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Israël/Hamas: une semaine après le cessez-le-feu, où en est-on?

Le Vif

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a bouclé une tournée au Proche-Orient visant à consolider le cessez-le-feu obtenu après 11 jours de conflit entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza.

Depuis l’entrée en vigueur de la trêve le 21 mai, les frappes israéliennes sur Gaza et les tirs de roquettes depuis l’enclave palestinienne vers Israël se sont arrêtés, alors que les efforts diplomatiques se sont intensifiés pour assurer un calme durable.

« Si le Hamas rompt le calme et attaque Israël, notre réponse sera très puissante », a prévenu mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

« Si le monde ne veut pas que tout explose de nouveau, il faut que le monde oblige l’occupation à respecter les décisions internationales », a dit mercredi le chef du bureau politique du Hamas à Gaza, Yahya Sinouar.

Depuis 1967, Israël occupe la Cisjordanie, un territoire palestinien où habitent plus de 2,8 millions de Palestiniens, de même que le secteur oriental et palestinien de Jérusalem. L’armée israélienne s’est retirée en 2005 de Gaza après près de 40 ans d’occupation et impose un blocus à l’enclave pauvre de deux millions d’habitants depuis près de 15 ans.

Après ce quatrième conflit entre le Hamas et Israël depuis 2008, la rupture du cessez-le-feu paraît improbable, selon Jamal al-Fadi, professeur de sciences politiques à Gaza, qui pointe « les dommages politiques, économiques et moraux » qu’une nouvelle guerre engendrerait.

– Où en est l’aide pour Gaza? –

L’enclave a été en partie ravagée par les bombardements israéliens: de nombreux bâtiments ont été pulvérisés, les réseaux d’électricité et d’eau endommagés et des centres médicaux et écoles touchés. Des dizaines de camions d’aide internationale ont afflué à Gaza par les terminaux israélien et égyptien.

L’ONU a lancé jeudi un appel international pour réunir 95 millions de dollars (environ 78 millions d’euros) d’aide aux Palestiniens à Gaza comme en Cisjordanie, après avoir déjà débloqué 18 millions de dollars (15 millions d’euros) d’aide pendant le conflit.

Mardi, M. Blinken a dit vouloir débloquer une aide urgente de 5,5 millions de dollars (4,4 millions d’euros) pour Gaza, en plus de 75 millions de dollars (environ 61 millions d’euros) d’aide au développement économique destinée aux Palestiniens en général. Ces aides doivent encore être validées par le Congrès.

Le Qatar a annoncé une aide de 500 millions de dollars (environ 410 millions d’euros).

Israël accuse le Hamas de détourner l’aide à des fins militaires et souhaite un « mécanisme » international de contrôle des aides.

– Que peut-on espérer de la diplomatie? –

Pour consolider la trêve, l’Egypte, principal médiateur, souhaite organiser au Caire une réunion inédite avec le Hamas, Israël et l’Autorité palestinienne, selon des médias israéliens. Le Caire n’a pas confirmé dans l’immédiat.

La tournée de M. Blinken, qui s’est rendu cette semaine à Jérusalem, Ramallah, Amman et au Caire, a marqué un réchauffement dans les relations avec les Palestiniens, mises à mal par l’administration de Donald Trump. M. Blinken a dit vouloir rouvrir le consulat à Jérusalem qui s’occupait des affaires palestiniennes jusqu’à sa fermeture en 2019.

Il a estimé que la solution à deux Etats, israélien et palestinien, restait la seule option pour régler le conflit israélo-palestinien, alors que le processus de paix est suspendu depuis 2014.

Jeudi, le roi de Jordanie Abdallah II et le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, ont appelé à une coopération régionale et internationale pour relancer le processus de paix.

Mais pour Ephraïm Inbar, directeur du Jerusalem Institute for Strategy and Security, « Israël n’est pas prêt à revenir aux frontières de 1967 », ce qu’exigent les Palestiniens dans les négociations.

– Quelles préoccupations immédiates? –

Israël et le Hamas ont tous deux revendiqué la victoire après un conflit dans lequel 254 Palestiniens ont été tués à Gaza, dont 66 enfants et des combattants selon les autorités locales, et 12 personnes en Israël, dont un enfant et une adolescente ainsi qu’un soldat, selon la police.

« Il ne fait pas de doute que le Hamas se sent fort (…) et veut saisir toutes les opportunités pour se renforcer davantage », « en profitant de la faiblesse de l’Autorité palestinienne » basée en Cisjordanie et rivale du mouvement islamiste, estime M. al-Fadi.

En Israël, en proie à une crise politique, le principal opposant à M. Netanyahu a jusqu’au 2 juin pour former un gouvernement.

« La guerre à Gaza n’a eu qu’une influence temporaire sur la politique intérieure, la guerre est terminée (…) », explique Ephraïm Inbar, pour qui l’une des raisons pour lesquelles le Hamas a tiré des roquettes vers Israël est « l’image de faiblesse qu’Israël a en raison de la crise politique qui invite à l’agression ».

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