendre des mesures de réciprocité.

« La réciprocité est un principe qui gouverne les relations interétatiques. Si la RDC ne réagit pas contre ce que nous considérons comme une violation des droits fondamentaux, en ce moment-là, il faut faire la génuflexion devant l’Union européenne. C’est une situation que je ne saurai en aucun cas accepter », a déclaré M. Okitundu devant les députés.

Il a expliqué que Kinshasa n’a pas immédiatement réagi à ces sanctions pour éviter une réaction dictée par l’émotion.

« Nous avons mis du temps (…) parce qu’on ne veut pas réagir sous le coup de l’émotion. Il faut une réponse raisonnée. Et nous prenons du temps. Et qu’on ne prenne pas notre silence comme une position de faiblesse. La réponse viendra », a souligné le ministre congolais.

M. Okitundu a évoqué une réaction « concertée sur le plan national », soutenant que c’est « la RDC qui a été attaquée ».

« C’est le gouvernement de la République qui a été attaqué. C’est la RDC qui a été attaquée. Nous devons réagir en conséquence. Nous voulons une réponse qui soit vraiment concertée sur le plan national. C’est pour cette raison qu’il était important qu’on vienne en discuter ici avec la représentation nationale », a-t-il dit aux députés.

L’UE a annoncé le 29 mai des sanctions contre des responsables congolais qu’elle accuse d’agir contre la décrispation politique en République démocratique du Congo, conformément aux prescrits de l’accord de partage du pouvoir conclu le 31 décembre 2016, mais non intégralement appliqué.

Les noms du vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, Emmanuel Shadary, et de son prédécesseur, Evariste Boshab, figurent en tête de cette liste où l’on retrouve aussi le gouverneur – déchu puis rétabli dans ses fonctions par la Cour constitutionnelle – de la province du Haut-Katanga, Jean-Claude Kazembe, et son homologue du Kasaï central, Alex Kande.

Sont aussi visés deux militaires de haut rang, les généraux Eric Ruhorimbere et Muhindo Akili Mundos, ainsi que le chef de milice Gédéon Kyungu, et le directeur de l’Agence nationale du renseignement (ANR), Kalev Mutond, pour les mêmes motifs.

Le ministre de la Communication, Lambert Mende Omalanga, qui est également porte-parole du gouvernement, est en revanche listé en tant que « responsable de la politique répressive menée envers les médias en RDC, politique qui viole le droit à la liberté d’expression et d’information et compromet une solution consensuelle et pacifique en vue de la tenue d’élections », selon un communiqué.

Ces neuf personnes sont notamment frappées de gel de leurs avoirs en Europe et d’une interdiction d’entrée dans l’UE.

Les neuf intéressés rejoignent sept autres hauts responsables de l’armée, de la police et de l’administration congolaises déjà sanctionnés de manière similaire le 12 décembre dernier par l’UE.

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